Tunisie: Les enjeux de la transition énergétique

Une part significative de son territoire (plus de 33 %) est couverte par le désert du Sahara, offrant des conditions idéales au développement de la production locale d’énergie solaire (Photo, Getty Images/AFP).
Une part significative de son territoire (plus de 33 %) est couverte par le désert du Sahara, offrant des conditions idéales au développement de la production locale d’énergie solaire (Photo, Getty Images/AFP).
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Publié le Dimanche 22 mai 2022

Tunisie: Les enjeux de la transition énergétique

  • Le pays a affiché des objectifs ambitieux qu’il peine à réaliser
  • Face aux crises mondiales et au réchauffement, le processus semble pourtant nécessaire

PARIS: Énergies renouvelables, climat et efficience énergétique sont les maîtres mots de Louis Boisgibault, professeur à l’International School of Business de Sfax. Ces questions, il y travaille depuis le début de sa carrière, d’abord dans le privé, pour de grands groupes tels que le géant français Engie, puis dans l’enseignement supérieur. Louis Boisgibault a accepté de répondre à Arab News en français sur l’un de ses sujets de prédilection, la transition énergétique en Tunisie.

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Louis Boisgibault (Photo fournie par ISB Sfax - 2022).

Ce pays, situé au nord-est de l’Afrique, dispose de maigres réserves d’hydrocarbures, contrairement à son voisin algérien. Les réserves de pétrole et de gaz de la Tunisie sont évaluées à cent mille barils équivalent pétrole par jour, «une petite production donc», explique Louis Boisgibault, «mais qui existe». Ces ressources limitées ne permettent pas au pays d’être autosuffisant, l’obligeant à recourir aux importations pour subvenir à ses besoins énergétiques.

Ambitions non réalisées

Dès 1985, retrace M. Boisgibault, la Tunisie crée sa propre agence nationale de maîtrise de l’énergie, «affichant une politique volontariste en matière d’efficacité énergétique», estime-t-il. Ce départ aussi précoce que prometteur n’a pourtant pas vraiment été suivi d’effet. Une tendance qui se poursuit jusqu’à notre époque récente: en 2008, dans le cadre du Plan solaire méditerranéen (visant à réduire la dépendance énergétique des pays signataires), la Tunisie s’était engagée à ce que 12 % de sa production électrique provienne des énergies renouvelables à l’horizon 2020. Aujourd’hui, ce chiffre peine pourtant à attendre 5 %, explique Louis Boisgibault, qui s’avoue «désolé» que la politique énergétique tunisienne «ne se soit pas développée plus rapidement».

La tendance demeure: en 2014, une nouvelle Constitution mentionne pour la première fois le climat et les enjeux environnementaux. Lors de la COP21, la Tunisie s’engage également à réduire ses émissions de dioxyde carbone (CO2). Beaucoup de bonne volonté donc, mais avec peu de résultats.

Cette inaction, M. Boisgibault l’explique notamment par l’instabilité politique qui règne dans le pays «depuis la chute de Ben Ali en 2011». La transition énergétique est forcément un processus à long terme qui requiert une certaine continuité de la part des décideurs. L’incertitude qui règne dans le pays freine aussi l’investissement fourni par secteur privé, déjà refroidi par les attentats terroristes de 2015. La toute récente dissolution du Parlement tunisien décidée par le président Kaïs Saïed confirme cet état des lieux. À cela s’ajoute «un contexte juridique et administratif complexe» qui complique encore la mise en place d’ambitieuses politiques de réduction des émissions de carbone.


Une transition inéluctable

La Tunisie tirerait pourtant profit de telles réformes. Une part significative de son territoire (plus de 33 %) est en effet couverte par le désert du Sahara, offrant des conditions idéales au développement de la production locale d’énergie solaire.
Le secteur énergétique est actuellement le plus grand émetteur de CO2 dans le pays. Les émissions engendrées participent à l’accélération du réchauffement climatique, qui risque d’après l’expert d’accentuer l’érosion des côtes tunisiennes et la progression de la désertification des sols. L’impact de cette dernière sur l’agriculture tunisienne serait «dramatique si ce réchauffement était trop important», avertit Louis Boisgibault, dans un pays qui importe déjà une quantité significative de céréales. L’augmentation des prix des matières premières liée à l’épidémie de coronavirus et à la guerre en Ukraine renforce encore l’idée de viser une certaine autosuffisance. «On prend conscience que la production locale est importante, et c’est vrai aussi pour la production électrique», résume-t-il.

Le gouvernement tunisien semble en avoir pleinement pris conscience. L’exécutif vise désormais le seuil de 30 % de sa production énergétique qui devra provenir du renouvelable d’ici à 2030. Énième ambition creuse? Louis Boisgibault reste optimiste: «Un Conseil des ministres fin 2021 a été entièrement consacré aux énergies renouvelables, au cours duquel a été décidée la construction de cinq centrales solaires», se réjouit-il. «Dans l’objectif 2030, le solaire représente deux tiers (l’éolien, un tiers), et il va forcément se développer.» Le retard pris par le pays en matière de transition énergétique pourrait également lui permettre de profiter des expériences de ses voisins comme le Maroc, bon élève en la matière. La Tunisie éviterait ainsi de reproduire «les mêmes erreurs» et elle pourrait acquérir «des équipements meilleur marché» à mesure que les technologies deviennent plus accessibles.

L’optimisme est donc de rigueur pour Louis Boisgibault, qui compte «à son petit niveau» former la jeunesse tunisienne, déjà sensibilisée aux enjeux climatiques, à redéfinir la production énergétique de demain.


Le ministre saoudien des communications appelle à combler le fossé mondial de l’IA

Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
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  • À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain
  • M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes

GENÈVE : Le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information a appelé à une "collaboration internationale décisive" pour remédier à l'inégalité des infrastructures informatiques qui pourrait laisser d'autres nations à la traîne à l'ère de l'intelligence artificielle.

Dans un discours prononcé à l'occasion du 160e anniversaire de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le ministre Abdullah Al-Swaha a évoqué "la concentration de la puissance informatique dans quelques régions, le manque d'infrastructures d'intelligence artificielle dans de nombreux pays et la participation limitée des pays du Sud à l'élaboration des cadres de gouvernance et des politiques de réglementation".

Aujourd'hui, le monde est confronté à un "fossé existentiel" en raison des disparités alarmantes dans l'accès aux technologies de l'IA, a déclaré le ministre, selon l'agence de presse saoudienne.

M. Alswaha a déclaré que le monde pouvait tirer des leçons des phases précédentes de la transformation technologique : l'ère analogique, qui a pris plus d'un siècle pour connecter 800 millions de personnes, et l'ère numérique, qui a connecté 5,5 milliards d'individus en seulement 50 ans, mais qui a laissé 2,6 milliards d'individus sans connexion.

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Le ministre Al-Swaha a déclaré que l'Arabie saoudite sous le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane avait positionné le Royaume en tant que leader mondial à l'ère de l'IA grâce à une série d'initiatives audacieuses. (SPA)

À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain.

M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes.

Il a souligné les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour combler ces fossés, en citant l'autonomisation numérique des femmes dans le Royaume - qui ont maintenant un taux de participation d'environ 35 % - et le fait que le Royaume se soit classé en tête du classement mondial en matière de compétitivité numérique pendant deux années consécutives.

Il a également souligné que les chercheurs de l'université saoudienne King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) se classent parmi les premiers pour cent au niveau mondial en matière de citations scientifiques, ce qui laisse espérer l'avenir de l'IA.

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Le ministre Abdullah Al-Swaha et sa délégation. (SPA)

Il a également souligné les progrès réalisés par le Royaume en matière de réglementation sur la protection des données et le développement de "modèles linguistiques qui favorisent un accès inclusif à la technologie pour diverses communautés".

M. Al-Swaha a en outre cité le projet HUMAIN lancé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane "pour fournir tout le spectre des capacités d'IA, des processeurs avancés aux meilleurs talents, et pour positionner le Royaume en tant que pionnier mondial de l'IA."

"Les efforts du Royaume sont une réponse directe aux défis mondiaux urgents", a-t-il déclaré.

M. Al-Swaha a souligné que les dix prochaines années seront déterminantes pour combler les fossés. Il a appelé à des "partenariats multinationaux sous l'égide de l'UIT pour construire un écosystème de l'IA équitable, sûr et inclusif qui soutienne le développement durable et améliore le bien-être humain".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.