Les Libanais se sont rendus aux urnes : un scrutin décisif pour l’avenir du pays

Des fonctionnaires libanais chargés de gérer les bureaux de vote reçoivent des urnes scellées au sérail de Sidon le 14 mai 2022, à la veille des élections législatives. (AFP)
Des fonctionnaires libanais chargés de gérer les bureaux de vote reçoivent des urnes scellées au sérail de Sidon le 14 mai 2022, à la veille des élections législatives. (AFP)
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Publié le Lundi 16 mai 2022

Les Libanais se sont rendus aux urnes : un scrutin décisif pour l’avenir du pays

  • Les élections se sont deroulés également sous supervision arabe, européenne, américaine et russe. Une délégation russe, formée de cinq membres, observe pour la première fois le scrutin libanais
  • Samedi matin, tous les gouvernorats ont reçu des urnes qui devraient être distribuées aux bureaux de vote

BEYROUTH: Le Liban retient son souffle au moment où trois millions de Libanais ont voté, ce dimanche, à partir de 7 heures du matin, pour élire 128 députés après une bataille électorale vivement contestée.

Le scrutin devrait cependant maintenir le statu quo en faveur des forces politiques traditionnelles, pourtant tenues pour responsables de la pire crise socio-économique dans laquelle est englué le Liban depuis 2019, préviennent des experts. 

Les bureaux de vote à travers le pays ont fermé leurs portes à 19H00 (16H00 GMT). Le décompte des voix a commencé dans certaines régions, mais les résultats définitifs sont attendus lundi. 

L'affluence était faible dans la plupart des régions avec un taux de participation general de 42% dans le pays, selon le ministère de l'Intérieur.

Samedi, les armées en ligne des forces concurrentes ont diffusé des rumeurs concernant le retrait de certains candidats sur les réseaux sociaux. Reste à savoir si la forte polarisation incitera les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote.

Les élections se déroulent également sous supervision arabe, européenne, américaine et russe. Une délégation russe, formée de cinq membres, observe pour la première fois le scrutin libanais. Environ 80 observateurs européens étaient présents dans toutes les circonscriptions, 18 observateurs arabes au sein de la délégation de la Ligue arabe et 40 observateurs de l’American National Standards Institute.

Cependant, c’est l’Association libanaise pour les élections démocratiques (Lade) qui dispose du plus grand nombre d’observateurs: mille personnes couvriront 16% des bureaux de vote, en plus de plusieurs observateurs itinérants.

Samedi matin, tous les gouvernorats ont reçu des urnes qui devraient être distribuées aux bureaux de vote. Pendant ce temps, les forces de sécurité ont été déployées dans toutes les régions.

Il y avait environ 14 000 bureaux de vote à la disposition des électeurs à l’intérieur du Liban et à l’étranger, sachant que les expatriés ont voté la semaine dernière.

Ces élections sont cruciales puisque, pour la première fois, des candidats de la société civile s’opposent aux forces politiques conventionnelles, accusées d’avoir échoué à diriger le pays pendant des décennies, dans l’espoir de sauver le Liban de l’aggravation de ses crises financière et économique.

Les forces régionales et internationales attendent de voir ce que les élections vont produire en termes d’équilibre des pouvoirs, alors que le pays lutte pour survivre.

Avant la bataille électorale, les forces du changement avaient prévu de former quinze listes électorales uniquement. Cependant, on en compte aujourd’hui 60 sur les 103 listes concurrentes.

À la suite du vote des expatriés, certaines listes affiliées aux forces du changement se sont retirées au profit de listes similaires au Akkar, au nord du Liban et dans la région de la Békaa-ouest/Rachaya, en vue de garantir la victoire de certains candidats.

L’experte en affaires publiques, Zina Helou, déclare à Arab News: «Il se peut que les candidats aient réalisé qu’ils n’étaient pas suffisamment forts, qu’ils aient été soumis à des pressions, que les électeurs les aient laissé tomber ou qu’ils aient reçu une contrepartie monétaire en échange de leur retrait.»

«En tout cas, soit ils n’ont pas la moindre responsabilité envers leur pays, soit ils ont reçu des pots-de-vin. On sait que cela ne sert à rien de se retirer après la date limite, puisque toutes les listes électorales seront affichées dans les bureaux de vote.»

«Je pense que les responsables de la loi électorale devraient imposer une amende à tous ceux qui se désistent après la date limite. Les élections sont une occasion manquée pour ces forces du changement.»

Elle ajoute: «Je pense que le taux de participation dimanche ne va pas dépasser pas 40%, ce qui est très faible. Je me trompe peut-être mais, compte tenu des campagnes et des alliances, ce tour d’élections est similaire à celui qui a eu lieu en 2005 après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et la division politique entre les forces rivales. Malgré toute la polarisation à l’époque, le taux de participation n’a pas dépassé les 40%.»

Obstacles logistiques

«Normalement, après les crises et les révolutions, les taux de vote sont bas. C’est d’ailleurs ce que nous avons pu voir dans plusieurs pays arabes. De plus, il existe un obstacle logistique au Liban en termes de capacité des électeurs à se rendre physiquement dans les bureaux de vote. Par conséquent, de nombreuses personnes renonceront à leur droit de vote», poursuit-elle.

«Le discours du président Michel Aoun – même s’il constitue une violation du code de conduite électoral – peut contribuer à augmenter ou à diminuer le pourcentage de participation électorale dimanche.»

«L’électeur libanais est vulnérable avant les élections et n’importe quel discours pourrait avoir une incidence négative ou positive sur son humeur», renchérit-elle.

«Le vote des expatriés peut faire naître l’enthousiasme chez les électeurs locaux, mais nous devons attendre pour le savoir. Quoi qu’il en soit, les forces du changement doivent poursuivre leur mission après les élections.»

Le nouveau Parlement devra élire un nouveau président de la Chambre des représentants dans un contexte d’opposition à la réélection de Nabih Berri. Il devra également élire le prochain président de la République libanaise en octobre.

C’est en ces mots que le patriarche maronite Béchara Boutros al-Raï s’est adressé samedi aux électeurs et aux candidats libanais: «Le changement reste tributaire de la densité et de la qualité du vote, du respect de la démocratie et de la Constitution, ainsi que de la formation rapide d’un nouveau gouvernement afin de ne pas perturber les autres élections.»

Il poursuit en disant: «Quels que soient les résultats, la formation du prochain gouvernement, la mise en œuvre des réformes et l’adoption d’un système de neutralité active jouent un rôle central dans la préservation de l’existence du Liban, de son indépendance, de sa stabilité et de son unité.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne a frappé plus de 50 «cibles terroristes» au Liban au cours du dernier mois

Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre
  • Le Premier ministre israélien Netanyahu a promis d'empêcher le Hezbollah d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge"

JERUSALEM : L'armée israélienne a déclaré lundi qu'elle avait frappé plus de 50 "cibles terroristes" au Liban au cours du mois dernier, malgré le cessez-le-feu de novembre qui a mis fin à la guerre entre Israël et les militants du Hezbollah.
Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre, ce qui a incité le président libanais Joseph Aoun à demander à la France et aux États-Unis, qui en sont les garants, d'y mettre fin.
"Au cours du mois dernier, les forces de défense israéliennes ont frappé plus de 50 cibles terroristes au Liban. Ces frappes ont été menées à la suite de violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, qui constituaient une menace pour l'État d'Israël et ses citoyens", a déclaré l'armée dans un communiqué.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la frappe de dimanche visait un bâtiment utilisé par le Hezbollah pour stocker des "missiles guidés avec précision" et a promis d'empêcher le groupe militant soutenu par l'Iran d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge".
Le chef du Hezbollah, Naim Qassem, a déclaré dans un discours lundi que l'attaque "n'a aucune justification" et l'a qualifiée d'"attaque politique visant à changer les règles par la force".
Israël a continué à mener des frappes régulières au Liban malgré la trêve, qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, lesquelles ont culminé avec une campagne de bombardements israéliens intensifs et une incursion terrestre.
En vertu de cet accord, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante au sud.
Israël devait retirer toutes ses forces du Sud-Liban, mais des troupes restent sur cinq positions jugées "stratégiques".