Le Conseil des mosquées du Rhône dénonce un «apartheid bancaire»

La mosquée Et-Tawba dans le quartier "La Duchère" de Lyon. (Photo d'illustration, AFP)
La mosquée Et-Tawba dans le quartier "La Duchère" de Lyon. (Photo d'illustration, AFP)
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Publié le Mercredi 08 juin 2022

Le Conseil des mosquées du Rhône dénonce un «apartheid bancaire»

  • Dans le secteur du Rhône, «des dizaines de mosquées en pleine construction (ou extension) ont subi la fermeture de leurs comptes bancaires», indique Kamel Kabtane, président du conseil des Mosquées du Rhône (CMR)
  • «On ne peut pas continuer à mettre les Français musulmans au ban de la société et en même temps les taxer de séparatisme», s'insurge de son côté Kamel Kabtane

LYON: Le Conseil des mosquées du Rhône dénonce la fermeture des comptes de dizaines d'institutions musulmanes du département et de leurs "bienfaiteurs", évoquant un "apartheid bancaire" qui dure selon lui depuis plusieurs années.

Dans le secteur du Rhône, "des dizaines de mosquées en pleine construction (ou extension) ont subi la fermeture de leurs comptes bancaires", indique Kamel Kabtane, président du conseil des Mosquées du Rhône (CMR), dans un communiqué publié en début de semaine.

M. Kabtane cite notamment les cas de celles de la Croix-Rousse à Lyon, ainsi que celles de Villeurbanne, ou encore de Décines-Charpieu, dans la métropole lyonnaise.

En outre, ajoute-t-il, "des fermetures massives de comptes bancaires de particuliers ayant participé à la construction de mosquées ont été observées récemment dans les filiales de certaines banques, sans justification aucune".

Le recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne, Azzedine Gaci, confirme à l'AFP que cette situation "dure depuis plusieurs années. Cinq ans, au moins", si bien que "cela paralyse complètement les travaux et la vie générale des mosquées".

Selon lui, "toutes les banques sont concernées", "notamment La Poste et BNP-Paribas".

"Aucun motif n’a été donné par les banques au moment de la fermeture des comptes", ajoute Azzedine Gaci, qui soupçonne toutefois l'oeuvre de Tracfin, l'agence gouvernementale qui a mission de lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme ou du banditisme.

Déjà en novembre dernier, M. Kabtane s'inquiétait de la fermeture de nombreux comptes, soupçonnant les importantes quantités d’argent liquide déposées chaque mois sur ces comptes - selon lui pour financer des travaux - d'en être à l'origine.

"Il s’agit en tout cas de mesures discriminatoires", juge Azzedine Gaci.

"On ne peut pas continuer à mettre les Français musulmans au ban de la société et en même temps les taxer de séparatisme", s'insurge de son côté Kamel Kabtane, lançant au nom du CMR "un appel au président (...) pour que cesse cette ignominie juridique qui prive des institutions cultuelles et des citoyens français de leurs droits fondamentaux".

Contactée par l'AFP, BNP-Paribas ne souhaite pas commenter "les situations individuelles" de ses clients, mais assure que "chaque situation est étudiée en matière de connaissance des clients, dans le respect des obligations réglementaires".

Dans le même esprit, la Banque Postale dit, elle "se réserver la possibilité de clôturer des comptes d’associations afin d’être conforme à ses obligations réglementaires".

"Ces mesures ne sont pas prises à la demande des pouvoirs publics", mais "à l’initiative des banques dans le cadre de leur vigilance en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme", a réagi le ministère des Finances dans une déclaration transmise à l'AFP.

Bercy précise toutefois que des fermetures de comptes "peuvent toutefois être entachées d'erreurs d'appréciation" qui les rendraient "tout à fait injustifiées".

Un "dialogue" a été entamé entre le ministère de l'Intérieur, le ministère des Finances et les parties prenantes pour "appeler les banques à trouver des solutions amiables avec les associations concernées", ajoute encore Bercy.

Le ministère rappelle que les personnes et associations ont d'ores et déjà la possibilité de faire jouer leur "droit au compte", par lequel la Banque de France désigne un opérateur qui sera contraint de leur ouvrir un compte bancaire.

Par ailleurs, une source proche du dossier place Beauvau a indiqué que "le ministère de l’Intérieur soutient M. Kabtane dans sa démarche".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.