OTTAWA: Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a menacé mardi de convoquer des élections législatives anticipées si l'opposition approuvait une motion des conservateurs pour relancer l'enquête sur un scandale éthique le visant directement.
« Si le parlement détermine qu'il n'a plus confiance dans ce gouvernement, malheureusement, ça va vouloir dire, oui, des élections anticipées », a déclaré mardi le dirigeant libéral.
L'opposition conservatrice a présenté une motion pour la création d'une commission parlementaire chargée de faire la lumière sur un scandale éthique ayant ébranlé le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau cet été.
Cette commission, au sein de laquelle l'opposition serait majoritaire, disposerait de vastes pouvoirs et viserait à approfondir l'affaire « Unis », nom en français de l'association caritative We Charity au coeur de ce scandale.
Maintenant dissoute, cette association avait reçu au début de l'été un important contrat gouvernemental alors qu'elle avait rémunéré des membres de la famille Trudeau.
Le gouvernement Trudeau pourfend cette résolution, que les conservateurs comptaient baptiser « anticorruption » avant finalement de faire marche arrière.
Le gouvernement propose plutôt la création d'une autre commission, qu'il contrôlerait, et qui scruterait toutes les dépenses qu'il a faites depuis le début de la pandémie en mars.
La résolution de l'opposition conservatrice doit être soumise au vote de la Chambre des communes dans les prochains jours.
M. Trudeau a décidé qu'il ferait de ce vote une question de confiance envers son gouvernement, tout en réaffirmant qu'il ne voulait pas d'élections.
« Ça va être aux partis d'opposition de décider s'ils veulent continuer à faire fonctionner ce parlement (...) ou si, comme les conservateurs, ils ont perdu confiance dans ce gouvernement », a insisté M. Trudeau lors d'une conférence de presse.
« On a des questions raisonnables », a assuré de son côté Erin O'Toole, le nouveau chef du parti conservateur. « Ce n'est pas notre priorité d'avoir une élection, mais les Canadiens ont besoin de réponses, de connaître la vérité et c'est pourquoi nous avons cette motion aujourd'hui ».
Cette guerre d'usure survient deux semaines après que le gouvernement a survécu à un vote de confiance au parlement sur ses grandes priorités pour la relance économique du pays.
Le gouvernement avait alors obtenu le soutien du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), troisième groupe d'opposition à la chambre, évitant des élections anticipées, à peine un an après les législatives d'octobre 2019.
Le NPD et les indépendantistes du Bloc québécois n'ont pas encore indiqué s'ils voteraient pour ou contre la motion conservatrice.