BEYROUTH: Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah a appelé mercredi les députés récemment élus à « coopérer », au sein du nouveau Parlement « sans majorité », après des législatives marquées par une percée de candidats indépendants issus de la contestation populaire contre la classe politique.
Les élections législatives ont eu lieu dimanche dans un pays miné par la pire crise socio-économique de son histoire imputée par une grande partie de la population, des organisations internationales et pays étrangers à la corruption et l'inertie de la classe dirigeante, inchangée depuis des décennies.
« Sans coopération, il y aura le vide, le chaos et l'échec », a affirmé le chef du parti chiite, lors de sa première allocution télévisée, retransmise par la chaine du Hezbollah Al-Manar, depuis le scrutin.
« Aucun groupe (parlementaire) ne peut prétendre avoir obtenu la majorité », a-t-il dit. « Et aucun groupe ne peut résoudre à lui seul les crises économique et financière dans le pays, même s'il avait la majorité », a-t-il ajouté, tout en affirmant que son parti « garde une forte présence au Parlement ».
Selon les résultats définitifs, le Hezbollah et ses alliés politiques n'ont pas obtenu les 65 sièges nécessaires pour conserver leur majorité à l'Assemblée qui compte 128 députés.
Le bloc dirigé par le Hezbollah, et comprenant principalement la formation chiite Amal et le parti chrétien du Courant Patriotique Libre (CPL) du président Michel Aoun, avait 70 députés dans le Parlement sortant.
Leur principal adversaire, le parti chrétien des Forces Libanaises, a annoncé avoir obtenu 18 sièges, contre 15 sièges en 2018.
Le reste des sièges ont été obtenus par la formation du leader druze Walid Joumblatt, de petits partis chrétiens, des proches de l'ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri ainsi que des indépendants issus d'un mouvement de contestation populaire en 2019. Tous sont considérés comme hostiles au Hezbollah.
Alors que le pays est plongé dans une très grave crise économique, aucune mesure de redressement n'a été entreprise par la classe dirigeante accusée de laisser couler le pays.
Depuis 2019, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur, les épargnants subissent des restrictions bancaires étouffantes et près de 80% de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté selon l'ONU.
Le mouvement chiite pro-iranien est la seule faction libanaise à avoir gardé ses armes après la guerre civile (1975-1990).