Comment les chrétiens coptes d’Égypte ont sillonné le monde, tout en restant attachés à leur culture

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Des proches pleurent vingt chrétiens coptes orthodoxes décapités par des extrémistes de Daech en Libye en 2015, puis rapatriés en Égypte en mai 2015. (AFP)
Des proches pleurent vingt chrétiens coptes orthodoxes décapités par des extrémistes de Daech en Libye en 2015, puis rapatriés en Égypte en mai 2015. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 juin 2022

Comment les chrétiens coptes d’Égypte ont sillonné le monde, tout en restant attachés à leur culture

  • Comme de nombreux coptes se sont convertis à l’islam, en partie pour éviter les taxes de plus en plus onéreuses imposées aux non-musulmans, l’utilisation de la langue s’est progressivement érodée
  • Les coptes nés sur un sol étranger après l’émigration de leurs parents à la recherche d’une vie meilleure gardent cependant des liens étroits avec l’Égypte et sa culture

LONDRES: Les chrétiens coptes en Égypte et dans les communautés de migrants dispersées à travers le monde ont célébré mercredi «l’entrée du Seigneur en Égypte», un jour de fête annuel. Cette célébration est suivie de la sainte fête de l’Ascension qui commémore la montée de Jésus au ciel.

Les deux jours de fête consécutifs résument en quelque sorte l’expérience copte. L’un marque leur fierté profondément enracinée dans un héritage égyptien qui précède l’arrivée de l’islam, tandis que l’autre célèbre la valeur spirituelle du sacrifice de soi, qui définit l’expérience d’une église forgée dans le martyre peu après la mort du Christ sur la croix.

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Détails intérieurs de l’église copte Saint-Georges du Caire en Égypte. (Shutterstock)

En avril, les chrétiens d’Égypte ont célébré deux autres journées spéciales consécutives.
Les orthodoxes ont fêté Pâques le 24 avril, une date fixée par le calendrier julien sous lequel l’Église d’Alexandrie opère, plutôt que par le calendrier grégorien utilisé par le reste du christianisme duquel les coptes se sont éloignés, en raison de différences théologiques au Ve  siècle.
Mais le lendemain, avec les Égyptiens de toutes confessions, les coptes ont célébré la fête nationale de Sham el-Nessim. Les origines de cette fête du printemps remontent à des millénaires, à l’époque des pharaons et, comme pour les coptes eux-mêmes, la tradition a survécu à l’arabisation de l'Égypte au VIIe siècle, et fait partie intégrante de la société égyptienne.

Il y a de nombreux coptes à travers le monde. Certains sont désormais de deuxième – voire de troisième – génération. Ils sont nés sur un sol étranger après l’émigration de leurs parents à la recherche d’une vie meilleure, mais gardent cependant des liens étroits avec l’Égypte et sa culture.

La vie et l’œuvre de Fadi Mikhail, un artiste à succès au Royaume-Uni, symbolisent les générations nées à l’étranger de parents immigrés, mais qui entretiennent des liens étroits avec leur héritage égyptien et copte.

Les parents de M. Mikhail, Hany et Salwa, ont émigré d’Égypte à la fin des années 1970. Son père a poursuivi sa carrière de médecin au Royaume-Uni. «Il n’a pu résister à la promesse d’un salaire plus élevé et d’une vie meilleure», déclare M. Mikhail.

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L’artiste copte d’origine britannique, Fadi Mikhail, a suivi une formation à Los Angeles auprès du célèbre iconographe égyptien Isaac Fanous. (Photo fournie)

Né à Harlow, en Angleterre, en 1984, M. Mikhail a suivi une formation à Los Angeles auprès du célèbre iconographe égyptien Isaac Fanous, avant d’être diplômé de la Slade School of Fine Art de Londres. Aujourd’hui, il crée des icônes pour les églises coptes du monde entier, mais son art est un pont visuel entre l’Orient et l’Occident. Il s’est également lancé dans l’art de la peinture à l’huile dans la tradition occidentale, créant des paysages ou s’inspirant de livres qu’il appréciait quand il était enfant.
    
Ses œuvres sont exposées dans des galeries britanniques où de notables mécènes, dont le prince de Galles, ont passé des commandes.

M. Mikhail et sa femme ne retournent en Égypte que pour d’occasionnelles vacances annuelles. Mais, comme la plupart des coptes dispersés à travers le monde, il explique: «À travers l’église, je me sens toujours fortement lié à la foi copte et, par extension, à l’Égypte.»

Son intérêt pour l’iconographie «a certes commencé comme un lien religieux, mais est devenu plus récemment une partie de mon identité en tant qu’Égyptien».

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Une des peintures à l’huile de Fadi Mikhail, The Swallows Chasing the Amazons. (Photo fournie)

La génération de ses parents, dit-il, «était particulièrement solide en tant que communauté. Ils s’étaient regroupés en tant qu’immigrants récents, souhaitant conserver autant que possible la culture égyptienne. La foi en faisait partie intégrante».

Il concède qu’au sein des deuxième et troisième générations, la communauté copte au Royaume-Uni connaît certainement des défis d’identité. Elle lutte pour se sentir aussi inébranlable dans son «égyptianité» que les parents. «Pratiquer sa foi dans une Église d’Occident – où la pensée occidentale est bien entendu plus libérale –, tout en restant en communion avec l’Église d’Orient, qui est considérablement plus conservatrice, est difficile.

«Cependant, je pense que nous avons eu beaucoup de chance avec la sagesse de nos dirigeants ici au Royaume-Uni et, à ce jour, je dirais qu’ils ont fait preuve de sagesse et d’habileté.»

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La Glaubenskirche à Berlin, en Allemagne est une ancienne église luthérienne qui appartient depuis 1998 à l’Église copte. Elle est en train d’être transformée en résidence épiscopale copte. (Shutterstock)

Partout où les coptes émigrés se sont enracinés, leurs communautés et leur église ont prospéré. En plus des quinze millions de Coptes en Égypte – environ 10% de la population –, on pense qu’il y a aujourd’hui plus de deux millions de personnes qui vivent à l'étranger, principalement aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Europe. Ils constituent une communauté principalement riche et instruite. On compte parmi eux de nombreux médecins et ingénieurs.

La première paroisse copte en Amérique du Nord, Saint-Marc, a vu le jour à Toronto en 1964. Peu de temps après, la paroisse Saint-Marc dans le New Jersey a été fondée à la fin des années 1960, et la première église copte est née en Occident.

Mais l’une des plus anciennes communautés coptes à l’étranger date des années 1950 au Royaume-Uni. La première liturgie copte en Europe s’est tenue à Londres le 10 août 1954. La communauté a été fondée en grande partie par des coptes qui ont étudié la médecine et se sont installés en Grande-Bretagne pour poursuivre leur carrière sans les plafonds de verre imposés en Égypte.

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La reine Elizabeth II rencontre le pape Tawadros II et l’évêque Angaelos de l’Église copte lors d’un entretien privé au château de Windsor le 9 mai 2017 à Windsor, au Royaume-Uni. (Image Getty)

En 1978, le pape copte Chenouda III s’est rendu au Royaume-Uni depuis l’Égypte pour inaugurer l’église copte orthodoxe Saint-Marc à Kensington, Londres, la première en Europe. Depuis, l’église du Royaume-Uni n’a cessé de se renforcer, avec plus de 20 000 fidèles répartis au sein de trente-deux paroisses. En 2002, Chenouda est revenu pour poser la première pierre de la cathédrale Saint-Georges, inaugurée dans la ville de Stevenage, dans le Hertfordshire, en Angleterre, en 2006.

Le chef de l’église au Royaume-Uni est l’archevêque Anba Angaelos, dont l’histoire personnelle fait écho à bien des égards à celle de tant de coptes. Il est né au Caire en 1967. Enfant, il émigre en Australie avec sa famille. Il y décroche un diplôme en sciences politiques, philosophie et sociologie et, en 1990, après des études supérieures de droit, il retourne en Égypte où il devient moine et rejoint le monastère historique de Saint-Bishoy à Wadi el-Natroum.

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Une vue sur le monastère historique égyptien de Saint-Bishoy à Wadi el-Natroum, au Caire. (Shutterstock)

En 1995, il est envoyé au Royaume-Uni en tant que curé. Quatre ans plus tard, il est nommé évêque général de l’Église copte orthodoxe et, le 18 novembre 2017, il est intronisé premier archevêque copte orthodoxe de Londres.

Les icônes de la cathédrale Saint-Georges ont été peintes par Fadi Mikhail dans le style copte moderne défendu par son professeur Isaac Fanous.

Les coptes qui vivent à l’étranger, déclare l’archevêque Angaelos, «ne nous considèrent pas comme une communauté de la diaspora qui a été persécutée et s’est dispersée. Nous sommes une communauté de migrants – des gens qui sont partis à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et leurs enfants et qui maintiennent toujours des liens avec l’Égypte».

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Le pape copte orthodoxe Tawadros II (à gauche) célèbre la messe de Pâques à la cathédrale Saint-Marc du Caire, en Égypte, le 11 avril 2015. (Agence Anadolu/Image Getty)

Les chrétiens coptes d’Égypte peuvent prétendre être, à juste titre, les premiers Égyptiens, les gardiens d’une langue autrefois parlée par les pharaons et les gardiens d’une foi forgée dans l’épreuve.

«Nous sommes un peuple autochtone. Je peux retracer mon héritage en tant que chrétien jusqu’à Saint-Marc, qui a établi le christianisme en Égypte et, encore plus loin, jusqu’à mes anciennes racines égyptiennes», précise l’archevêque.

Selon les Écritures, Marie et Joseph ont cherché refuge en Égypte avec l’enfant Jésus pour échapper au massacre par le roi Hérode de tous les enfants de sexe masculin âgés de deux ans ou moins à Bethléem. Une génération plus tard, c’est dans l’antique cité égyptienne d’Alexandrie que Marc l’Évangéliste fonde l’église qui deviendra l’un des cinq grands sièges épiscopaux de la chrétienté primitive, aux côtés de Constantinople, Antioche, Jérusalem et Rome.

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Le patriarche et les prêtres coptes célèbrent la messe le vendredi saint orthodoxe, dans l’église du Saint-Sépulcre de la vieille ville de Jérusalem, le 30 avril 2021. (Shutterstock)

Les coptes n’ont pas toujours été bien accueillis en Égypte. Sous la domination romaine, les chrétiens de tout l’empire ont été persécutés pendant des siècles. Saint-Marc lui-même a été assassiné et martyrisé par une foule païenne dans les rues d’Alexandrie en 68 après J.-C. et des centaines de chrétiens sont morts en Égypte sous le règne de l’empereur Dioclétien.

Connues sous le nom de «persécution de Dioclétien», les répercussions de l’époque étaient si importantes que les années du calendrier liturgique utilisé par l’Église copte orthodoxe sont comptées à partir de 284 après J.-C., début du règne de Dioclétien. Pour les coptes, les années ne sont pas étiquetées A.D. (Anno Domini, «l’année de notre Seigneur»), mais AM pour Anno Martyrum, «année des martyrs».

Avec la montée de l’islam au VIIe siècle, les coptes ont dû faire face à de nouveaux défis en matière de foi et de langue ancienne – dérivée de l’ancienne langue égyptienne. Comme de nombreux coptes se sont convertis à l’islam, en partie pour éviter les taxes de plus en plus onéreuses imposées aux non-musulmans, l’utilisation de la langue s’est progressivement érodée et ne survit plus que dans les monastères et les liturgies de l’Église copte.

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Le chef religieux musulman, cheikh Mohammed Goma (centre gauche), félicite le pape Tawadros II lors de sa cérémonie d’intronisation en tant que chef de l’église chrétienne copte d’Égypte au Caire le 18 novembre 2012. Chrétiens et musulmans vivaient côte à côte en harmonie en Égypte à travers des périodes de grands troubles. (AFP)

Les coptes ont courageusement réussi à surmonter ces obstacles pendant de nombreux siècles, à travers des périodes de grands troubles et d’autres durant lesquelles chrétiens et musulmans ont vécu côte à côte en harmonie en Égypte.

Au XXe siècle, cependant, des bouleversements sociaux, économiques et politiques – aggravés par la politique britannique qui divise pour mieux régner en Égypte et aboutit au coup d’État des «officiers libres» de 1952 et aux réformes panarabes du président Gamal Abdel Nasser – ont poussé les coptes à émigrer en quête d’une vie meilleure en Occident.

Même avant la révolution, «les coptes étaient lentement chassés de la politique égyptienne», déclare Michael Akladios, fondateur et directeur d’Egypt Migrations, un projet culturel et d’archives copte mis en place au Canada en 2016 pour préserver les histoires des migrants égyptiens.

«Immédiatement après la révolution, les diplômés coptes ont commencé à émigrer, se rendant au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis, parce qu’ils se heurtaient à des plafonds de verre dans les écoles et les professions.»

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Vue sur le monastère Saint-Simon le Tanneur, une ancienne église copte au Caire, en Égypte. (Shutterstock)

M. Akladios déclare que c’est une erreur d’attribuer toute l’émigration copte d’Égypte à la peur ou à la persécution. Sa propre famille a émigré au Canada quand il avait huit ans, rejoignant ses tantes et oncles paternels qui s’étaient déjà installés à Toronto. Cette démarche repose sur des considérations économiques.

«Certes, la persécution fait partie des motivations. Mais les coptes ne se limitent pas à leurs églises; ce sont aussi des êtres humains avec des besoins et des familles. Ils prennent des décisions en tant que migrants pragmatiques comme n’importe qui d’autre», souligne-t-il.

Pour les coptes en Égypte et à l’étranger, explique l’archevêque Angaelos, «il existe toujours des défis, le plus important étant que chrétiens et musulmans coexistent de manière beaucoup plus harmonieuse au cours de la dernière décennie».

Un homme porte le flambeau du nouvel esprit d’harmonie interreligieuse à l’étranger en Égypte. Il s’agit du général Abdel Fattah al-Sissi, qui a été élu président en 2014. Il est à l’origine de plusieurs initiatives de non-sectarisme inclusif.

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Des terroristes de Daech conduisent des chrétiens coptes égyptiens aux yeux bandés, vêtus de combinaisons orange, pour les décapiter au bord de la mer à Tripoli, la capitale libyenne, en 2015. (Photo d’archives/AFP)

Lorsque vingt travailleurs migrants coptes égyptiens et un collègue ghanéen ont été décapités sur une plage de Libye par des terroristes en février 2015, c’est le dirigeant Al-Sissi qui a ordonné à l’armée de l’air égyptienne de se venger de Daech.  Lorsqu’une série d'attaques contre des coptes et des églises coptes a été déclenchée en 2017, faisant des dizaines de morts, la vague de terreur a été écrasée par une réponse considérable de l’armée égyptienne.

En 2018, le gouvernement d’Al-Sissi a ouvert la voie au retour des corps des martyrs libyens en Égypte. Dans le village d’Al-Aour en Haute-Égypte, où de nombreux hommes avaient vécu, ils ont été inhumés dans la nouvelle église des martyrs de la foi et de la patrie, dont la construction avait été financée par le gouvernement égyptien.

Les coptes du monde entier ont été ravis quand M. Al-Sissi a rejoint le pape copte Tawadros (Théodore) pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ au sein de la nouvelle capitale administrative de l’Égypte, le 6 janvier dernier. Dans un discours, le président évoque une «nouvelle république» en Égypte «qui accueille tout le monde sans discrimination».

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Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a rejoint le pape copte Tawadros (Théodore) pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ au sein de la nouvelle capitale administrative de l’Égypte le 6 janvier de cette année. (AFP)

Un mois plus tard, le premier chrétien copte a été nommé à la tête de la Cour constitutionnelle suprême d’Égypte – la plus haute autorité judiciaire du pays.

Pour Michael Akladios et la communauté copte en Égypte et à travers le monde entier, la nomination du juge Boulos Fahmy Eskandar le 9 février 2022 était «une étape prometteuse sur la voie d'une plus grande inclusion et représentation copte dans la sphère publique égyptienne».

Bien qu’il soit «encore trop tôt pour juger des répercussions que cette nomination aura sur les communautés coptes en Égypte et dans ses diasporas», elle symbolise néanmoins «les grands gestes continus de l’État pour consolider l’unité nationale en tant que caractéristique dominante du caractère de la nation».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.