BOULOGNE-SUR-MER: Cinquante-six migrants en difficulté ont été secourus dans la Manche, alors qu'ils tentaient de rallier l'Angleterre sur une embarcation de fortune, a communiqué mardi la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Présents à bord du remorqueur de sauvetage lors de l'intervention, des journalistes ont recensé de très nombreuses nationalités à bord, parmi lesquelles des ressortissants africains, Erythréens, Ethiopiens ou Nigérians, ainsi que des Afghans, des Vietnamiens ou des personnes du Maghreb déclarant venir d'Egypte.
Le bateau pneumatique, un "long boat" noir au moteur tombé en panne, avait été signalé lundi matin au large du Pas-de-Calais, puis approché une vedette côtière de la gendarmerie maritime avant le sauvetage.
Une femme enceinte, accompagnée de cinq enfants, ont été les premiers à être secourus. Plusieurs autres enfants faisaient partie de naufragés.
Tous ont été récupérés à bord du remorqueur, équipés de vêtements secs --et pour les femmes et les enfants, réconfortés avec des biscuits ou des peluches-- puis débarqués au port de Boulogne-sur-mer, et pris en charge par les pompiers du Pas-de-Calais et la police aux frontières.
Depuis fin 2018, les traversées illégales de la Manche se multiplient malgré les mises en garde répétées des autorités, qui soulignent le danger lié à la densité du trafic, aux forts courants et à la basse température de l'eau.
Selon le directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Marc Bonnafous, le phénomène s'est "industrialisé", avec des bateaux "de plus de 12 mètres chargés de 30 à 50 personnes".
En 2021, 52 000 personnes ont tenté cette traversée, soit cinq fois plus qu'en 2020, et 28 000 l'ont réussie, selon les chiffres britanniques.
Déjà plus de 7 000 migrants ont rejoint les côtes britanniques depuis janvier, soit trois fois plus qu'en 2021 à la même époque.
Ces traversées périlleuses prennent aussi des vies: en 2021, 38 migrants sont morts, dont 27 dans un même naufrage le 24 novembre, selon la préfecture maritime.
Pour décourager les traversées, le gouvernement britannique a récemment fait inscrire dans la loi une réforme controversée du droit d'asile, qui prévoit notamment d'expulser au Rwanda les arrivants au Royaume-Uni, le temps que leur demande d'asile soit étudiée.
La nouvelle loi a été vertement critiquée par les organisations internationales et d'aide aux réfugiés. Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés a regretté un texte qui "sape les lois et pratiques internationales établies en matière de protection des réfugiés".