France: Procès d'un ex-préfet rwandais pour génocide

L'ancien haut responsable rwandais Laurent Bucyibaruta lors de son procès pour génocide (Photo, AFP).
L'ancien haut responsable rwandais Laurent Bucyibaruta lors de son procès pour génocide (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

France: Procès d'un ex-préfet rwandais pour génocide

  • Laurent Bucyibaruta souffre à 78 ans de pathologies multiples
  • Le procès est prévu pour durer jusqu'au 12 juillet

PARIS: Au Rwanda, il avait été "nommé" maire, sous-préfet, puis préfet. A son procès à Paris pour sa participation présumée au génocide des Tutsi en 1994, Laurent Bucyibaruta a commencé mardi à retracer trente ans d'une carrière selon lui presque "imposée" dans la fonction publique.

Jugé depuis lundi pour génocide, complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité, des accusations qu'il conteste, Laurent Bucyibaruta souffre à 78 ans de pathologies multiples. 

Pour son premier interrogatoire par la cour d'assises, axé uniquement sur son parcours de vie, l'accusé reste assis sur le fauteuil molletonné mis à sa disposition, la canne avec laquelle il se déplace posée près de lui. 

L'ancien fonctionnaire, qui comparaît libre, s'exprime lentement, avec peu de mots, toujours d'un ton courtois. 

Lors du génocide qui a fait au moins 800.000 morts entre avril et juillet 1994 dans son pays, Laurent Bucyibaruta est depuis deux ans le préfet de Gikongoro, une région du sud particulièrement touchée par les massacres.  

Il lui est reproché d'avoir encouragé et ordonné des exécutions de Tutsi, notamment lors de réunions "de sécurité" dans la préfecture où il était le plus haut représentant de l'exécutif. 

Dès ses premiers mots à l'audience, comme il l'a fait au cours de la procédure initiée en 2000, l'ex-préfet cherche à minimiser ce rôle de donneur d'ordre, son importance dans la chaîne hiérarchique. 

Les différents postes qu'il a occupés dans l'administration publique auraient été difficiles à refuser dans un "régime militaire", avait déclaré lors de l'enquête Laurent Bucyibaruta, réfugié en France depuis 1997 après avoir fui le Rwanda trois ans plus tôt.  

C'était "plus des missions" qu'un réel "engagement politique" de sa part, avait-il dit à une enquêtrice de personnalité, entendue comme témoin. "Il dit qu'il a saisi les opportunités qui lui étaient proposées". 

«Mot à dire»

Fils d'un éleveur hutu, Laurent Bucyibaruta est entré dans la fonction publique en 1964. Il travaille dans un parc animalier, puis comme conservateur d'un musée. 

En 1973, il est "désigné" bourgmestre (maire) de Musange, la commune dont il est originaire. 

"Quand on vous entend parler, on a l'impression qu'on vous a dit +vous allez être bourgmestre+. Vous n'avez pas eu votre mot à dire ? C'est quelque chose qu'on vous a imposé ?", interroge le président de la cour, Jean-Marc Lavergne. 

L'accusé semble opiner. "Ensuite, je suis nommé sous-préfet", en 1974, poursuit-il. 

La cour n'ira pas plus loin dans le curriculum vitae de Laurent Bucyibaruta et sa carrière à l'exceptionnelle longévité - il a exercé sous les deux régimes installés depuis l'indépendance du Rwanda en 1962.

Compte tenu de l'état de santé de l'accusé, les audiences sont limitées à sept heures par jour et son interrogatoire a dû être écourté en fin de journée. 

L'expert psychologue qui l'avait examiné en 2000, quand Laurent Bucyibaruta était alors placé en détention provisoire, a relevé son côté "organisé, méticuleux". "Il s'adapte à toutes les situations", souligne l'expert à la barre. 

Pouvait-il "faire un état critique des directives qu'on pouvait lui donner?", cherche à savoir l'une des représentantes de l'accusation. 

"Il n'y a pas d'angle mort chez lui. Il intègre parfaitement", répond l'expert. 

Ce dernier se souvient également que Laurent Bucyibaruta n'avait "aucune émotion" et une tendance à "se victimiser", dénonçant des "accusations mensongères" ou encore "un coup monté". 

Toujours droit dans son fauteuil, flottant dans son pull beige et son pantalon noir, l'ancien préfet rétorque en citant un proverbe rwandais: "Les larmes d'un homme coulent vers l'intérieur". 

"On peut avoir des émotions, mais ne pas les exprimer tout le temps, comme si c'était une plainte permanente", affirme Laurent Bucyibaruta. 

Les prochaines journées d'audience seront consacrées au contexte historique et politique du "pays des mille collines". 

La cour entendra ensuite, pendant plusieurs semaines, des rescapés de six scènes principales de massacres pour lesquelles la responsabilité de l'ex-préfet est questionnée. 

Le procès est prévu pour durer jusqu'au 12 juillet. 


Face aux taxes douanières de Trump, l'industrie française se concerte ce mardi

vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
vue extérieure du ministère de l'Economie et des Finances, le 05 avril 2000, rue de Bercy à Paris. (Photo by LAURENT HUET / AFP)
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  • Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale
  • l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels

PARIS : Les industriels français se réunissent ce mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci, afin d'élaborer une position commune dans la riposte européenne à la crise commerciale mondiale déclenchée par la hausse des droits de douane américains.

Alors que l'Union européenne a proposé lundi aux États-Unis une exemption totale de droits de douane pour les produits industriels dans le but de tenter d'éviter une guerre commerciale dévastatrice, le ministre va consulter « l'ensemble des filières et les représentants des employeurs et des salariés » français sur la réponse à apporter.

Les marchés ont plongé pour le troisième jour consécutif lundi, suite à l'offensive protectionniste américaine sans équivalent depuis les années 1930, avec l'annonce par le président américain Donald Trump, mercredi, d'une série de droits de douane supplémentaires à hauteur de 20 % sur les produits en provenance de l'Union européenne. 

La Bourse de Paris, qui n'avait pas connu une chute pareille depuis mars 2022, a dévissé de 4,78 % lundi. La Bourse de New York est parvenue pour sa part à limiter ses pertes.

En France, le président Emmanuel Macron avait appelé la semaine dernière les industriels français à suspendre leurs investissements aux États-Unis, dans le cadre d'une riposte européenne qu'il souhaite « proportionnée » afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains.

Dans cette période de turbulences, il est important « d'éviter l'escalade », avait ajouté vendredi Marc Ferracci à Toulouse.

« Nous allons procéder à une analyse extrêmement fine. Nous attendons que toutes les filières industrielles nous fassent remonter leurs analyses sur le niveau de réponse approprié. Le mot d'ordre, c'est l'unité et le travail collectif pour établir le diagnostic », a-t-il ajouté. 

Le 10 avril, le commissaire européen à l'Industrie, Stéphane Séjourné, doit également rencontrer les principales filières industrielles européennes afin de trouver le bon dosage de réponse à Washington. 


Incendie à Paris: le feu «pas encore éteint» mais son intensité réduite

Le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi soir un centre de déchets dans le nord-ouest de Paris, à proximité du palais de justice, "n'est pas encore éteint" mais son intensité est "vraiment réduite", ont précisé les pompiers à l'AFP mardi. (AFP)
Le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi soir un centre de déchets dans le nord-ouest de Paris, à proximité du palais de justice, "n'est pas encore éteint" mais son intensité est "vraiment réduite", ont précisé les pompiers à l'AFP mardi. (AFP)
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  • Le feu, qui s'était déclaré vers 20H00 lundi, a ravagé des locaux de Syctom, le service public de traitement et de valorisation des déchets ménagers de 82 communes de la région parisienne. Il a été circonscrit vers minuit
  • Quatre-vingt pompiers sont encore sur place, le dispositif de surveillance est maintenu et le périmètre de sécurité n'est pas encore levé

PARIS: Le spectaculaire incendie qui a ravagé lundi soir un centre de déchets dans le nord-ouest de Paris, à proximité du palais de justice, "n'est pas encore éteint" mais son intensité est "vraiment réduite", ont précisé les pompiers à l'AFP mardi.

"Le feu a été réduit à un espace que l'on connaît", ont-ils expliqué, avec une intensité "vraiment réduite" et "quelques flammes". Et l'incendie devrait être complètement éteint "à la mi-matinée, ou en fin de matinée".

Quatre-vingt pompiers sont encore sur place, le dispositif de surveillance est maintenu et le périmètre de sécurité n'est pas encore levé.

Seul un blessé "très léger" est à recenser parmi les employés, ont également déclaré les pompiers à l'AFP.

"Il n'y a pas de problème de toxicité de l'air", a assuré le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau sur France 2, "mais on y fait très très attention évidemment", a-t-il ajouté.

"Nous avons des protocoles pour pouvoir suivre ce type de situation et prendre toutes les mesures le cas échéant s'il était avéré qu'il y avait une toxicité dans l'air", a de son côté affirmé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, sur BFMTV.

Le feu, qui s'était déclaré vers 20H00 lundi, a ravagé des locaux de Syctom, le service public de traitement et de valorisation des déchets ménagers de 82 communes de la région parisienne. Il a été circonscrit vers minuit.

De nombreuses vidéos, prises par des automobilistes depuis leurs voitures ou par des passants, montraient les locaux détruits par les flammes.

Selon les pompiers, "une grande partie du bâtiment s'est effondré sur lui-même".

"Le bâtiment est complètement ravagé et détruit", a de son côté regretté le maire de l'arrondissement, Geoffroy Boulard. "Les pompiers sont arrivés très vite, mais le feu a pris en souterrain et s'est propagé à tout le bâtiment par la suite", a-t-il également indiqué sur  BFMTV.

 


Le chef de la diplomatie française annonce "une nouvelle phase" des relations avec Alger

Cette photo diffusée par le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (G) reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (D) au siège du ministère à Alger, le 6 avril 2025. (Photo Philemon HENRY / MINISTÈRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA FRANCE / AFP)
Cette photo diffusée par le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (G) reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (D) au siège du ministère à Alger, le 6 avril 2025. (Photo Philemon HENRY / MINISTÈRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA FRANCE / AFP)
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  • « Avec le président Abdelmadjid Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de tourner la page, d'entamer une nouvelle phase et de reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré M. Barrot
  • M. Barrot, a annoncé une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération » et la « reprise de nos relations normales ».

ALGER : Dimanche, lors d'une visite à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé « une nouvelle phase » pour les relations entre la France et l'Algérie, après huit mois d'une crise qui a mené les deux pays au bord de la rupture.

« Avec le président Abdelmadjid Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de tourner la page, d'entamer une nouvelle phase et de reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré M. Barrot à l'issue d'un entretien de 2 h 30 avec le chef de l'État algérien. 

« La France souhaite tourner la page des tensions actuelles, dans un souci d'efficacité et de résultats », a expliqué M. Barrot, annonçant une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération » et la « reprise de nos relations normales ».

La période de tension inédite traversée ces derniers mois « ne sert ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français », a-t-il estimé.

Selon M. Barrot, tous les sujets ont été mis sur la table lors d'une réunion de 1 h 45 avec son homologue Ahmed Attaf, l'idée étant de retrouver la dynamique et l'ambition fixées par MM. Macron et Tebboune en août 2022 lors de la visite du président français à Alger.

Le ministre a annoncé « tout d'abord » une reprise de la coopération sécuritaire, avec une réunion « déjà actée » des hauts responsables des services de renseignement. « Nous aurons, a-t-il ajouté, un dialogue stratégique sur le Sahel », où l'Algérie est limitrophe du Mali et du Niger. Les deux pays sont également préoccupés par le retour de djihadistes de Syrie.

Autre sujet de préoccupation pour la France : l'acceptation par Alger des ressortissants renvoyés ou expulsés de France. Le traitement de questions comme les visas et les réadmissions se fera « dans le cadre des accords existants, via des procédures normales », a indiqué M. Barrot, annonçant « une rencontre prochaine » entre préfets français et consuls algériens.

Sur le plan économique, face aux difficultés rencontrées par une partie des 6 000 entreprises françaises implantées en Algérie, notamment dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'automobile et du transport maritime, M. Tebboune a assuré vouloir « donner une nouvelle impulsion ». M. Barrot a également annoncé une réunion entre les patronats des deux pays le 9 mai à Paris.

M. Barrot a évoqué le sort de Boualem Sansal », appelant le président Tebboune à « un geste d'humanité » pour l'écrivain « au vu de son âge et de son état de santé ». L'essayiste et romancier de plus de 80 ans, atteint d'un cancer, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison.

Le parquet algérien, qui avait requis 10 ans de prison, a fait appel. Selon des avocats à Alger, une réduction de peine et éventuellement une grâce présidentielle permettraient sa libération anticipée.

« Les relations reprennent leur cours normal, sans avoir besoin de déclarer un vainqueur dans cette brouille diplomatique », tout en démontrant « l'impossibilité d'une rupture entre l'Algérie et la France » voulue par l'extrême droite française, estime le journal algérien L'Expression.