Face à la hausse du coût de la vie, le prêt sur gage revient en grâce

Bijoux de famille, montres, médailles de baptême, instruments de musique, maroquinerie, grands crus, verreries, tableaux... les objets sont estimés à l'aide de commissaires-priseurs. 93% sont récupérés. (AFP).
Bijoux de famille, montres, médailles de baptême, instruments de musique, maroquinerie, grands crus, verreries, tableaux... les objets sont estimés à l'aide de commissaires-priseurs. 93% sont récupérés. (AFP).
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Publié le Lundi 30 mai 2022

Face à la hausse du coût de la vie, le prêt sur gage revient en grâce

  • Le Crédit municipal, également appelé "mont-de-piété", "clou" ou "ma tante", est un établissement public qui propose des prêts d'argent en échange d'un objet de valeur
  • Depuis près d'un an, l'antenne rennaise du Crédit municipal de Nantes, créé en 1813, a enregistré une augmentation de 17% des dépôts

RENNES: David est venu mettre en gage son ordinateur portable au Crédit municipal de Rennes. Un quart d'heure plus tard, il ressort avec 1.000 euros en poche, une aide non négligeable pour ce quadragénaire, en pleine flambée des prix.

"Depuis l'été, je suis dans une situation difficile financièrement. J'ai des besoins d'argent à cause d'un manque d'activité professionnelle et de dettes qui s'enchaînent", raconte le Rennais, veste en jean délavée et baskets noires.

Le Crédit municipal, également appelé "mont-de-piété", "clou" ou "ma tante", est un établissement public qui propose des prêts d'argent en échange d'un objet de valeur. Pour en bénéficier, il suffit de fournir une pièce d'identité et un justificatif de domicile, ce qui a l'avantage "de la simplicité", estime David.

"Aujourd'hui pour obtenir un prêt bancaire, c'est le parcours du combattant. On vous demande de justifier d'une activité, de ressources, et il ne faut pas avoir d'antécédents de défaut de paiement", justifie-t-il.

Le montant prêté varie entre 60% et 80% de la valeur estimée de l'objet. A charge pour le déposant de rembourser lorsqu'il en a les moyens. Le prêt est accordé pour six mois, et peut être renouvelé autant de fois que le client le souhaite, moyennant le paiement des intérêts.

Bijoux de famille, montres, médailles de baptême, instruments de musique, maroquinerie, grands crus, verreries, tableaux... les objets sont estimés à l'aide de commissaires-priseurs. 93% sont récupérés.

"Ce matin, on m'a déposé une veste en cuir rose Valentino et un tapis de souris Hermès", annonce Julien Roger-Provost, le directeur de l'agence, en désignant un sac. Des objets insolites sont parfois gagés, comme une station de pêche achetée 3.000 euros.

Autrefois, les gens gageaient meubles, matelas, fers à repasser, vaisselle de leur mariage. "Aujourd'hui on ne prend plus que certains types d'objets, sauf si vraiment la personne a besoin d'un coup de pouce. Il n'y a plus non plus cette culture de l'objet ancien ou de valeur, hormis pour les bijoux", précise-t-il.

« Imprévus »

Depuis près d'un an, l'antenne rennaise du Crédit municipal de Nantes, créé en 1813, a enregistré une augmentation de 17% des dépôts. "La hausse du prix de l'énergie, des carburants et de l'alimentaire affecte beaucoup les usagers. Les gens viennent aussi pour faire face à des imprévus", poursuit M. Roger-Provost, qui se dit "convaincu de faire un métier qui aide les gens".

Prescillia, 26 ans, a gagé sa bague de fiançailles et l'alliance de son père, aujourd'hui divorcé. "Ce mois-ici, on a dû faire face à une dépense de 450 euros pour la voiture, alors ma mère nous a parlé du prêt sur gage. C'est une solution de dépannage", explique-t-elle à l'AFP.

Avec un seul salaire de 1.300 euros pour une famille de quatre, la jeune femme concède des "fins de mois assez rudes". "Notre facture d'électricité a doublé en un an et même le prix des courses augmente, ça fait peur. On a un peu honte de demander de l'argent mais on n'a pas le choix et ça permet d'attendre plus tranquillement la prochaine paie", argumente-t-elle.

Même constat pour Martine, 73 ans, qui vient d'obtenir 300 euros en gageant des bijoux, "toute [sa] fortune" afin de payer rapidement un implant dentaire non remboursé.

"Avec une retraite de 1.500 euros et un loyer de 700, je n'ai pas de réserve d'argent et je ne voulais pas me lancer dans un crédit à la consommation", explique cette ancienne employée dans l'assurance, qui constate avec amertume "l'augmentation flagrante du prix des fruits et légumes, des pâtes et du café".

Contrats précaires, personnes sans emploi ou logement, "on a tous types de profils", souligne M. Julien Roger-Provost, qui voit arriver de nouveaux publics.

"Quand on commence à voir des chefs d'entreprise déposer pour rembourser les aides Covid de l'Etat, on se dit que quelque chose ne va pas et qu'on a vu qu'une partie de la crise", observe-t-il.


Lycéenne tuée à Nantes: le profil de l'agresseur examiné, vive émotion au lycée

Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique. (AFP)
Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique. (AFP)
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  • Vendredi matin, une dizaine de roses blanches ainsi qu'un bouquet ont été déposés devant l'accueil de l'établissement, tandis que les portes du collège et du lycée resteront closes pour la journée
  • Le président Emmanuel Macron a salué le "courage" des professeurs qui "ont sans doute empêché d'autres drames"

NANTES: Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique.

Vendredi matin, une dizaine de roses blanches ainsi qu'un bouquet ont été déposés devant l'accueil de l'établissement, tandis que les portes du collège et du lycée resteront closes pour la journée, a constaté une correspondante de l'AFP.

Pour quelle raison cet élève du collège-lycée privé Notre-Dame de Toutes-Aides, interpellé peu après les faits, a-t-il poignardé mortellement une de ses camarades, jeudi en milieu de journée, avant de s'attaquer à trois autres élèves, dont un était entre la vie et la mort jeudi soir ?

Le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy, a annoncé qu'il donnerait une conférence de presse vendredi à 18H.

"Le psychiatre ayant procédé à l'examen du mis en cause a conclu à l'incompatibilité de son état de santé avec la mesure de garde à vue en cours", a-t-il indiqué à la presse dans la soirée. "L'intéressé va donc être désormais conduit à l'hôpital".

Quelques heures plus tôt, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et sa collègue de l'Education Elisabeth Borne s'étaient rendus sur place pour saluer le travail des forces de l'ordre, des secours ainsi que du personnel enseignant qui a permis de maîtriser l'agresseur et d'éviter un bilan plus lourd.

Trois autres élèves ont été blessés par l'adolescent et pour l'un d'eux, il n'y a "pas de garantie" qu'il soit "totalement tiré d'affaire", a indiqué Mme Borne.

Pour la journée de vendredi, les cours sont maintenus pour l'école primaire mais suspendus pour les collégiens et les lycéens, la cellule psychologique restera ouverte au sein du groupe scolaire. Un appel à déposer des fleurs devant l'établissement à 15h30 a été lancé et partagé sur les réseaux sociaux.

Portiques 

L'agresseur semble quant à lui présenter un profil singulier.

"Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu'il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi", a témoigné auprès de l'AFP une collégienne.

Peu avant d'attaquer ses camarades au couteau, il a envoyé aux élèves un courriel sombre et confus consulté par l'AFP. Il y évoque notamment "la mondialisation (qui) a transformé notre système en une machine à décomposer l'humain", revendiquant une "révolte biologique" afin que "l'équilibre naturel, même cruel" reprenne "sa place" contre "l'écocide globalisé".

Bruno Retailleau a estimé que "ce n'est pas un fait divers, ce drame, cette tragédie, c'est un fait de société".

"Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l'autorité, l'ordre, les hiérarchies et qui a accouché finalement de toute cette violence", a-t-il poursuivi.

Rappelant le décès un mois auparavant d'un jeune poignardé devant un lycée en Essonne, Bruno Retailleau a indiqué que "comme tant de Français, on ne se résout pas à ce que ces lieux de vie, ces lieux d'enseignement deviennent parfois des lieux d'ensauvagement, des lieux de mort".

Le président Emmanuel Macron a salué le "courage" des professeurs qui "ont sans doute empêché d'autres drames".

François Bayrou a lui estimé que l'installation de portiques à l'entrée des établissements scolaires était "une piste" pour éviter de nouvelles attaques au couteau dans les écoles.

"Un couteau, une arme blanche potentiellement dangereuse et même létale (...) ces armes-là, elles doivent être bannies, donc elles doivent être pourchassées. Tout le monde doit savoir qu'elles sont interdites et les contrôles nécessaires doivent être conduits", a déclaré le Premier ministre devant la presse.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.