PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé lundi avoir ordonné la fermeture d'une mosquée de la région parisienne, qui avait notamment relayé sur sa page Facebook une vidéo dénonçant le cours sur les caricatures de Mahomet de Samuel Paty, le professeur assassiné vendredi.
« J'ai demandé au préfet de Seine-Saint-Denis de faire fermer la mosquée de Pantin », a déclaré le ministre sur la chaîne de télévision TF1, précisant que le préfet devait « signer ce (lundi) soir son interdiction ».
« Son dirigeant a relayé le message qui consistait à dire que ce professeur devait être intimidé, en relayant d'ailleurs l'adresse du collège », a poursuivi M. Darmanin.
L'établissement sera fermé six mois, et la notification de fermeture aura lieu dès lundi soir, a précisé une source policière.
« C'est peut être un geste d'apaisement par rapport à la tension générale », a réagi M'hammed Henniche, responsable de la mosquée de cette banlieue du nord de Paris.
« Il y a une certaine tension donc l'exécutif est dans une position où il faut qu'il fasse des gestes forts, c'est un geste pour absorber l'émotion, pour réagir », a-t-il ajouté. « On est entrés dans un engrenage, où on n'est plus dans la modération. On est partis dans quelque chose qui dépasse tout le monde ».
Le ministre a par ailleurs affirmé que l'imam de la mosquée de Pantin avait ses enfants « scolarisés » dans une école clandestine fermée début octobre à Bobigny.
« Des enfants de 2 à 6 ans portaient le hijab, sans cours de récréation, sans fenêtre, sans professeur », a souligné Gérald Darmanin.
Une quinzaine d'établissements dont des écoles clandestines, des lieux de culte, des salles de sport ou encore des restaurants, ont été fermés en Seine-Saint-Denis depuis 2018, avait annoncé en février le préfet du département.
Depuis 2017, 356 lieux de radicalisation ont été fermés en France, a indiqué Gérald Darmanin.
Les autorités françaises ont déclenché lundi une série d'opérations visant la mouvance islamiste et promis « une guerre contre les ennemis de la République », trois jours après l'assassinat d'une rare sauvagerie du professeur Samuel Paty, qui a donné lieu à de nouvelles arrestations.
Quinze personnes, dont quatre collégiens, sont actuellement en garde à vue et interrogées par les enquêteurs de l'antiterrorisme qui cherchent à établir si le meurtrier, un réfugié Russe tchétchène de 18 ans tué par la police, a bénéficié de complicités.