Après les élections au Liban, des experts craignent une paralysie politique

Parmi les grands gagnants du scrutin de dimanche, figurent notamment les Forces Libanaises (FL), parti chrétien de l'opposition qui a axé sa campagne contre le Hezbollah, ainsi que des indépendants issus du mouvement de contestation anti-système déclenché en 2019 qui font leur entrée au Parlement. (Photo, AFP)
Parmi les grands gagnants du scrutin de dimanche, figurent notamment les Forces Libanaises (FL), parti chrétien de l'opposition qui a axé sa campagne contre le Hezbollah, ainsi que des indépendants issus du mouvement de contestation anti-système déclenché en 2019 qui font leur entrée au Parlement. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 18 mai 2022

Après les élections au Liban, des experts craignent une paralysie politique

Parmi les grands gagnants du scrutin de dimanche, figurent notamment les Forces Libanaises (FL), parti chrétien de l'opposition qui a axé sa campagne contre le Hezbollah, ainsi que des indépendants issus du mouvement de contestation anti-système déclenché en 2019 qui font leur entrée au Parlement. (Photo, AFP)
  • D'après les résultats annoncés mardi, le Hezbollah chiite et ses alliés politiques n'ont pas obtenu les 65 sièges nécessaires pour conserver leur majorité à l'Assemblée, qui compte 128 députés
  • « Si le président du Parlement n'est pas élu faute de majorité, je pense qu'on se dirige vers un vide institutionnel », souligne l'ancien ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud

BEYROUTH: Après le revers infligé au Hezbollah et ses alliés aux législatives, des experts craignent une paralysie politique au Liban à l'approche d'échéances critiques, dans un pays miné par une profonde crise socio-économique largement imputée à la corruption et l'inertie de la classe dirigeante. 
D'après les résultats annoncés mardi, le Hezbollah chiite et ses alliés politiques n'ont pas obtenu les 65 sièges nécessaires pour conserver leur majorité à l'Assemblée, qui compte 128 députés. 
Parmi les grands gagnants du scrutin de dimanche, figurent notamment les Forces Libanaises (FL), parti chrétien de l'opposition qui a axé sa campagne contre le Hezbollah, ainsi que des indépendants issus du mouvement de contestation anti-système déclenché en 2019 qui font leur entrée au Parlement. 
Le premier face-à-face entre les différentes forces de la nouvelle Assemblée aura lieu à l'occasion de l'élection du président du Parlement, pour succéder à Nabih Berri -- chef du mouvement Amal et allié du Hezbollah qui détient le poste depuis 1992.  
Dans un pays multiconfessionnel régi par un système politique basé sur un partage communautaire du pouvoir, le président doit être un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite. 
A l'approche d'échéances critiques, les partis traditionnels « chercheront à affirmer leur domination face aux indépendants qui entrent au Parlement pour la première fois », souligne Lina Khatib, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au think tank Chatham House.  
L'élection du président du Parlement, la formation d'un gouvernement et la présidentielle prévue en novembre pourraient conduire à des crises et blocages prolongés, en raison des divergences entre les différentes forces politiques. 
A compter du 22 mai, les députés auront selon la Constitution 15 jours pour élire le président du Parlement, dont le chef actuel est une figure clivante surtout pour l'opposition et les indépendants. 
Vers un blocage ? 
« Si le président du Parlement n'est pas élu faute de majorité, je pense qu'on se dirige vers un vide institutionnel », souligne l'ancien ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud.  
Mais les députés indépendants  « pourront faire basculer les votes dans les deux sens », explique-t-il. 
Peu après les résultats préliminaires des élections, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, avait lancé une mise en garde aux adversaires de la formation chiite en réponse aux FL qui ont promis de ne pas voter pour M. Berri. 
Les FL ont également affirmé qu'ils ne rejoindraient pas un gouvernement d'union nationale avec leurs adversaires. Quant aux députés indépendants issus de la contestation, on ignore s'ils sont disposés ou non à intégrer un tel gouvernement. 
En attendant la formation du gouvernement, les députés devront, après l'élection du président du Parlement, entamer des consultations avec le chef de l'Etat pour la désignation d'un nouveau Premier ministre.  
« Le blocage pourrait être tous azimuts », et ce ne serait pas une première au Liban, prévient Daniel Meier, docteur en sociologie politique et chercheur. 
Car la formation d'un gouvernement dans ce pays nécessite souvent des semaines, voir des mois. Le gouvernement sortant de Najib Mikati n'est en place que depuis septembre 2021 après un vide institutionnel de 13 mois. 
Malgré un nouvel équilibre des pouvoirs, il y a au final peu de chances d'un véritable changement de programme pour le prochain gouvernement, souligne l'analyste Sami Nader, « car malgré tout le Hezbollah garde son droit de veto ». 
Par ailleurs, les résultats des législatives pourraient surtout avoir un impact sur l'élection présidentielle prévue fin 2022. 
Gebran Bassil -- chef du Courant patriotique libre, parti chrétien allié au Hezbollah -- était depuis longtemps pressenti pour succéder à son beau-père Michel Aoun, mais la montée en puissance des FL lui a porté un coup. 
« L'élection présidentielle ne se déroulera pas facilement » en raison de l'absence d'un bloc majoritaire, a estimé Joseph Bahout, professeur à l'Université américaine de Beyrouth lors d'un séminaire.  
Selon lui, un vide institutionnel pourrait s'installer jusqu'au printemps 2023 et retarder les réformes ambitieuses requises par le Fonds monétaire international pour sauver le Liban de la faillite et lui fournir l'aide dont il a cruellement besoin. 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".