CASABLANCA: La normalisation des relations diplomatiques entre Israël et d'autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord dans le cadre des accords d'Abraham bouleverse la donne géopolitique régionale. Dans le cadre du Forum de Davos un panel de hauts responsables se sont exprimés ce mercredi sur l’avenir, à court et à moyen terme, des deux traités de paix signés entre Israël et les Émirats arabes unis d'une part et entre Israël et Bahreïn d'autre part, rejoints par le Maroc et le Soudan.
Loin de se résumer à la seule volonté d’amorcer une détente entre ces pays et Israël, ces accords organisent, aussi et surtout, une coopération commerciale, technologique et militaire autours de sujets d'intérêts communs.
Lors de cette réunion publique, le conseiller du roi du Bahreïn Khalid ben Ahmed s’est inscrit dans le temps diplomatique en déclarant «Nous avons dû être patients en ce qui concerne la géopolitique de la région du Moyen-Orient» précisant que les progrès futurs ne peuvent pas être aussi lents, ils doivent être rapides, avec la volonté manifeste de vouloir hâter la mise en œuvre effective des traités.
Le conseiller pour les affaires de politique étrangère a cependant nuancé le caractère inédit de la coopération entre certains des pays de la région MENA et Israel affirmant que les accords d'Abraham ne marquent pas le début des relations avec l’Etat hébreux.
D’après ce haut dignitaire, des réunions informelles ont toujours eu lieu avec des dirigeants israéliens. Un constat immédiatement contrebalancé par les propos visant à souligner la politique d’aide et de soutien constante du Bahreïn au peuple palestinien.
De son côté, avec la volonté manifeste de vouloir hâter la mise en œuvre effective des traités, Thani ben Ahmed Al Zeyoudi, actuel ministre d'État au Commerce extérieur des Émirats Arabes Unis, a défendu ces accords en arguant du fait que «sans dialogue, il n'y aura pas de paix». Il s’est également montré plus optimiste, quant à l’avancée, du point de vue économique, de la coopération entre les Émirats et Israël, annonçant que «les objectifs, en la matière, ont été atteints et que plus de 1 000 entreprises israéliennes vont pouvoir s’installer dans le pays». Le ministre a enfin mis en avant les sujets d’intérêt commun avec Israël qui ferait face aux mêmes défis - pénurie d'eau, agriculture, diversification de l'approvisionnement énergétique, déclarant, à ce propos que d'énormes progrès ont été réalisés grâce aux partenariats issus des accords d'Abraham.
Médiateur, lors des négociations, le représentant américain Stuart Eizenstat, ex-ambassadeur des États-Unis auprès de l'Union européenne, a partagé, lors de son intervention, un enthousiasme sans réserve. Ces accords auraient, déjà, de son point de vue, permis des transformations remarquables et des personnalités importantes des pays signataires auraient constaté, depuis, les avantages d'une coopération accrue avec Israël.
Alliance militaire
Israël et certains des pays arabes ont exprimé leur volonté de se coordonner pour créer des solutions de dissuasion pour contrer les menaces iraniennes, que ce soit par voie aérienne, maritime ou cyber.
La naissance de cette improbable architecture de défense régionale est l’un des résultats du sommet du Néguev, qui s’est tenu en mars dernier dans le sud d’Israël.
En bref
La réunion est la première du genre à regrouper autant de responsables américains,israéliens et de la région MENA, sur le sol israélien.
Le choix de Sde Boker a été symbolique. La localité est le lieu où vécut et où est enterré David Ben Gourion, le fondateur de l’État hébreu.
Ce sommet rassemblait, à Sde Boker et ce fut une première, les ministres de Affaires étrangères des pays signataires des accords d’Abraham et de l’Egypte.
L’objectif affiché a été de préparer, de façon opérationnelle, un système de communication commun qui permettrait à chacun de ces pays de se prévenir en temps réel en cas de détection de drones de l’Iran ou de ses satellites.