L'Otan prépare son élargissement, le sort des combattants d'Azovstal incertain

De gauche à droite, l'ambassadeur de Finlande à l'OTAN, Klaus Korhonen, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, et l'ambassadeur de Suède à l'OTAN, Axel Wernhoff, lors d'une cérémonie marquant la demande d'adhésion de la Suède et de la Finlande, à Bruxelles, le 18 mai 2022. (AFP).
De gauche à droite, l'ambassadeur de Finlande à l'OTAN, Klaus Korhonen, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, et l'ambassadeur de Suède à l'OTAN, Axel Wernhoff, lors d'une cérémonie marquant la demande d'adhésion de la Suède et de la Finlande, à Bruxelles, le 18 mai 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

L'Otan prépare son élargissement, le sort des combattants d'Azovstal incertain

  • «Je salue avec chaleur et soutiens avec force les candidatures historiques (à l'Otan) de la Finlande et de la Suède», a déclaré le président américain Joe Biden
  • Historiquement non-alignés, ces deux pays nordiques ont opéré un revirement spectaculaire depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février

KIEV : Le conflit en Ukraine, où le devenir des derniers combattants retranchés dans l'usine Azovstal de Marioupol restait incertain, sera en filigrane de la rencontre jeudi du président américain avec les dirigeants suédois et finlandais qui frappent à la porte de l'Otan pour se protéger de Moscou.

L'Alliance atlantique est inscrite au menu des deux côtés de l'océan puisque son secrétaire général Jens Stoltenberg doit discuter à Copenhague à la mi-journée avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dont le pays est membre de l'Otan depuis 1949.

En revanche, Suède et Finlande viennent tout juste d'entamer les démarches pour intégrer l'Otan en soumettant mercredi leur candidature formelle.

"Je salue avec chaleur et soutiens avec force les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède", a déclaré le président américain Joe Biden.

Selon la porte-parole de l'exécutif Karine Jean-Pierre, il recevra jeudi matin à la Maison Blanche la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö.

Historiquement non-alignés, ces deux pays nordiques ont opéré un revirement spectaculaire depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février, qui a également fait basculer leur opinion publique, auparavant réticente à rejoindre l'Otan.

La Finlande partage plus de 1 300 km de frontières avec la Russie.

En attendant que s'achève ce processus d'adhésion --qui peut prendre plusieurs mois et nécessite l'unanimité des membres--, "les Etats-Unis travailleront avec la Finlande et la Suède pour rester vigilants face à toute menace contre notre sécurité commune et pour décourager et faire face à toute agression ou menace d'agression", a martelé mercredi la Maison Blanche.

Adhésion à l'UE: Kiev dénonce un «traitement de seconde zone» par «certaines capitales»

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dénoncé jeudi un "traitement de seconde zone" de la part de "certaines capitales" au sujet de la candidature ukrainienne pour adhérer à l'Union européenne.

"L'ambiguïté stratégique sur la perspective européenne de l'Ukraine pratiquée par certaines capitales de l'UE au cours des dernières années a échoué et doit cesser", a-t-il affirmé sur Twitter, évoquant un "traitement de seconde zone" qui "blesse les Ukrainiens".

Dans son intervention à l'occasion du jour de l'Europe, le 9 mai, M. Macron avait souligné que l'Ukraine, envahie par la Russie, était déjà "membre de coeur de notre union".

Mais le processus d'adhésion à l'UE, à laquelle aspire Kiev, "prendrait plusieurs années, en vérité plusieurs décennies", avait-il estimé, tout en proposant, en parallèle, la création d'une "organisation européenne nouvelle".

Un point de vue qui avait surpris Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky rappelant dans un échange avec des étudiants français mercredi dernier qu'"on ne peut nous garder à distance".

"C'est comme une table où toute la famille est réunie, et on t'a invité, mais on ne t'a pas mis de chaise. Je pense que c'est injuste", avait-il lancé.

"Il est très important pour nous de réserver cette place (dans l'UE) à l'Ukraine", a renchéri le lendemain M. Kouleba.

Tandis que les pays occidentaux s'emploient à resserrer leurs rangs pour essayer d'éteindre toutes éventuelles velléités du président russe Vladimir Poutine de s'en prendre à d'autres pays, des combats se poursuivent sur le sol ukrainien. En particulier à l'usine sidérurgique d'Azovstal, dans le port stratégique de Marioupol (sud-est).

Le ministère russe de la Défense a affirmé mercredi que "959 combattants (ukrainiens) dont 80 blessés se sont constitués prisonniers" depuis lundi. Des informations que l'Ukraine n'avait pas commentées.

«Surhommes» d'Azovstal

"Les commandants et les combattants de haut rang du (régiment) Azov ne sont pas encore sortis" du dernier bastion de la résistance ukrainienne dans cette cité portuaire, a assuré Denis Pouchiline, un chef séparatiste prorusse. D'après lui, un millier de membres de cette unité paramilitaire intégrée à l'armée ukrainienne s'y terraient toujours.

L'Ukraine a donné ce même chiffre, mais la semaine dernière. 

Plusieurs centaines de civils s'étaient réfugiés dans ces sous-sols, ils ont été évacués fin avril.

L'armée russe a concentré ses efforts mercredi "sur le blocage de nos unités près d'Azovstal" avec des tirs d'artillerie et des frappes aériennes, a signalé l'état-major des forces ukrainiennes.

Dans les rues de la capitale ukrainienne, la population a rendu hommage aux "surhommes" de ce complexe sidérurgique. Ils "ont réussi des choses impossibles", a commenté Andriï, 37 ans.

La prise totale de Marioupol, sur la mer d'Azov, constituerait une avancée importante pour la Russie. Elle lui permettrait de relier par voie terrestre la péninsule de Crimée (sud), que Moscou a annexée en 2014, aux parties du Donbass (est) déjà aux mains de séparatistes prorusses.

"Les Russes volent à Marioupol. Les occupants essaient désormais de remettre en ordre le port de commerce pour exporter l'équivalent de millions de dollars de céréales, de produits métallurgiques" notamment, a fait valoir mercredi soir sur Telegram la mairie de Marioupol.

Selon un responsable américain s'exprimant mercredi sous couvert d'anonymat, "des responsables russes reconnaissent que bien qu'elles revendiquent être les 'libératrices' de la ville russophone de Marioupol, les troupes russes commettent des actes graves dans la ville, y compris le passage à tabac et l'électrocution de responsables de la ville, et elles pillent des logements".

"Des responsables russes s'inquiètent du fait que ces actes puissent inciter davantage les habitants de Marioupol à résister à l'occupation russe", a-t-il poursuivi.

Des enquêtes des autorités ukrainiennes et d'organismes étrangers sont en cours concernant les nombreuses accusations à l'encontre des troupes russes d'exactions et de crimes de guerre. La Cour pénale internationale a dépêché une équipe de 42 enquêteurs et experts, soit sa plus grande mission jamais envoyée sur le terrain.

Crimes de guerre

"Plus de 8 000 cas" présumés de crimes de guerre ont été identifiés en Ukraine, affirmait fin avril la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova.

Un procès pour crime de guerre s'est ouvert mercredi à Kiev, le premier depuis l'invasion.

Le soldat de 21 ans Vadim Chichimarine est accusé d'avoir abattu fin février un civil de 62 ans qui circulait, non armé, à bicyclette. Il a plaidé coupable et risque la prison à perpétuité.

Le Kremlin a dit n'avoir "aucune information" sur cette affaire, clamant que les crimes de guerre imputés à l'armée russe étaient "des fakes ou des mises en scène".

Dans l'est de l'Ukraine, "les occupants ont bombardé 43 localités dans les régions de Donetsk et de Lougansk", provoquant la mort d'"au moins 15 civils", a affirmé dans la soirée l'armée ukrainienne.

Ukraine : Scholz réticent à une adhésion rapide à l'UE

Le chancelier allemand Olaf Scholz a affirmé jeudi qu'il n'était pas favorable à l'octroi à l'Ukraine d'un "raccourci" en vue d'une adhésion à l'Union européenne (UE) qui, selon lui, n'est "pas une affaire de quelques mois ou quelque années".

"Le fait qu'il n'y ait pas de raccourci sur la voie de l'adhésion à l'UE (de l'Ukraine) est un impératif d'équité envers les six pays des Balkans occidentaux" qui souhaitent de longue date rejoindre le bloc européen, a-t-il souligné lors d'un discours devant les députés du Bundestag. 

Le président français "Emmanuel Macron a raison de souligner que le processus d'adhésion n'est pas une affaire de quelques mois ou de quelques années", a-t-il ajouté.

"C'est pourquoi nous voulons actuellement nous concentrer sur le soutien rapide et pragmatique à l'Ukraine" soumise à l'offensive russe depuis le 24 février, a-t-il répété avant le sommet UE-Balkans occidentaux lundi à Bruxelles.

L'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie ont récemment demandé le statut de candidat tandis que six pays des Balkans occidentaux --Serbie, Kosovo, Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro et Bosnie-- aspirent à intégrer l'UE mais le processus d'élargissement est bloqué depuis des années.

Ces six pays "entreprennent des réformes intensives depuis des années", a jugé le chef du gouvernement. "Le respect de nos engagements envers eux n'est pas seulement une question de crédibilité", a-t-il fait valoir.

Le dirigeant allemand a insisté sur le fait qu'un élargissement était "dans notre intérêt stratégique" face aux aspirations de la Russie qui exerce déjà une grande influence sur certains pays de la région.

"Il s'agit aussi de notre propre sécurité qui ne peut exister sans des Balkans occidentaux européens et stables", selon lui.

Les Russes tentent une percée près de Popasna et en direction de Severodonetsk, l'une des grandes villes aux mains des Ukrainiens dans cette zone, a averti un haut responsable local.

L'état-major ukrainien a précisé jeudi matin que les "occupants" avaient lancé une offensive et mené des assauts près de Severodonetsk "mais ils n'ont pas eu de succès".

L'armée russe cherche à "encercler" et à "vaincre" les unités ukrainiennes "afin de prendre le contrôle total des régions de Donetsk, Lougansk et Kherson", a noté le ministère ukrainien de la Défense.

L'est de l'Ukraine est l'objectif prioritaire des troupes russes depuis leur retrait des environs de la capitale ukrainienne fin mars.

Libération «pas à pas»

Le président Volodymyr Zelensky s'est voulu rassurant: "Les forces armées ukrainiennes (...) vont libérer notre terre pas à pas. Combien de temps cela prendra-t-il? Seule la situation réelle sur le champ de bataille donnera la réponse à cette question. 

Nous tentons de le faire le plus vite possible, c'est sûr", a-t-il insisté dans son message vidéo quotidien dans la soirée.

A l'aube jeudi, un bombardement dans un village du sud-ouest de la Russie, situé à la frontière avec l'Ukraine, dans la région de Koursk, a fait un mort et des blessés, a indiqué le gouverneur de cette région.

"Une autre attaque ennemie à Tyotkino, qui a eu lieu à l'aube, s'est malheureusement achevé en tragédie. Pour le moment, nous avons connaissance de la mort d'au moins un civil", a indiqué Roman Starovoyt sur Telegram où il a publié des photos de bâtiments calcinés, avec les vitres soufflées et des brèches sur le sol.

Dans ce contexte, les pourparlers entre Moscou et Kiev "n'avancent pas", a jugé mercredi le Kremlin, qui a accusé les négociateurs ukrainiens d'"absence totale de volonté" de parvenir à un règlement politique.

Sur le plan diplomatique, les Etats-Unis ont rouvert leur ambassade à Kiev, fermée juste avant l'offensive russe. 

Au même moment, le Kremlin annonçait l'expulsion de 34 diplomates français, 24 italiens et 27 espagnols, en représailles à celles de diplomates russes peu après le déclenchement de l'invasion. Un acte "condamné fermement" par Paris, qualifié d'"hostile" par Rome et "rejeté" par Madrid.

Mais ces mesures de rétorsion n'entament pas la détermination des Occidentaux à aider l'Ukraine en lui livrant des armements et en lui fournissant des fonds.

M. Zelensky s'est dit "reconnaissant" de la "nouvelle assistance macrofinancière exceptionnelle" proposée mercredi par l'Union européenne, d'un montant allant "jusqu'à neuf milliards d'euros en 2022".

Bruxelles a présenté un plan de 210 milliards d'euros pour affranchir l'UE "le plus vite possible" des importations de gaz russe.

Les ministres des Finances du G7 (Etats-Unis, Japon, Canada, France, Italie, Royaume-Uni, Allemagne), réunis jeudi et vendredi en Allemagne, veulent en particulier boucler un nouveau tour de table pour couvrir le budget ukrainien du trimestre en cours mais aussi lutter contre la hausse des prix alimentaires.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé Moscou à ne pas entraver les exportations de céréales ukrainiennes, et les Occidentaux à ouvrir l'accès des engrais russes aux marchés mondiaux.


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »


Le dirigeant de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré Donald Trump aux États-Unis

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
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  • « Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée » a indiqué la porte-parole de l'Alliance Atlantique.
  • Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

BRUXELLES : Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré vendredi le président américain élu Donald Trump à Palm Beach, en Floride, a annoncé samedi la porte-parole de l'Alliance Atlantique.

« Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée », a-t-elle indiqué dans un court communiqué, sans plus de détail.

L'ancien Premier ministre néerlandais avait indiqué vouloir rencontrer Donald Trump deux jours après son élection, le 5 novembre.

Il avait alors affirmé vouloir discuter avec lui de la « menace » que représente le renforcement des liens entre la Russie et la Corée du Nord.

« J'ai hâte de m'asseoir avec le président Trump et de voir comment nous allons collectivement nous assurer que nous faisons face à cette menace », avait-il déclaré le 7 novembre, en marge d'un sommet de dirigeants européens à Budapest.

Depuis, il n'a cessé de mettre en garde contre les dangers d'un rapprochement entre la Chine, la Corée du Nord et l'Iran, trois pays accusés d'aider la Russie dans son effort de guerre contre l'Ukraine.

Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

La Russie soutient financièrement Pyongyang et lui apporte son expertise en matière de technologie de missiles. « C'est très inquiétant. Ces missiles représentent une menace directe pour le territoire américain », avait-il plaidé.

De même, en collaborant avec la Corée du Nord, l'Iran et la Chine, la Russie « ne menace pas seulement l'Europe, mais aussi la paix et la sécurité dans l'Indo-Pacifique et en Amérique du Nord », selon lui.

Les pays européens s'inquiètent également de la promesse du milliardaire américain de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures, avec un accord allant à l'encontre des intérêts de Kiev et les laissant à l'écart.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.