Maghreb-Orient des Livres, la richesse des littératures du Maghreb et du Moyen-Orient

Une vue de l'exposition à l’hôtel de ville de Paris. (AFP).
Une vue de l'exposition à l’hôtel de ville de Paris. (AFP).
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Publié le Mercredi 18 mai 2022

Maghreb-Orient des Livres, la richesse des littératures du Maghreb et du Moyen-Orient

  • Tables rondes, entretiens avec les auteurs, séances de dédicaces, projections de films et vente de livres en français et en arabe ont été proposés pour les publics de tout âge
  • «Maghreb-Orient des Livres est une occasion de rencontrer des auteurs du Maghreb et du Moyen-Orient et de faire découvrir leurs œuvres au public»

PARIS: Organisée par l’association Coup de soleil et l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), la cinquième édition du Maghreb-Orient des Livres, s’est tenue à l’hôtel de ville de Paris, du 13 au 15 mai 2022. L’événement, qui a réuni plus de cent trente auteur(e)s venus des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, met en lumière la richesse des littératures de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), avec un focus sur le monde de la bande dessinée.

Tables rondes, entretiens avec les auteurs, séances de dédicaces, projections de films et vente de livres en français et en arabe ainsi que de nombreuses autres activités ont été proposés pour les publics de tout âge.

 

Interrogée par Arab News en français en marge de son allocution d’ouverture du Maghreb-Orient des Livres sur l’importance d’un tel événement, la Franco-Algérienne Alice Zeniter, dramaturge, metteur en scène et romancière, est l’auteure de nombreux romans à succès – Sombre dimanche (Albin Michel 2013, prix du Livre Inter), Juste avant l’oubli (Flammarion 2015, prix Renaudot des lycéens), ou encore L’Art de perdre, prix Goncourt des lycéens (2017) et prix Littéraire du Monde.

Alice Zeniter souligne qu’il est «important que ces manifestations littéraires aux histoires multiples, aux trajectoires migratoires qui font l’immense diversité de la France, puissent être racontées, entendues et reçues hors d’un phénomène de niche, où l’on imagine que ce sont des récits qui se racontent dans la communauté de mémoire». Ces histoires multiples, insiste-t-elle, doivent être partagées avec le plus grand nombre. «Qu’on puisse faire exister dans l’esprit des gens des territoires auxquels ils ne pensent pas forcément, des personnages qu’on puisse rendre familiers. Ce sont des histoires multiples de la France et des diasporas», conclut-elle.

Les thématiques découverte

  • Algérie-France: la guerre en héritage 
  • 1830-1962, l’Algérie coloniale 
  • Maroc-Tunisie et guerre d’Algérie 
  • Des printemps arabes à l’hiver des peuples 
  • Renforcer l’intégration: carte scolaire et discriminations 
  • Livres des deux rives: un dialogue méditerranéen par le livre 
  • De Nouakchott à Kouffah, le Sahara maghrébin, atouts et défis 
  • Le conflit Israël-Palestine
  • La documentation de la guerre en Syrie
  • Le dialogue méditerranéen par le livre
  • La difficile intégration par l’école en France
  • Le djihadisme en littérature

Une table ronde intitulée «Syrie, la guerre en mots et en images», programmée le dimanche 15 mai, a réuni Cécile Boëx (Syrie, une nouvelle ère des images, de la révolte au conflit transnational) et Jean-Pierre Perrin (Une guerre sans fin) et Souad Labbize (traductrice de Lettres à Samira)

«Maghreb-Orient des Livres est une occasion de rencontrer des auteurs du Maghreb et du Moyen-Orient et de faire découvrir leurs œuvres au public», souligne Agnès Levallois, vice-présidente de l'iReMMO. Elle ajoute que l’un des objectifs de cet événement consiste à soutenir la traduction de la littérature arabe afin de la rendre accessible au plus grand nombre. Selon elle, les auteurs du Maghreb peuvent faire la jonction entre l’Afrique et l’Occident.

 

Inès Baccouche, fondatrice et directrice de la maison d’édition et galerie d’art en ligne Art for Ness, affiche ses objectifs: accompagner les artistes et les auteurs de bande dessinée, de peinture ou de design d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, les faire connaître et les aider à se développer. «Notre plate-forme Art for Ness participe pour la deuxième fois à Maghreb-Orient des Livres avec des bandes dessinées Lab 619, un collectif tunisien, ainsi que Kef Kef, un collectif marocain, et nous espérons bientôt compter parmi nous un collectif jordanien», se réjouit-elle. «Nous espérons rassembler plus d’artistes de cette région autour de notre projet», ajoute-t-elle.

Ventes et dédicaces

Lors de chaque édition du Maghreb-Orient des livres, un rendez-vous incontournable pour les passionnés de littérature, d’Histoire et d’actualité du Maghreb et du Moyen-Orient et de leurs diasporas, des milliers de livres sont vendus par les libraires partenaires, réunis autour de la librairie centrale, l’Arbre à lettres. Cette année, des ouvrages d’une centaine d’auteurs (quatre-vingts édités en France et vingt au Maghreb) étaient proposés au public.

Les séances de dédicaces prévues

Des séances de dédicaces ont été programmées avec de nombreux auteurs, parmi lesquels:  

  • Iman Bassalah
  • Tahar Bekri
  • Yahia Belaskri
  • Rebecca Benhamou
  • Anouar Benmalek
  • Mounia Bennani-Chraïbi
  • Karima Berger
  • Samira el-Ayachi
  • Jacques Ferrandez
  • Karim Guellaty
  • Nadia Henni-Moulaï
  • Adil Jazouli
  • Guy Jimenes
  • Nedjma Kacimi
  • Abdellatif Laâbi
  • Smaïn Laâcher
  • Zineb Mekouar
  • Arezki Metref
  • Mina Namous
  • Mohamed Nedali
  • Héla Ouardi
  • Mabrouck Rachedi
  • Alain Ruscio
  • Boualem Sansal
  • Leïla Sebbar
  • Morgan Sportès
  • Benjamin Stora
  • Tassadit Yacine et Fawzia Zouari

Rétrospective Mehdi Qotbi à l’IMA: l’art de faire danser les lettres arabes

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable. (Photo Arlette Khouri)
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  • Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable
  • Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat

PARIS: Alors que l’Institut du Monde Arabe à Paris met à l’honneur la langue arabe en collaboration avec l’Académie Internationale du Roi Salman pour la langue arabe, c’est l’écriture et les lettres arabes qui sont à l’honneur à travers la rétrospective des œuvres de l’artiste franco-marocain Mehdi Qotbi exposé à l’institut jusqu’au 5 janvier prochain.

qotbi
C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique. (Photo Arlette Khouri)

C’est une myriade de fraîcheur colorée qui accueille le visiteur de cette exposition et l’emporte dans l’univers joyeux, qu’expriment les œuvres de cet artiste atypique.

Il a beau se servir des lettres arabes pour composer ses tableaux, son œuvre est à l’opposé de la calligraphie.

Son art, selon sa propre définition est plutôt « une désécriture » et non un alignement calligraphique de mots et de phrases.

Sous le pinceau de Qotbi, les lettres tournoient et dansent pour constituer un ensemble en mouvement qui capte le regard tout en restant insaisissable.

Cette œuvre libre et empreinte d’optimisme, tout comme la personne de Qotbi, puise ses racines dans l’enfance de l’artiste, dans ce quartier de Takaddoum où il est né à Rabat dans une famille modeste.

qotbi
L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ». (Photo Arlette Khouri)

Dès l'enfance, Qotbi a baigné dans un univers de couleurs à l’ombre de sa mère tapissière dont il dit « elle ne savait ni lire, ni écrire, elle n’avait aucune culture. Mais elle avait la faculté de faire fusionner les couleurs », « elle savait les allier. Pour moi c’étaient des moments de rêve ».

Ce sont peut-être ces moments avec les émotions qui les accompagnent que Qotbi tente de reproduire dans son travail qui s’expose au musée Georges Pompidou à Paris ainsi qu’au musée d’art moderne, ailleurs aussi à la National Gallery of fins arts à Amman où à Houston dans le cadre de la Menil Collection.

Pourtant à l’âge de douze ans, Qotbi s’est cru destiné à une carrière militaire, il saisit l’opportunité d’un défilé militaire et aborde le ministre de la Défense de l’époque Mahjoubi Ahetdane qui l’aide à intégrer le lycée militaire de Kénitra.

Très vite, son penchant pour et le dessin pris le dessus sur son penchant pour le maniement des armes, et rejoint par la suite l’école des beaux arts de Rabat.

Sa rencontre avec le grand artiste marocain Jilali Gharbaouie finit par sceller son destin, il se consacre à sa vocation artistique qui le mène par la suite aux Beaux arts de Paris, dont il est diplômé.

Parallèlement à sa carrière d'artiste, Qotbi s’attache à transmettre sa passion aux jeunes et enseigne les arts plastiques dans des lycées à Paris et Auxerre.

Travailleur infatigable, il publie des livres d’artistes en collaboration avec de grands écrivains et poètes dont le syrien Adonis, la libanaise Andrée Chédid, la française Nathalie Sarraute et également le tchèque Vaclav Havel et le sénégalais Léopold Sedar Senghor.

L’universitaire et critique d’art Philippe Dagen décrit l’œuvre de Qotbi comme étant « un rapport constant et déconcertant entre peinture et écriture » et affirme que cette œuvre « s’offre et se dėrobe à l’interprétation critique. Elle se laisse admirer et ne se laisse pas saisir ».

Sa notoriété lui ouvre les portes des plus hautes sphères culturelles et politiques aussi bien en France qu’au Maroc, et Qotbi met cela à profit pour resserrer les liens entre son pays natal et son pays d’adoption.

Il se retrouve chargé de créer un « cercle d’amitié franco-marocain » qui s’est nourri de son large réseaux de contacts autant au Maroc qu’en France.

Le tout Paris artistique et politique était invité à l’inauguration de sa rétrospective, et bien sûr, l’épouse du président français Brigitte Macron était parmi les premiers à être présente.

 


Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024 de l’Institut du Monde Arabe

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès). (Photo fournie)
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  • Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français
  • Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès)

PARIS : Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prix s’est dit ravi lundi dernier que cette nouvelle édition du Prix de la littérature arabe consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d'une Tunisie en pleine mutation. L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».

Ce roman est celui d’ Amira Ghenim, lauréate du Prix de la littérature arabe 2024. Née en 1978 à Sousse en Tunisie, elle est agrégée d’arabe, titulaire d’un doctorat en linguistique et enseigne à l’université de Sousse. Elle est l’autrice d’essais universitaires et de trois romans, dont Le dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024).

Le désastre de la maison des notables (finaliste de l’Arab Booker Prize, prix Comar d’Or en Tunisie en 2021) est son deuxième roman, mais le premier à être traduit en français.

Amira Ghenim succède à l’écrivain irakien Feurat Alani qui a reçu le Prix de la littérature arabe en 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah (JC Lattès).

Pour sa part, Jack Lang, Président de l’IMA, a voulu souligner « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».

 


Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes

Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
Des auteurs de renom du monde entier, dont Sally Rooney, Hisham Matar et Arundhati Roy, appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes. (AFP)
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  • Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes
  • Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens"

DUBAÏ: Des auteurs de renom du monde entier appellent au boycott des institutions culturelles israéliennes.

Plus de 1 000 écrivains et professionnels de l'édition ont signé une lettre dans laquelle ils s'engagent à boycotter les institutions culturelles israéliennes qui "sont complices ou sont restées des observateurs silencieux de l'oppression écrasante des Palestiniens".

Parmi les auteurs populaires qui ont signé la lettre figurent l'Irlandaise Sally Rooney, connue pour des romans tels que "Conversations with Friends", "Normal People" et, plus récemment, "Intermezzo"; le romancier américano-libyen Hisham Matar, lauréat du prix Pulitzer; le romancier Viet Thanh Nguyen, lauréat du prix Pulitzer; la lauréate du prix Booker Arundhati Roy; Mohsin Hamid, auteur de "The Reluctant Fundamentalist"; et la lauréate du prix Booker Avni Doshi, qui est basée à Dubaï.

Les auteurs se sont engagés à ne pas travailler avec des éditeurs, des festivals, des agences littéraires et des publications israéliens qui sont "complices de la violation des droits des Palestiniens", notamment en appliquant des "politiques et pratiques discriminatoires" ou en "blanchissant et justifiant l'occupation, l'apartheid ou le génocide d'Israël".

Les institutions qui n'ont jamais reconnu publiquement les "droits inaliénables du peuple palestinien tels qu'ils sont inscrits dans le droit international" seront également boycottées.

La campagne a été organisée par le Festival palestinien de littérature (également connu sous le nom de PalFest), qui organise chaque année des manifestations publiques gratuites dans plusieurs villes de Palestine.

"En tant qu'écrivains, éditeurs, travailleurs de festivals littéraires et autres travailleurs du livre, nous publions cette lettre alors que nous sommes confrontés à la crise morale, politique et culturelle la plus profonde du XXIe siècle", commence la déclaration, qui poursuit en indiquant qu'Israël a tué "au moins 43 362" Palestiniens à Gaza depuis octobre dernier et que cela fait suite à "75 ans de déplacement, de nettoyage ethnique et d'apartheid".

La culture "a joué un rôle essentiel dans la normalisation de ces injustices". Les institutions culturelles israéliennes, "qui travaillent souvent directement avec l'État, ont joué un rôle crucial dans l'obscurcissement, le camouflage et le lavage artistique de la dépossession et de l'oppression de millions de Palestiniens pendant des décennies".

Les travailleurs de l'industrie ont un "rôle à jouer", affirme l'engagement. "Nous ne pouvons pas, en toute conscience, nous engager avec les institutions israéliennes sans nous interroger sur leur relation avec l'apartheid et le déplacement", peut-on lire, en notant que "d'innombrables auteurs" ont adopté la même position contre l'apartheid en Afrique du Sud.

La lettre se termine par un appel aux pairs des signataires à se joindre à l'engagement.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com