TOKYO : Le président américain Joe Biden a rencontré lundi le Premier ministre japonais Fumio Kishida à Tokyo et devait dévoiler dans l'après-midi une initiative commerciale multilatérale dans le cadre de ses efforts pour revigorer la puissance stratégique des Etats-Unis dans l'Asie-Pacifique.
Après une visite de trois jours en Corée du Sud, autre allié clé de Washington, M. Biden s'est également entretenu avec l'empereur nippon Naruhito au Palais impérial.
Les responsables américains décrivent le Japon et la Corée du Sud comme les chevilles ouvrières du dispositif américain face à la montée en puissance de la Chine, et comme des partenaires d'une alliance dirigée par l'Occident pour isoler la Russie après son invasion de l'Ukraine.
"Le Japon est une puissance mondiale clé" et "l'alliance entre les Etats-Unis et le Japon est de longue date la pierre angulaire de la paix et de la prospérité dans l'Indo-Pacifique", a déclaré M. Biden après sa rencontre avec M. Kishida.
"Nous ferons face aux défis présents et futurs ensemble", a-t-il ajouté.
"Votre visite au Japon est l'illustration que quelle que soit la situation, les Etats-Unis continueront à renforcer leur engagement dans la région", a estimé le Premier ministre nippon.
Mardi, toujours à Tokyo, M. Biden cherchera à renforcer le leadership américain dans la région Asie-Pacifique en se joignant aux dirigeants de l'Australie, de l'Inde et du Japon pour un sommet d'une alliance informelle appelée Quad.
Il s'agit d'une "occasion essentielle d'échanger des points de vue et de continuer à stimuler la coopération pratique dans la région indo-pacifique", a déclaré la Maison Blanche en employant le terme utilisé par l'administration américaine pour désigner la région Asie-Pacifique.
Toutefois, l'Inde, membre du Quad, s'est distinguée jusqu'ici par son refus de condamner ouvertement Moscou concernant la guerre en Ukraine ou de réduire ses échanges avec la Russie. M. Biden aura un entretien en tête-à-tête mardi avec le Premier ministre Narendra Modi.
Pyongyang ignore Biden
La crainte que l'imprévisible Corée du Nord tire un nouveau missile ou procède à un essai nucléaire plane sur chaque étape de la tournée de M. Biden. Rien ne s'est produit lors de son passage à Séoul.
Le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan a déclaré que la menace était toujours présente et que Pyongyang avait le choix. "Si la Corée du Nord agit, nous serons préparés à y répondre. Si la Corée du Nord n'agit pas, elle a l'occasion, comme nous l'avons déjà dit, de revenir à la table" des négociations, a-t-il dit à des journalistes.
Pyongyang a jusqu'ici refusé de répondre aux appels au dialogue, selon des responsables américains, ignorant même les offres d'aide pour combattre une brusque épidémie de Covid-19.
La situation en Corée du Nord devait être à l'ordre du jour des entretiens Biden-Kishida, a déclaré la Maison Blanche, ainsi que leur "vision commune d'un Indo-Pacifique libre et ouvert", terminologie qui vise les ambitions croissantes du régime chinois.
Les deux hommes devaient aussi faire une déclaration sur la nécessité de la "stabilité" dans le détroit de Taïwan, alors que la pression chinoise sur l'île suscite de plus en plus d'inquiétudes.
M. Kishida pourrait annoncer une augmentation des dépenses japonaises de défense, une question sensible dans un pays dont la Constitution proclame le pacifisme.
Initiative commerciale
Après une conférence de presse conjointe avec M. Kishida, M. Biden doit dévoiler une initiative commerciale très attendue, également destinée à consolider la présence des Etats-Unis dans la région, baptisée "Cadre économique indo-pacifique" (IPEF).
L'IPEF est présenté par Washington comme un cadre pour ce qui devrait devenir un groupe très soudé de nations commerçantes.
Contrairement aux blocs commerciaux traditionnels, il n'est pas prévu que les membres de l'IPEF négocient des droits de douane et facilitent l'accès aux marchés, des pratiques devenues impopulaires dans la population américaine qui redoute les menaces sur la production locale.
Le programme prévoit d'intégrer des partenaires commerciaux avec des normes convenues dans quatre domaines principaux: l'économie numérique, les chaînes d'approvisionnement, les infrastructures d'énergie propre et les mesures de lutte contre la corruption.
Jusqu'à présent, la Maison Blanche est restée muette sur le nombre de pays futurs signataires potentiels et s'interroge encore sur la manière dont les normes pourront être appliquées.
Cependant, les Etats-Unis n'ont aucun intérêt politique à revenir à un accord commercial asiatique contraignant après le retrait de Donald Trump en 2017 du Partenariat transpacifique qui regroupe des pays de l'Asie-Pacifique et des Amériques.