OTTAWA : Le gouvernement canadien de Justin Trudeau a promis mercredi une série de mesures pour lutter contre la pandémie de coronavirus, au moment où une deuxième vague se profile, ainsi que la création d'un million d'emplois pour sortir de la crise.
« Comme un roseau par grands vents, nous serons secoués, mais nous ne céderons pas », a promis le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau en présentant à l'ouverture du Parlement son plan post-pandémie dans le « discours du trône », un document de politique générale.
« Notre génération est à la croisée des chemins », et le combat contre la pandémie demeure la « priorité absolue » du gouvernement, souligne le discours solennel lu au parlement par la gouverneure générale Julie Payette, représentante de la reine Elizabeth II, chef d'Etat du Canada. Le Premier ministre Trudeau était assis à ses côtés au Sénat, portant un masque noir.
Dans son plan, le gouvernement Trudeau s'engage notamment à soutenir « les gens et les entreprises aussi longtemps que la crise durera » et prévoit de prolonger un programme de subventions salariales jusqu'à l'été prochain.
« L'heure n'est pas à l'austérité », proclame le gouvernement.
Ottawa a déjà injecté plus de 300 milliards de dollars (193 milliards d'euros) pour soutenir l'économie depuis le printemps.
Le gouvernement annonce une pléthore de nouvelles dépenses non chiffrées, mais assure que la reprise économique est « bien engagée » et que son action restera guidée par « les valeurs de la viabilité et de la prudence ».
Ottawa s'engage notamment à créer « plus d'un million d'emplois » pour ramener le taux de chômage au niveau d'avant la crise, soit à environ 5,5%.
Des investissements directs dans le secteur social et les infrastructures sont notamment prévus et « les mesures en faveur du climat formeront la pierre angulaire » de ce plan, assure le gouvernement.
Deuxième vague
Le gouvernement promet ainsi de mettre en place « un plan qui permettra de surpasser les objectifs climatiques du Canada pour 2030 » en soutenant notamment la construction de « véhicules et de batteries zéro émission ». Le gouvernement s'engage à légiférer pour atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050.
Le Premier ministre devait s'adresser «à la nation» quelques heures plus tard, lors d'une rare allocution télévisée où il devrait lancer un nouvel appel aux Canadiens à redoubler d'efforts face à la pandémie.
Le Canada est confronté à une augmentation du nombre de nouveaux cas de coronavirus « à un rythme accéléré » depuis quelques semaines, qui fait craindre l'arrivée d'une deuxième vague cet automne. La pandémie y a fait plus de 9.000 morts.
Le «discours du trône » sera soumis dans les semaines à venir à un vote de confiance des députés, qui pourrait théoriquement provoquer la chute du gouvernement et la tenue de nouvelles élections. Ce vote se tiendra selon une formule «hybride », avec des députés présents à Ottawa et d'autres votant à distance.
Pour renverser le gouvernement, les trois principaux partis d'opposition n'auraient d'autre choix que de s'unir. Deux d'entre eux ont immédiatement annoncé qu'ils voteraient contre le discours.
L'indépendantiste québécois Yves-François Blanchet, positif au Covid-19 comme le chef des conservateurs Erin O'Toole, a accusé Ottawa de n'avoir «rien écouté des demandes urgentes et légitimes » des provinces, qui appelaient notamment à des transferts d'argent fédéral dans le domaine de la santé.
« Il n'y a strictement rien qui prévoit un contrôle des dépenses », a pour sa part fustigé Gérard Deltell, leader parlementaire du Parti conservateur, qui a fait savoir que son parti voterait contre.
La survie du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau est donc suspendue au vote du Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche).
Son chef Jagmeet Singh a réservé sa décision, conditionnant notamment son soutien au gouvernement Trudeau au maintien de la Prestation canadienne d'urgence, une aide financière aux salariés affectés par la Covid-19 que le gouvernement veut abolir.
« Si vous voulez mon soutien, alors vous devez renoncer à proposer de couper l'aide aux Canadiens qui ne peuvent retourner au travail », a-t-il déclaré à l'adresse de M. Trudeau. Il a également exigé la mise en place d'un système de congé-maladie spécifique pour les salariés ayant contracté le virus.
Si des élections avaient lieu ces jours-ci, les libéraux de Justin Trudeau seraient reconduits au pouvoir mais toujours sans majorité, selon un sondage Abacus publié mercredi.