OTTAWA : Le Canada va continuer à défendre les droits humains en Chine, a promis vendredi le Premier ministre Justin Trudeau après une mise en garde d'un haut diplomate chinois contre l'accueil dans ce pays de manifestants hongkongais pro-démocratie.
L'ambassadeur de Chine à Ottawa, Cong Peiwu, a appelé jeudi le Canada à ne pas accorder l'asile à des Hongkongais, ce qui pourrait avoir des conséquences sur « la santé et la sécurité » des quelque 300.000 Canadiens vivant dans ce territoire chinois théoriquement doté d'une certaine autonomie.
Selon le quotidien Globe and Mail, Ottawa a récemment accordé l'asile à un couple de Hongkongais, information ni démentie ni confirmée par les autorités canadiennes.
« Nous allons défendre, haut et fort, les droits humains partout dans le monde, qu'il s'agisse de la situation des Ouïgours, de la situation très préoccupante à Hong Kong ou de rappeler à l'ordre la Chine pour sa diplomatie coercitive », a dit M. Trudeau, qui était interrogé par la presse sur les commentaires de l'ambassadeur de Chine.
« Nous ne cherchons pas l'escalade », a-t-il cependant ajouté.
Signe des tensions de plus en plus vives entre les deux pays, le ministre canadien des Affaires étrangères François-Philippe Champagne avait auparavant jugé les propos de l'ambassadeur chinois « totalement inacceptables et dérangeants ».
Le nouveau chef de l'opposition conservatrice canadienne, Erin O'Toole, a pour sa part appelé l'ambassadeur chinois à « se rétracter complètement et à présenter des excuses publiques ».
« Si l'ambassadeur ne le fait pas rapidement, nous nous attendons à ce que le gouvernement lui retire ses titres », a ajouté M. O'Toole, qui a promis de durcir le ton face à Pékin s'il devient un jour Premier ministre.
Les relations sino-canadiennes traversent une grave crise depuis l'arrestation en décembre 2018 au Canada de la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou. Les Etats-Unis l'accusent d'avoir contourné les sanctions américaines contre l'Iran et réclament son extradition.
Peu après l'interpellation de Mme Meng, qui vit en liberté surveillée à Vancouver, un ancien diplomate canadien Michael Kovrig et un homme d'affaires, Michael Spavor, ont été arrêtés en Chine, puis accusés d'espionnage, un acte considéré par les pays occidentaux comme des représailles de la part de Pékin.