Le gouvernement libanais passe en mode intérimaire pour la relance économique

Le président libanais Michel Aoun (à droite) et le premier ministre Najib Mikati (au centre) dirigent la réunion du Conseil des ministres au palais gouvernemental dans la capitale Beyrouth, le 20 mai 2022 (Photo, AFP).
Le président libanais Michel Aoun (à droite) et le premier ministre Najib Mikati (au centre) dirigent la réunion du Conseil des ministres au palais gouvernemental dans la capitale Beyrouth, le 20 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 22 mai 2022

Le gouvernement libanais passe en mode intérimaire pour la relance économique

  • Les possibilités de sauvetage ne sont disponibles que par le biais du Fonds monétaire international (FMI), déclare le Premier ministre Najib Mikati
  • Gebran Bassil, député soutenu par le Hezbollah, s'attire des critiques sur la crise de l'électricité

BEYROUTH: Le mandat du Parlement libanais nouvellement élu débute dimanche, alors que l'on prévient que tout retard dans le plan de relance économique du pays sera payé très cher. Le mandat du précédent parlement a expiré samedi.

Le président libanais Michel Aoun déclare que le gouvernement de Najib Mikati est considéré comme démissionné, conformément à la Constitution.

Aoun exprime sa reconnaissance au premier ministre Najib Mikati et aux ministres, demandant au gouvernement d'agir en mode intérimaire jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé.

Le Conseil des ministre a tenu vendredi sa dernière session, marquée par des décisions de dernière minute, notamment l'approbation du plan de relance économique, malgré les objections des ministres du Hezbollah et du mouvement Amal.

EN BREF

Le Conseil des ministres a tenu vendredi sa dernière session, marquée par des décisions de dernière minute, notamment l'approbation du plan de relance économique du Liban.

Mikati assure que «les dépôts jusqu'à 100 000 dollars seront entièrement protégés», soulignant par ailleurs qu'il n’existe «pas d'économie sans banques».

La stratégie financière du plan comprend un programme visant à rétablir la solvabilité financière «en priorité afin de renforcer la confiance dans l'État».

À moyen et long terme, le programme vise à mettre la dette sur une trajectoire régressive par l'introduction d'ajustements financiers progressifs accompagnés de réformes permanentes et stratégiques de restructuration de la dette.

Le gouvernement prévoit également d'annuler une grande partie des obligations en devises de la Banque centrale envers les banques commerciales.

Le Conseil des ministres adopte une augmentation du tarif des télécommunications, à partir de juillet, accompagnée de la formation d'un comité ministériel chargé d'examiner les remarques du plan du ministre des Communications.

Il n’adopte toutefois pas l’article lié aux dollar douanier à la suite de son retrait de l’ordre du jour par le ministre des Finances «afin d’éviter la colère du public».

Le Conseil des ministres adopte l'allocation de 35 millions de dollars pour les maladies chroniques et les médicaments contre le cancer, à condition que le montant soit garanti par la Banque de l’habitat en dollars américains, ce qui serait suffisant pour quatre mois.

«Tout retard dans le plan de relance sera payé cher. Si nous avions résolu ce problème il y a deux ans, le coût aurait été bien moindre», prévient Mikati.

Il souligne que les possibilités de sauvetage ne sont disponibles que par le biais du FMI, et que la Banque centrale doit fixer les normes nécessaires de manière à assurer la croissance de l'économie.

Mikati critique les tentatives de certaines personnes de privilégier leurs propres intérêts au détriment de l'intérêt public, trouvant indirectement à redire sur la façon dont le Mouvement patriotique libre a géré la crise de l'électricité.

«J'ai personnellement reçu deux offres de sociétés désireuses d'exploiter les usines d'Al-Zahrani et de Deir Ammar pour produire de l'électricité à partir de gaz à d'excellents prix. Un bureau d'études a été chargé d'étudier les deux offres, mais malheureusement, le ministre de l'Énergie a retiré ce point de l'ordre du jour du Conseil des ministres pour qu'il soit à nouveau examiné», ajoute-t-il. 

Commentant la question de l'électricité, le député Ashraf Rifi indique samedi: «Ce que Mikati a dit à propos du retrait de ces offres de l'ordre du jour du Conseil des ministres représente la continuation d'un crime majeur commis contre les Libanais plongés dans l'obscurité. C'est Gebran Bassil, soutenu par le Hezbollah, qui est à blâmer.»

«Bassil a repris en charge le ministère de l'Énergie depuis 2008 comme s'il s'agit de sa propriété personnelle, avec tous les échecs, le gaspillage et la corruption qui y sont pratiqués, et les Libanais en paient le prix», souligne-t-il.

Rifi appelle les députés souverainistes et réformistes à faire de la question de l'électricité leur priorité, à convenir d'un plan d'action et à demander des comptes aux personnes impliquées.

Le Groupe international de soutien au Liban appelle à l'adoption de la législation nécessaire pour assurer la stabilité économique du Liban, renforcer la gouvernance et mettre en œuvre les réformes dont le Liban et son peuple ont besoin de toute urgence, dans le but de remettre le pays les rails.

Le groupe appelle également toutes les parties concernées à agir rapidement pour former un gouvernement capable d’établir les réformes vitales qui n'ont que trop tardé et à continuer à travailler avec le FMI, surtout en mettant en œuvre les mesures préalables que le Liban s'est engagé à prendre, dans le cadre de l'accord conclu avec les services du FMI le 7 avril, afin de poser des bases solides pour le redressement social et économique durable du Liban.

Le département d'État américain exhorte les députés élus et les dirigeants politiques à répondre à l'appel au changement du peuple libanais et à travailler sérieusement et de toute urgence afin de prendre les mesures nécessaires pour sauver l'économie.

Il invite à la formation rapide d'un gouvernement capable et déterminé à mener à bien le travail sérieux, nécessaire pour rétablir la confiance du peuple libanais et de la communauté internationale.

Le parlement élu se prépare entre-temps, à élire un président et un vice-président.

Le bloc du développement et de la libération annonce la nomination de Nabih Berri au poste de président du parlement à l'issue d'une réunion dirigée par ce dernier. Il est à la tête du Parlement depuis 1992 et personne ne se présente contre lui.

Si Berri est élu par acclamation, il s'agira de son septième mandat.

Le bloc souligne la nécessité pour le gouvernement intérimaire de s'acquitter de ses fonctions pendant la période de transition et de prendre en charge les questions qui concernent la population et ses problèmes économiques et sociaux, en particulier le contrôle du taux de change et l'approvisionnement en carburant, en pain et autres nécessités.

Le Mouvement patriotique libre, le Parti des forces libanaises et des députés indépendants et réformistes sont contre la nomination de Berri.

Le membre du bloc Développement et Libération, le Dr Michel Moussa, déclare à Arab News: «Dans cette étape déterminante, les blocs parlementaires communiquent entre eux pour exprimer leurs positions quant à la candidature de Berri, alors qu'il est tout à fait naturel qu'il se présente.»

Il explique que les blocs tiendraient leurs réunions la semaine prochaine. «Mais au Liban, tout se décide à la dernière minute», ajoute-t-il. 

À partir de dimanche soir, les députés élus auront 15 jours pour élire le président, précise Moussa.

Sinon, le processus de désignation d'un nouveau premier ministre pour former le prochain gouvernement serait perturbé, à condition que le gouvernement intérimaire continue de fonctionner jusqu'à la publication d'un décret pour former le nouveau gouvernement.

«Toutes ces questions seront claires la semaine prochaine».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.