La Chine propose un accord régional de libre-échange et de sécurité dans le Pacifique sud

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est assis à côté du président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa (non vu) alors qu'ils assistent à un événement de voile à l'occasion du 65e anniversaire des relations diplomatiques entre le Sri Lanka et la Chine lors de sa visite du projet de ville portuaire de Colombo, à Colombo, le 9 janvier 2022. (AFP).
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est assis à côté du président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa (non vu) alors qu'ils assistent à un événement de voile à l'occasion du 65e anniversaire des relations diplomatiques entre le Sri Lanka et la Chine lors de sa visite du projet de ville portuaire de Colombo, à Colombo, le 9 janvier 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 26 mai 2022

La Chine propose un accord régional de libre-échange et de sécurité dans le Pacifique sud

  • La Chine a lancé une vaste initiative visant à étendre la coopération en matière de sécurité et de libre-échange avec les pays du Pacifique sud
  • Selon ces documents, la Chine entend proposer à dix États insulaires de la région des millions de dollars d'assistance

HONIARA : La Chine a lancé une vaste initiative visant à étendre la coopération en matière de sécurité et de libre-échange avec les pays du Pacifique sud, déjà décriée par plusieurs poids lourds dans la région comme l'Australie et les États-Unis. 

Le projet d'accord et le plan sur cinq ans, que l'AFP a pu consulter mercredi, feront l'objet de discussions à l'occasion d'une visite du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi dans plusieurs pays de la zone à partir de jeudi.

Selon ces documents, la Chine entend proposer à dix États insulaires de la région des millions de dollars d'assistance, la perspective d'un accord de libre-échange ainsi que la possibilité d'accéder au vaste marché chinois avec ses 1,4 milliard d'habitants.

En retour, la Chine se chargerait de former les forces de police et s'impliquerait dans la cybersécurité locale. Elle pourrait par ailleurs réaliser des opérations sensibles de cartographie marine et obtiendrait un meilleur accès aux ressources naturelles locales.

Cette "vision commune de développement", du nom donné au projet, pourrait être adoptée le 30  mai, à l'occasion d'une rencontre prévue aux îles Fidji entre M. Wang et les ministres des Affaires étrangères de la région.

À son arrivée dans les îles Salomon jeudi, le diplomate chinois a demandé à ne pas "interférer", ou "perturber" la "coopération de la Chine avec les pays insulaires du Pacifique".

"Ils ne sont l'arrière-cour de personne. Tous les pays insulaires du Pacifique ont le droit de faire leur propre choix au lieu de se contenter de suivre les autres", a-t-il déclaré, niant par ailleurs toute volonté de Pékin d'installer une base militaire dans les îles Salomon.

Rivalité avec les États-Unis

Le Pacifique sud est devenu ces derniers mois un théâtre de forte rivalité entre la Chine et les États-Unis, grande puissance du Pacifique depuis plusieurs décennies.

Pékin cherche à y accroître sa présence militaire, politique et économique, mais n'a fait jusqu'à présent que des progrès limités et inégaux.

Le plan de coopération, s'il est accepté, pourrait en revanche représenter un tournant majeur, facilitant notamment un certain nombre d'opérations de police ou militaires.

En outre, les vols entre la Chine et les îles du Pacifique seraient multipliés, Pékin nommerait un émissaire régional, assurerait la formation des jeunes diplomates du Pacifique et fournirait 2.500 "bourses" gouvernementales.

Mais déjà, certaines capitales ont commencé à tirer la sonnette d'alarme concernant le projet d'accord régional.

Ce projet témoigne d'une "Chine qui cherche à accroître son influence dans la région du monde où l'Australie a été le partenaire de choix en matière de sécurité depuis la Seconde Guerre mondiale", a averti jeudi le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese.

Il a annoncé une "intensification" de l'engagement de l'Australie dans le Pacifique, avec environ 500 millions de dollars australiens d'aide pour la formation à la défense, la sécurité maritime et les infrastructures pour lutter contre les effets du changement climatique. 

Jeudi, la ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong était en route vers les îles Fidji pour discuter de ces plans. 

De son côté, le porte-parole du département d'État américain Ned Price a conseillé aux pays du Pacifique sud de se méfier de cet accord "obscur" avec la Chine.

"Nous sommes préoccupés par le fait que ces accords puissent être négociés lors d'un processus précipité et non transparent", a-t-il déclaré mercredi, tout en rappelant que les nations feraient leur propre choix.

Dans une lettre véhémente adressée à ses collègues du Pacifique sud, le président des États fédérés de Micronésie David Panuelo a mis en garde contre un accord "attrayant" à première vue, mais susceptible de donner à la Chine les moyens "d'acquérir accès et contrôle sur notre région".

«Contrôle» et «surveillance»

Qualifiant les propositions de "non sincères", M. Panuelo y estime qu'elles "garantiraient une influence chinoise au sein du gouvernement", un "contrôle économique" chinois sur certaines industries clé ainsi qu'une "surveillance de masse" des appels téléphoniques et messages électroniques locaux.

Le dirigeant y voit une tentative de "lier intrinsèquement à eux l'ensemble de nos économies et de nos sociétés" pour servir son objectif à long terme: "prendre Taïwan, pacifiquement si possible, par la guerre si nécessaire".

La Micronésie – fédération qui réunit quatre pays formés de plus de 600 petites îles et atolls sur la ligne de l'Équateur – bénéficie depuis les années 1980 d'un statut de libre association avec les États-Unis, qui lui garantit une coopération dans le domaine du développement ainsi qu'une protection militaire.

Mais d'autres pays de la région pourraient en revanche être tentés par les possibles retombées positives du projet d'accord avec la Chine.

Les îles Salomon et Pékin ont ainsi annoncé fin avril la signature d'un pacte de sécurité aux contours flous dont Canberra et Washington craignent qu'il permette à Pékin d'installer une présence militaire dans l'archipel.


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.

 

 


Russie: la Banque centrale maintient son taux directeur à 16% sur fond d'inflation élevée

Une femme passe devant le siège de la Banque centrale russe, dans le centre-ville de Moscou, le 6 septembre 2023. (Photo, AFP)
Une femme passe devant le siège de la Banque centrale russe, dans le centre-ville de Moscou, le 6 septembre 2023. (Photo, AFP)
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  • Le taux directeur de la BCR avait été relevé à plusieurs reprises entre l'été et la fin d'année 2023, pour finalement atteindre 16%
  • Face au patronat russe, Vladimir Poutine avait lui appelé jeudi à "être prudent" et ne pas se précipiter pour abaisser les taux

MOSCOU: La Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi maintenir une nouvelle fois son taux directeur à 16% pour tenter de limiter l'inflation, tirée notamment par l'explosion du budget fédéral, le président Vladimir Poutine ayant appelé la veille à rester "prudent".

Le taux directeur de la BCR avait été relevé à plusieurs reprises entre l'été et la fin d'année 2023, pour finalement atteindre 16%, dans le but d'enrayer l'inflation qui plombe le pouvoir d'achat des Russes.

La Banque centrale russe a donc estimé qu'il était encore prématuré de l'abaisser, la hausse des prix ayant officiellement atteint 7,8% au 22 avril, bien au-delà de la cible des 4% des autorités.

"Les pressions inflationnistes actuelles s'atténuent progressivement, mais restent élevées", a dit noter la BCR dans un communiqué.

"En raison de la demande intérieure toujours élevée, qui dépasse (...) l'offre, l'inflation reviendra vers l'objectif un peu plus lentement que ce qu'avait prévu la BCR en février", a-t-elle souligné.

La baisse de l'inflation étant "trop lente" aux yeux de la cheffe de l'institution monétaire Elvira Nabioullina, "nous n'excluons pas de maintenir le taux directeur actuel jusqu'à la fin de l'année", a-t-elle prévenu en conférence de presse.

Or, de nombreux entrepreneurs se sont plaints ces dernières semaines du coût important des investissements en conséquence des taux élevés.

Face au patronat russe, Vladimir Poutine avait lui appelé jeudi à "être prudent" et ne pas se précipiter pour abaisser les taux.

"La menace de l'inflation (...) pèse toujours sur nous", avait-il mis en garde, au moment où l'explosion des dépenses fédérales, tirées par les commandes militaires pour le front, a accéléré la spirale inflationniste.

Face aux représentants des entreprises, le président russe a notamment cité l'exemple de la Turquie qui, malgré un taux directeur actuellement à 50%, n'arrive pas à endiguer l'envolée des prix.

"Si nous allons dans l'autre sens (en baissant le taux directeur, NDLR), nous risquons de nous retrouver dans une situation semblable à celle de certains pays voisins, où l'inflation est à deux chiffres (...) Ceux-ci ont franchi une sorte de seuil et ne peuvent plus y faire face", a mis en garde M. Poutine.

Les perspectives pour l'économie russe sont toutefois meilleures depuis désormais plusieurs mois, ce que le FMI a confirmé mi-avril, l'institution tablant désormais sur une croissance dans le pays de 3,2% en 2024.

La flambée des prix reste l'une des principales préoccupations de la population russe, dont le pouvoir d'achat est plombé par l'effet des nombreuses sanctions occidentales et en raison de l'affaiblissement du rouble par rapport au dollar et à l'euro.

 

 


Partenariat mondial entre Aramco et la Fifa

Aramco a signé, jeudi, un partenariat mondial de quatre ans avec la Fifa, l'instance dirigeante du football, devenant ainsi un partenaire mondial majeur dans le secteur de l’énergie. (Photo fournie)
Aramco a signé, jeudi, un partenariat mondial de quatre ans avec la Fifa, l'instance dirigeante du football, devenant ainsi un partenaire mondial majeur dans le secteur de l’énergie. (Photo fournie)
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  • L’accord s’appuie sur un engagement commun en faveur de l’innovation et du développement
  • Il combinera la portée mondiale du football avec l’Histoire d’Aramco en matière de défense de l’innovation et d’engagement communautaire

RIYAD: Aramco a signé, jeudi, un partenariat mondial de quatre ans avec la Fifa, l'instance dirigeante du football, devenant ainsi un partenaire mondial majeur dans le secteur de l’énergie.

Aramco, l’une des principales sociétés intégrées d’énergie et de produits chimiques au monde, recevra des droits de parrainage pour plusieurs événements, notamment la Coupe du monde de la Fifa 2026 et la Coupe du monde féminine de la Fifa 2027, selon l’accord, qui restera en vigueur jusqu’à fin 2027.

L’accord s’appuie également sur un engagement commun en faveur de l’innovation et du développement et il combinera la portée mondiale du football avec l’Histoire d’Aramco en matière de défense de l’innovation et d’engagement communautaire.

Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a déclaré que l’entité était «ravie» d’accueillir Aramco dans sa famille de partenaires mondiaux.

«Ce partenariat aidera la Fifa à organiser ses tournois phares au cours des quatre prochaines années et, comme c’est le cas pour tous nos accords commerciaux, il nous permettra d’apporter un soutien accru à nos deux cent onze associations membres de la Fifa à travers le monde», poursuit-il.

Aramco a une longue expérience en matière de soutien à des événements d’envergure mondiale, mais également de développement d’initiatives sportives communautaires, selon M. Infantino, qui ajoute que la Fifa se réjouit de collaborer avec Aramco sur divers projets au cours des années à venir.

«Grâce à ce partenariat avec la Fifa, nous souhaitons contribuer au développement du football et exploiter le pouvoir du sport pour avoir un impact dans le monde entier», déclare Amin Nasser, PDG d’Aramco.

Ce partenariat reflète l’ambition d’Aramco de favoriser l'épanouissement de communautés dynamiques et il élargit le soutien de l’entreprise au sport en tant que plate-forme de croissance, poursuit-il.

Grâce à ce partenariat, Aramco et la Fifa exploiteront le pouvoir du football pour créer des initiatives sociales décisives à travers le monde.

Aramco travaillera également avec la Fifa pour stimuler l’innovation, en identifiant les possibilités de déployer son expertise et ses technologies dans l’organisation de tournois de football à l’échelle mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com