COLOMBO: L'économie déjà en crise du Sri Lanka va « s'effondrer de manière irrémédiable » si un nouveau gouvernement n'est pas nommé d'ici deux jours afin de rétablir la stabilité politique dont le pays a besoin, a déclaré mercredi le gouverneur de la Banque centrale.
« S'il n'y a pas de gouvernement dans les deux prochains jours, l'économie s'effondrera complètement et personne ne pourra la sauver », a dit le gouverneur de la Banque centrale du Sri Lanka, Nandalal Weerasinghe, à la presse à Colombo.
La démission de Mahinda Rajapaksa lundi de ses fonctions de Premier ministre, sans avoir encore été remplacé est matière à complications, a déclaré le gouverneur, ajoutant que les violences qui ont suivi, ont fait dérailler ses plans de redressement.
La stabilité politique est essentielle pour mettre en œuvre des réformes économiques, résoudre la crise de la dette et la pénurie de devises étrangères nécessaires à l'importation de produits de base, a-t-il expliqué.
« Le pays dévalait rapidement dans la pente lorsque j'ai pris mes fonctions il y a un peu plus d'un mois », a-t-il poursuivi, « je pensais que nous étions capables d'enclencher les freins, mais avec les événements de lundi, les freins ne répondent plus ».
Peu après avoir pris la tête de la banque centrale le mois dernier, M. Weerasinghe avait annoncé le 12 avril le défaut de paiement de la dette extérieure de 51 milliards de dollars du Sri Lanka, le pays étant à court d'argent pour rembourser ses créanciers.
Il a presque doublé les taux d'intérêt et permis à la rapide dévaluation de la roupie afin d'assurer une meilleure liquidité des devises étrangères dans les banques commerciales.
« Si nous n'avons pas de stabilité politique, nous allons très vite manquer du peu d'essence et de diesel qui reste. À ce moment-là, les gens descendront dans la rue pour protester pacifiquement ou violemment », a-t-il mis en garde.
« D'ici une semaine ou deux, l'économie s'effondrera complètement. Personne ne sera en mesure de sauver le Sri Lanka à ce stade. Ma présence ici en tant que gouverneur ne sera d'aucune aide », a-t-il déploré.
« Je démissionnerai s'il n'y a pas d'action immédiate pour former un gouvernement », a-t-il prévenu.
Le Sri Lanka a ouvert des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un éventuel renflouement.
« Nous suivons de près l'évolution de la situation au Sri Lanka et sommes préoccupés par la montée des tensions sociales et de la violence », avait déclaré mardi Masahiro Nozaki, chef de la mission du FMI au Sri Lanka, dans un communiqué.