Sri Lanka: les raisons de sa débâcle économique historique

Des pousse-pousse automatiques font la queue pour faire le plein devant une station-service de Ceylon Petroleum Corporation après que les autorités ont assoupli le couvre-feu en cours pendant quelques heures à Colombo, le 12 mai 2022. (Photo, AFP)
Des pousse-pousse automatiques font la queue pour faire le plein devant une station-service de Ceylon Petroleum Corporation après que les autorités ont assoupli le couvre-feu en cours pendant quelques heures à Colombo, le 12 mai 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 12 mai 2022

Sri Lanka: les raisons de sa débâcle économique historique

Des pousse-pousse automatiques font la queue pour faire le plein devant une station-service de Ceylon Petroleum Corporation après que les autorités ont assoupli le couvre-feu en cours pendant quelques heures à Colombo, le 12 mai 2022. (Photo, AFP)
  • Le gouverneur de la Banque centrale a prévenu mercredi que l'économie risquait de «s'effondrer de manière irrémédiable» sans un gouvernement d'ici deux jours
  • Un nouveau Premier ministre a être nommé jeudi en vue de former un gouvernement d'union face à la crise

COLOMBO: Le Sri Lanka, pays d'Asie du Sud de 22 millions d'habitants, confronté à sa pire crise économique depuis l'indépendance en 1948, subit depuis des mois des pénuries de biens essentiels, de longues coupures d'électricité quotidiennes et une inflation record. 

Le gouverneur de la Banque centrale a prévenu mercredi que l'économie risquait de « s'effondrer de manière irrémédiable » sans un gouvernement d'ici deux jours pour rétablir la stabilité politique nécessaire aux affaires. 

Un nouveau Premier ministre a être nommé jeudi en vue de former un gouvernement d'union face à la crise. 

L'AFP revient sur les raisons de cette débâcle historique.  

Chantiers faramineux  

Dans la région de Hambantota (sud), fief du clan des Rajapaska au pouvoir depuis deux décennies, un flot d'investissements a été gaspillé dans de grands chantiers d'infrastructures, entachés de soupçons de corruption, dont un aéroport international flambant neuf sans trafic, un centre de conférence inactif, etc.  

En 2017, Colombo s'est retrouvé dans l'incapacité d'assurer le service de sa dette de 1,4 milliard de dollars contractée auprès de Pékin pour la construction d'un port en eaux profondes. Ayant perdu 300 millions de dollars en six ans d'exploitation, le Sri Lanka a été contraint de le céder pour 99 ans à une entreprise chinoise.  

Au cours de sa présidence (2005-2015), l'ex-Premier ministre Mahinda Rajapaksa a considérablement endetté le pays, auprès de la Chine surtout, sa grande alliée, pour financer ces infrastructures. 

Réductions d'impôts inopportunes 

En 2019, Gotabaya Rajapaksa a nommé son frère Mahinda Premier ministre et dévoilé les plus importantes réductions d'impôts de l'histoire de l'île, aggravant les déficits budgétaires chroniques.  

Les agences de notation n'ont pas tardé à rétrograder le Sri Lanka, craignant que la dette publique ne devienne ingérable et l'accès à de nouveaux prêts plus difficile.  

Attentats et pandémie 

Les réductions d'impôts se sont confirmées d'autant plus inopportunes que la pandémie de Covid-19 allait se propager en 2020 dans le monde entier, et anéantir son secteur du tourisme, déjà en fort recul depuis les attentats islamistes de Pâques 2019. Les réserves de devises étrangères pourvues par les revenus du tourisme et les transferts de fonds de la diaspora n'ont cessé depuis de s'assécher, menaçant le service de la dette. 

Interdiction des engrais 

Afin d'économiser les devises étrangères dont l'île manquait déjà dangereusement, tout en espérant en faire le premier producteur mondial d'aliments 100% biologiques, le gouvernement a décidé début 2021 d'ajouter les engrais chimiques à la liste des importations bannies. 

Seulement, cette décision louable de promouvoir une agriculture verte n'était portée par aucun programme de transition écologique et a eu un effet dévastateur sur la production agricole du pays. 

Fin 2021, les engrais ont été à nouveau autorisés mais le pays s'enfonçant plus profondément dans la crise, ils sont devenus difficiles à importer, faute de dollars.  

Pénuries et coupures de courant 

Fin 2021, les réserves de devises du Sri Lanka s'élevaient à juste 2,7 milliards de dollars, contre 7,5 milliards à l'arrivée au pouvoir des frères Rajapaksa deux ans plus tôt.  

Les denrées alimentaires d'importation ont commencé à disparaître des rayons, obligeant les commerces à les rationner. Puis le pétrole, l'essence et le kérosène se sont à leur tour raréfiés.  

De longues files d'attente sont désormais routinières dans tout le pays, pour s'approvisionner en produits de première nécessité (alimentation, médicaments, carburants). Les coupures d'électricité maintiennent une grande partie de la capitale Colombo dans l'obscurité chaque nuit. 

Dette et défaut de paiement 

Le nouveau gouverneur de la Banque centrale, à peine nommé, annonce le 12 avril le défaut de paiement de la dette extérieure du Sri Lanka estimée à plus de 51 milliards de dollars.  

Cette mesure n'a pas permis de consolider les finances qui se détériorent, le pays ne disposant plus que de 50 millions de dollars au début du mois de mai.  

Le Sri Lanka est actuellement en négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un renflouement éventuel. 


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.