Armes à feu: Biden en retrait de la bataille politique, un pari risqué

Alanna De Leon écrit pour son amie Annabelle Rodriguez, décédée lors de la fusillade de masse, à un mémorial de fortune devant le palais de justice du comté d'Uvalde, au Texas, le 27 mai 2022. (AFP).
Alanna De Leon écrit pour son amie Annabelle Rodriguez, décédée lors de la fusillade de masse, à un mémorial de fortune devant le palais de justice du comté d'Uvalde, au Texas, le 27 mai 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 28 mai 2022

Armes à feu: Biden en retrait de la bataille politique, un pari risqué

  • Joe Biden est un émotif, un père deux fois endeuillé - mais pas par la faute des armes à feu: il a perdu une fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils adulte suite à un cancer
  • Il veut croire que les Américains, malgré leurs divisions, sont capables de pleurer ensemble les 19 écoliers et 2 enseignantes victimes d'une fusillade dans une école d'Uvalde

WASHINGTON : Dimanche, Joe Biden l'empathique saura certainement trouver les mots face aux familles des écoliers tués au Texas, mais le président reste jusqu'ici en retrait de la bataille politique sur les armes à feu, pariant sur une mobilisation parlementaire pourtant loin d'être acquise.

"Il ne peut pas seulement être le 'consolateur en chef'. Il faut qu'il mette tout le poids de sa fonction dans la bataille législative", a déclaré Peter Ambler, de l'association Giffords, qui lutte pour une régulation plus forte, dans un entretien avec Politico.

Jusqu'ici, le démocrate de 79 ans semble réticent, ce qui tient un peu à sa personnalité et beaucoup à un calcul stratégique.

Joe Biden est un émotif, un père deux fois endeuillé - mais pas par la faute des armes à feu: il a perdu une fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils adulte suite à un cancer. 

Le président prend à coeur ce rôle de "consolateur en chef." Il veut croire que les Américains, malgré leurs divisions, sont capables de pleurer ensemble les 19 écoliers et 2 enseignantes victimes d'une fusillade dans une école d'Uvalde (Texas), où il se rendra avec son épouse Jill Biden.

Calcul politique

Mais si Joe Biden privilégie pour l'heure le registre de l'émotion et de l'interpellation - "Quand pour l'amour de Dieu allons-nous affronter le lobby des armes?" s'était-il écrié mardi - c'est aussi par calcul politique.

Ancien sénateur, attaché au pouvoir parlementaire, il veut que le Congrès vote un projet de loi qui généraliserait l'examen des antécédents psychiatriques et judiciaires des acheteurs d'armes, tout en interdisant les fusils d'assaut et l'achat massif de munitions.

"Nous avons fait ce que nous pouvions. (...) Mais là tout de suite, nous avons besoin de l'aide du Congrès", a dit jeudi la porte-parole de l'exécutif Karine Jean-Pierre.

La Maison Blanche estime qu'une forte implication de Joe Biden, au moment où il est très impopulaire dans les sondages, perturberait plus qu'autre chose un processus législatif déjà acrobatique.

Les démocrates, qui soutiennent le projet de loi, ont impérativement besoin de convaincre une poignée d'élus républicains, en raison de règles de majorité qualifiée.

Joe Biden s'est d'ailleurs jusqu'ici abstenu de critiquer ouvertement l'opposition républicaine, majoritairement hostile à toute réforme. Et dont certains membres font campagne pour les élections législatives de novembre sur leur attachement aux armes à feu.

L'exécutif américain fait aussi valoir qu'une loi fédérale aurait bien plus d'impact que des décrets présidentiels ne s'imposant pas à tous les Etats américains et ne pouvant réguler qu'à la marge.

«Strict minimum»

Mais plusieurs groupes militant pour une régulation des armes à feu estiment, sans douter des convictions du président, qu'il doit s'impliquer davantage.

Igor Volsky, directeur de l'organisation Guns Down America, juge ainsi sur Twitter que le président pourrait créer à la Maison Blanche une agence spécialement dédiée aux armes à feu, sillonner le pays pour rencontrer des communautés touchées, recevoir des activistes et faire pression personnellement sur des parlementaires. "Ce serait le strict minimum", écrit-il.

Les associations craignent que les Etats-Unis ne retombent dans le scénario devenu tristement familier après une fusillade de masse: une vague d'émotion qui retombe avant de se transformer en réelle pression politique, susceptible de déboucher sur des réformes significatives.

Le choc causé par le massacre à l'école d'Uvalde n'a en tout cas pas suffi à interrompre la routine institutionnelle. 

Le Congrès a ainsi suspendu ses travaux et les parlementaires se sont éparpillés dans leurs circonscriptions pour une pause de dix jours, prévue de longue date.

La peur et la liberté: aux racines de la passion américaine des armes

1776. Les colonies d'Amérique viennent de déclarer leur indépendance et déjà, un débat agite les pères fondateurs de la toute jeune nation: les Américains ont-ils le droit individuel de porter des armes? Ou seulement s'ils sont membres de milices locales?

2022. En moins de deux semaines, deux fusillades sanglantes ont coûté la vie à dix Afro-Américains, puis à dix-neufs enfants et le débat, vieux comme les Etats-Unis, incompréhensible pour tous les autres pays développés, reprend.

A l'héritage de la guerre d'indépendance s'est ajoutée, selon les experts, la conviction toujours plus ancrée dans l'esprit des Américains qu'il leur faut posséder des armes pour assurer leur propre sécurité, associée à tout un imaginaire aux accents presque religieux.

Cette évolution a été amplement encouragée par une industrie des armes qui a joué sur la peur de l'insécurité et le racisme, analyse Ryan Busse, un ancien de ce secteur.

Les récents massacres "sont le produit dérivé d'un modèle industriel fait pour se nourrir de la haine, de la peur et du complotisme", a-t-il écrit cette semaine pour le magazine en ligne The Bulwark.

Des armes contre l'impérialisme

Dans les tous jeunes Etats-Unis des années 1770 et 1780, les armes à feu sont une évidence. 

En posséder signifie se dresser face aux monarchies colonisatrices, en particulier l'armée britannique.

Les premiers Etats américains, méfiants face à un gouvernement fédéral encore balbutiant, ont voulu leurs lois, et leurs armes.

Alors, les armes à feu, essentielles pour lutter contre l’oppression? Ne faut-il pas s'en remettre à des milices locales organisées? Mais ces mêmes milices ne risquent-elles pas de devenir une nouvelle source d'oppression?

Un débat difficile à comprendre en particulier pour les Européens, dont la conception de la sécurité est façonnée par ce que le sociologue Max Weber a défini comme le "monopole de la violence légitime": l'idée que les citoyens s'en remettent aux forces de l'ordre pour les défendre, et renoncent en échange à se faire justice eux-mêmes.

Très loin du compromis trouvé en 1791 aux Etats-Unis, dans le désormais célèbre deuxième amendement à la Constitution: "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un Etat libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé."

Les années 1960

Dans les deux siècles qui ont suivi, les armes à feu sont devenues une composante essentielle du grand récit américain, dans ses pages les plus idéalisées comme les plus sombres.

L'on n'imagine pas les pionniers, confrontés à une nature hostile et à des hors-la-loi de toute nature, sans leurs carabines. Et que dire des films de western?

David Yamane, professeur de l'université Wake Forest qui a théorisé ce passage d’une « Culture des armes 1.0 » à une « Culture 2.0 », rappelle aussi le rôle des armes à feu dans la sanglante soumission des tribus indiennes et des esclaves.

Dès le début du XXème siècle, les Etats-Unis, de plus en plus urbanisés, se sont retrouvés confrontés à des niveaux de violence par armes à feu sans comparaison avec d'autres nations.

De 1900 à 1964, l'historien Richard Hofstadter a compté plus de 265 000 homicides par armes à feu.

Les autorités ont pris des mesures, ainsi l'interdiction en 1934 au niveau fédéral des fusils mitrailleurs, et l'obligation pour les propriétaires d'armes de les déclarer.

Les Etats ont ajouté des mesures sur l'interdiction du port d'armes en public par exemple.

Selon un sondage Gallup, en 1959 60% des Américains se disaient favorables à une interdiction des armes à feu pour les particuliers.

Mais c'était sans compter sur les campagnes toujours plus agressives des fabricants d'armes et du lobby désormais célèbre, la National Rifle Association (NRA), qui ont empêché des mesures réellement contraignantes. N'est restée qu'une interdiction, aisément contournée, de la vente par correspondance d'armes à feu.

Sacro-saint deuxième amendement

La NRA a ensuite fait cause commune avec le parti républicain autour de la défense d'un deuxième amendement interprété comme consacrant un "droit fondamental" à posséder des armes.

Matthew Lacombe, professeur au Barnard College, explique que pour en arriver là, le lobby a créé tout un imaginaire autour des armes à feu, dans lequel les propriétaires ont puisé pour se définir socialement.

Les armes sont devenues un puissant outil d'identification politique, en particulier dans une Amérique rurale que les républicains ont toujours cherché à conquérir au détriment des démocrates. 

Jessica Dawson, professeur à l'académie militaire de West Point, souligne aussi le lien forgé entre la NRA et la droite religieuse.

Elle écrit que le lobby a "commencé à utiliser des termes à connotation religieuse pour élever le deuxième amendement au-dessus des restrictions prises par un gouvernement laïque".

L'auto-défense

Cela n'a pas tout de suite porté ses fruits. Les ventes d'armes ont commencé à décliner, les Américains se détournant peu à peu de la chasse comme du tir sportif.

En quête d'un nouveau levier marketing, la NRA et les fabricants ont alors insisté sur un autre usage des armes à feu: la capacité à se défendre, explique Ryan Busse. 

Les publicités ont alors mis en scène des émeutes et des cambriolages, et présenté tout un éventail d'équipements "tactiques", à commencer par les gilets pare-balles, ainsi que des armes de plus en plus lourdes. Et cela au moment où l'élection de Barack Obama alimentait une poussée du suprémacisme blanc.

Certains Etats ont répondu à la montée de la violence par des lois autorisant le port d'armes sans permis: un tournant, selon David Yamane, qui a fait grimper les ventes, dans toutes les catégories de population.

A partir de 2009, les ventes ont fortement augmenté, atteignant plus de 10 millions d'armes à feu par an depuis 2013, avec une énorme demande pour les armes semi-automatiques.

Selon l'étude Small Arms Survey datant de juin 2018, fin 2017, les Américains détenaient environ 45% des armes à feu civiles en circulation dans le monde, alors qu'ils ne représentaient qu'un peu plus de 4% de la population du globe.


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »


Le dirigeant de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré Donald Trump aux États-Unis

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
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  • « Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée » a indiqué la porte-parole de l'Alliance Atlantique.
  • Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

BRUXELLES : Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré vendredi le président américain élu Donald Trump à Palm Beach, en Floride, a annoncé samedi la porte-parole de l'Alliance Atlantique.

« Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée », a-t-elle indiqué dans un court communiqué, sans plus de détail.

L'ancien Premier ministre néerlandais avait indiqué vouloir rencontrer Donald Trump deux jours après son élection, le 5 novembre.

Il avait alors affirmé vouloir discuter avec lui de la « menace » que représente le renforcement des liens entre la Russie et la Corée du Nord.

« J'ai hâte de m'asseoir avec le président Trump et de voir comment nous allons collectivement nous assurer que nous faisons face à cette menace », avait-il déclaré le 7 novembre, en marge d'un sommet de dirigeants européens à Budapest.

Depuis, il n'a cessé de mettre en garde contre les dangers d'un rapprochement entre la Chine, la Corée du Nord et l'Iran, trois pays accusés d'aider la Russie dans son effort de guerre contre l'Ukraine.

Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

La Russie soutient financièrement Pyongyang et lui apporte son expertise en matière de technologie de missiles. « C'est très inquiétant. Ces missiles représentent une menace directe pour le territoire américain », avait-il plaidé.

De même, en collaborant avec la Corée du Nord, l'Iran et la Chine, la Russie « ne menace pas seulement l'Europe, mais aussi la paix et la sécurité dans l'Indo-Pacifique et en Amérique du Nord », selon lui.

Les pays européens s'inquiètent également de la promesse du milliardaire américain de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures, avec un accord allant à l'encontre des intérêts de Kiev et les laissant à l'écart.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.