La lenteur de la reconstruction frustre Gaza un an après le conflit

Des Palestiniens reconstruisent leur maison détruite par les frappes israéliennes lors des affrontements entre Israël et le Hamas en mai dernier, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 septembre 2021. (Reuters)
Des Palestiniens reconstruisent leur maison détruite par les frappes israéliennes lors des affrontements entre Israël et le Hamas en mai dernier, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 septembre 2021. (Reuters)
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Publié le Lundi 23 mai 2022

La lenteur de la reconstruction frustre Gaza un an après le conflit

Des Palestiniens reconstruisent leur maison détruite par les frappes israéliennes lors des affrontements entre Israël et le Hamas en mai dernier, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 septembre 2021. (Reuters)
  • «Je vis avec ma femme et mes enfants dans un appartement que j'ai loué après la guerre; nous ignorons quand nous retournerons dans notre logement»
  • Seuls 20 % des logements sinistrés ont été reconstruits depuis que la guerre a pris fin l'année dernière

GAZA: Les habitants de Gaza sont frustrés par la lenteur des travaux de reconstruction. Un an après la fin des affrontements acharnés, nombre d'entre eux vivent encore dans des logements temporaires.

Cela fait plus d'un an qu'Ayman Dahman vit avec sa famille dans une maison louée. Son immeuble a été rasé lors du conflit israélo-palestinien qui a éclaté en mai de l'année dernière.

Il ignore quand son ancien logement sera reconstruit. Il continue pourtant à payer les échéances.

En effet, quatre conflits ont secoué la bande de Gaza, le dernier datant de mai 2021. Cette année-là, les combats ont duré onze jours et ils ont abouti à la destruction intégrale de quelque mille sept cents logements.

«J'ai acheté mon appartement quelques années avant la guerre. Je consacre une partie de mon salaire mensuel au paiement des échéances. Je vis désormais avec ma femme et mes enfants (deux filles et deux fils) dans un appartement que j'ai loué après la guerre; nous ignorons quand nous retournerons dans notre logement», explique Ayman. 

En compagnie de sa famille, il habitait auparavant dans un immeuble de cinq étages dans le nord de la ville de Gaza. Dix familles vivaient dans le même immeuble.

L'Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a versé des indemnités destinées aux paiements des loyers pour cent cinquante-quatre familles palestiniennes qui ont perdu leur maison durant la guerre. La famille Dahman en fait partie.

Selon Naji Sarhan, sous-secrétaire au ministère des Travaux publics à Gaza, 20 % au plus des propriétés sinistrées ont été reconstruites depuis que la guerre a pris fin l'année dernière.

«Dans le secteur du logement, les travaux accomplis et ceux qui sont en cours ne dépassent pas 20 % des maisons entièrement démolies, et 70 % des maisons partiellement touchées», a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse tenue à Gaza dimanche.

Il a précisé qu’«aucun engagement n'a été pris concernant la reconstruction des immeubles résidentiels élevés et constitués de plusieurs étages qui ont été bombardés et démolis par l'occupation lors de l'agression de mai dernier».

L'année dernière, l'Égypte et le Qatar ont annoncé qu'ils allaient consacrer un milliard de dollars (1 dollar = 0,94 euro) à la reconstruction de la bande de Gaza après la guerre.

«De nombreux pays amis se sont engagés à reconstruire Gaza après l'agression contre la ville l'année dernière. En tête de ces pays figurent l'Égypte (500 millions de dollars) et le Qatar (500 millions de dollars également). En outre, certains pays et institutions ont accordé des subventions sporadiques pour des montants modestes», précise M. Sarhan.

De son côté, l'Égypte a entamé la construction de la rue de la Corniche de Gaza (longue de 1,8 km), de trois quartiers résidentiels regroupant cent dix-sept bâtiments, totalisant plus de deux mille cinq cents logements. Elle a également entamé la construction d'un pont dans le quartier de Shujaiya et d'un tunnel dans le quartier de Saraya.

Dans le même temps, le Qatar construit actuellement deux cents appartements et restaure onze immeubles résidentiels partiellement endommagés. Il procède également à la réparation d'un certain nombre d'intersections de rues détruites et il s'est engagé à poursuivre le processus de reconstruction, selon M. Sarhan.

En envisageant d'organiser une marche de drapeaux le 29 mai à Jérusalem, les Israéliens ont attisé les craintes d'une nouvelle série de combats entre Israël et le Hamas. Une initiative de ce type avait provoqué la flambée de violence l'année dernière.

Lors d'une conférence tenue à Gaza, Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, a déclaré: «Nous sommes attentifs aux différentes menaces: celle de prendre d'assaut la mosquée sacrée d'Al-Aqsa le 29 mai, ou celle d'organiser une marche de drapeaux.

L'ennemi doit se garder de commettre de tels crimes et de telles actions.»

Les Palestiniens de Gaza ne sont pas tous favorables à une nouvelle confrontation.

Les partisans du Hamas, du Djihad islamique et certains partisans du Front populaire de libération de la Palestine se disent prêts à affronter Israël en cas de marche des drapeaux. D'autres redoutent que la moindre confrontation ne fasse qu'aggraver les difficultés économiques de la bande de Gaza.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Quatre journalistes tués à Gaza, le nombre de morts parmi les professionnels des médias dépasse cent

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
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  • Cent quatre journalistes palestiniens, ainsi que deux journalistes israéliens et trois libanais, auraient été tués depuis le début du conflit
  • Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat

LONDRES: L’Autorité des médias de Gaza a déclaré jeudi que quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, ce qui porte à plus de cent le nombre total de journalistes tués dans le conflit.

Selon l’agence Anadolu, les victimes sont Hail al-Najjar, éditeur vidéo à Al-Aqsa Media Network, Mahmoud Jahjouh, photojournaliste pour le site Palestine Post, Moath Moustafa al-Ghefari, photojournaliste pour le site Kanaan Land et pour la Palestinian Media Foundation, et Amina Mahmoud Hameed, présentatrice de programmes et rédactrice dans plusieurs organes de presse.

Le Bureau de presse de Gaza a indiqué que les quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, mais il n’a pas fourni de détails supplémentaires sur les circonstances de leur mort.

Au total, cent quatre journalistes palestiniens, deux israéliens et trois libanais ont été tués depuis le début du conflit, le 7 octobre.

Ces dernières pertes s’ajoutent au lourd tribut déjà payé par les professionnels des médias. Selon le Comité pour la protection des journalistes, le conflit de Gaza constitue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes et les professionnels des médias depuis que l’organisation a commencé à tenir des registres.

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat.

Jeudi, l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, a demandé à cette dernière d’ordonner à Israël de mettre fin à son assaut contre Rafah.

Selon les autorités médicales de Gaza, plus de 35 200 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 79 200 ont été blessés depuis le début du mois d’octobre, lorsqu’Israël a lancé son offensive, répondant à une attaque du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: l'armée annonce avoir trouvé et rapatrié les corps de trois otages de Gaza

Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
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  • L'armée israélienne a récupéré «les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari
  • Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

L'armée a récupéré "les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, ajoutant qu'ils avaient été "brutalement assassinés" par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova et "leur corps emmenés" à Gaza.

Selon l'amiral Hagari, les corps des otages ont été récupérés "durant une opération conjointe entre l'armée et l'agence de renseignements" sur la base de renseignements obtenus notamment "lors d'interrogatoire de terroristes arrêtés dans la bande de Gaza" et ont été identifiés à l'institut national de Médecine légale israélien.

Germano-Israélienne de 22 ans, Shani Louk était apparue dans une vidéo sur les réseaux sociaux, allongée sur le ventre, apparemment inconsciente et à moitié dénudée, à l'arrière d'un pick-up dans la bande de Gaza.

Amit Buskila était âgée de 27 ans et Itzhak Gelerenter de 56 ans lors de l'attaque.

"Le retour de leurs corps est un rappel douloureux et brutal que nous devons rapidement ramener tous nos frères et soeurs de leur cruelle captivité", les vivants et les morts, a réagi le Forum des familles d'otages, principale association de proches.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'attaque surprise menée depuis la bande de Gaza par des commandos du Hamas dans le sud israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 360 personnes ont été tuées sur le seul site du festival de musique Nova, organisé dans le sud d'Israël, tout près de la frontière avec la bande de Gaza.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé ses condoléances aux familles. "Cette perte terrible brise le coeur", nous "pleurons avec les familles", a assuré M. Netanyahu, promettant de ramener "tous les otages, les vivants et les morts".

 

 


Tunisie: l'ONU dénonce «l'intimidation et le harcèlement» des avocats

Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
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  • «L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées», exige le Haut-Commissariat
  • Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était «très préoccupé par le fait que des migrants sont de plus en plus souvent pris pour cible»

GENEVE: Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé vendredi "l'intimidation et le harcèlement" dont sont victimes en Tunisie des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires.

Les perquisitions contre l'Ordre des avocats dans ce pays "portent atteinte à l'Etat de droit et violent les normes internationales relatives à la protection de l'indépendance et de la fonction des avocats. De tels actes constituent des formes d'intimidation et de harcèlement", a dénoncé Ravina Shamdasani, la porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, lors d'un point de presse.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, "exhorte les autorités à respecter et à sauvegarder les libertés d'expression, d'association et de rassemblement pacifique, qui sont garanties par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Tunisie est partie", a souligné Mme Shamdasani.

"L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées", exige encore le Haut-Commissariat, ajoutant que "les droits humains de tous les migrants doivent être protégés et les discours de haine xénophobe doivent cesser".

Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était "très préoccupé par le fait que des migrants, pour la plupart originaires du sud du Sahara, ainsi que les personnes et les organisations qui leur viennent en aide, en Tunisie, sont de plus en plus souvent pris pour cible".

Et elle a dénoncé "une augmentation de l'utilisation d'une rhétorique déshumanisante et raciste à l'encontre des migrants noirs et des Tunisiens noirs".

Le président tunisien Kais Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis juillet 2021, s'est insurgé jeudi contre les critiques occidentales, défendant la légalité de ces mesures.