La violence des Palestiniens à l'encontre des Israéliens a récemment augmenté, créant une crise au sein du gouvernement de Tel-Aviv, ce qui se traduit généralement par des mesures encore plus dures et une rhétorique accrue sur «l'antisémitisme».
Le conflit entre Israël et les Palestiniens est une guerre des droits humains et civils doublée d'une guerre des mots.
En réponse aux récentes attaques perpétrées par des Palestiniens contre des Israéliens, le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a annoncé lundi dernier qu'il envisageait davantage de mesures contre les droits de l'homme pour punir non les «terroristes», mais leurs familles. Je place le mot «terroristes» entre guillemets, car, dans la plupart des cas, il n'y a pas de procès, seulement des déclarations de responsables israéliens sur les actes. Les auteurs présumés, s'ils sont palestiniens, sont presque toujours assassinés par les forces israéliennes, même s'ils ont été blessés et mis hors d'état de nuire. Beaucoup sont simplement abattus d'une balle dans la tête, alors qu'ils gisent blessés sur le sol et qu'on leur refuse des soins médicaux.
Cette colère israélienne est considérée comme justifiée, tandis que la colère palestinienne est tenue pour de la «violence» ou du «terrorisme». Les Israéliens juifs ont le droit d'être en colère, mais pas les Palestiniens chrétiens ou musulmans.
Il existe un autre facteur qu'Israël utilise pour brouiller intentionnellement la vérité sur sa violence: la censure que le gouvernement exerce sur les journalistes – quand ils ne sont pas tués, bien sûr.
En Israël, les médias sont contraints de ne rapporter que ce que le gouvernement approuve. Les grands médias occidentaux jouent le jeu de cette censure, allant même jusqu'à engager des journalistes juifs pour couvrir la violence de manière unilatérale afin qu’ils restent dans le pays. Les journalistes arabes, en particulier, sont soumis à des restrictions relatives aux endroits où ils peuvent ou ne peuvent pas aller pour effectuer leurs reportages. C'est une tactique que les Israéliens ont acquise du gouvernement d'apartheid dirigé par le Parti national d'Afrique du Sud.
Lorsque Shireen Abu Akleh, une journaliste palestinienne chrétienne, a été tuée, la semaine dernière, les Israéliens ont immédiatement profité de leur censure et de leur contrôle des médias pour affirmer qu'elle avait été touchée par des tirs palestiniens lors d'un raid provocateur des forces israéliennes dans le camp de réfugiés de Jénine, pour traquer des «terroristes», ont-ils prétendu. Cependant, des témoins palestiniens ont affirmé qu’ils étaient la cible des soldats israéliens. Et la stratégie d'Israël a tourné court lorsqu’il a été révélé qu'Abu Akleh n'était pas décédée à proximité d'un tir palestinien.
Lorsque les Israéliens assassinent des Palestiniens, très peu sont accusés de crime et encore moins sont condamnés. Et, même lorsqu'ils sont punis, ils écopent généralement de peines extrêmement clémentes. Le gouvernement israélien ne détruit jamais les maisons des tueurs juifs et n'expulse jamais leurs familles.
Le meurtre d'un Palestinien est considéré comme une nouvelle mineure par la plupart des médias, mais le meurtre d'un Juif israélien est une situation de crise antisémite.
Ray Hanania
Aujourd'hui, Bennett pousse encore plus loin les politiques d'apartheid scandaleuses d'Israël. Il a annoncé qu'il envisageait non seulement d'expulser les familles des Palestiniens accusés de terrorisme qui vivent en Cisjordanie, mais aussi de les déporter dans la bande de Gaza, la prison à ciel ouvert que Tel-Aviv contrôle de la même manière que l'Union soviétique contrôlait autrefois les pays situés derrière le rideau de fer. Bennett veut également démolir les maisons familiales des citoyens palestiniens d'Israël si ces derniers sont soupçonnés de terrorisme, car ne pas être assez ferme sur les droits des Palestiniens chrétiens et musulmans pourrait nuire à son gouvernement de coalition.
Les Israéliens s'empressent de réagir à la montée de la violence lorsque les victimes sont juives. Mais ils ne semblent pas s'inquiéter du fait que la grande majorité des victimes sont, en réalité, des non-Juifs, presque tous tués par des soldats israéliens ou des colons fanatiques armés. L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme, qui suit l’évolution de la violence dans le conflit, a signalé le mois dernier qu'Israël avait tué cinq fois plus de Palestiniens jusqu'à présent en 2022 qu'au cours de la même période l'année dernière. Même si Israël a connu une hausse de la violence, avec 19 Israéliens décédés cette année, ce chiffre reste inférieur aux 47 Palestiniens tués par Israël au mois dernier – un nombre que les médias occidentaux israéliens et pro-israéliens marginalisent.
Le meurtre d'un Palestinien est considéré comme une nouvelle mineure par la plupart des médias, mais le meurtre d'un Juif israélien est une situation de crise antisémite.
Quel que soit le nombre de Palestiniens qu'Israël tue ou expulse après avoir détruit leurs maisons familiales et donné leur terre à des colons israéliens racistes, les Palestiniens se montreront toujours plus résolus à demander des comptes à Israël.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Vous pouvez le joindre sur son site personnel à l'adresse www.Hanania.com
Twitter: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.