La FAO oeuvre pour la sécurité alimentaire et le développement durable face aux crises

Un ouvrier palestinien fabrique du pain dans une boulangerie à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 mars 2022. L'invasion de l'Ukraine par la Russie pourrait signifier moins de pain sur la table pour de nombreux pays du monde arabe où des millions de personnes luttent déjà pour survivre. SAID KHATIB / AFP
Un ouvrier palestinien fabrique du pain dans une boulangerie à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 mars 2022. L'invasion de l'Ukraine par la Russie pourrait signifier moins de pain sur la table pour de nombreux pays du monde arabe où des millions de personnes luttent déjà pour survivre. SAID KHATIB / AFP
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Publié le Mardi 10 mai 2022

La FAO oeuvre pour la sécurité alimentaire et le développement durable face aux crises

  • Chaque jour qui passe, la guerre en Ukraine affaiblit la sécurité alimentaire mondiale
  • Selon les estimations de la FAO, au moins 20 pour cent des cultures d’hiver – notamment le blé – risquent de ne pas être récoltées en Ukraine, et les agriculteurs du pays manqueront probablement la saison des semis de mai

La 33è session de la Conférence régionale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l'Europe s'ouvre ce 10 mai à Łódź, en Pologne. A cette occasion, Qu Dongyu, directeur général de la FAO, lance un appel à la transformation de nos systèmes agroalimentaires:

«Les deux dernières années ont marqué un tournant, en ce qu’elles ont transformé nos vies en profondeur dans toutes leurs dimensions. Heureusement, la science nous a aidés à mieux comprendre et à relever les difficultés engendrées par la covid-19. Au cours de cette période, nous avons également été témoins des effets de la pandémie sur la production, le commerce, la logistique et la consommation de biens, dont les aliments et d’autres produits de l’agriculture.
Les Nations Unies et leurs institutions ont travaillé d’arrache-pied à la protection de la santé et de la sécurité des personnes et de la planète, en encourageant les gouvernements à trouver des moyens de reconstruire en mieux. En particulier, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a plaidé en faveur de systèmes agroalimentaires transformés, qui soient plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, en vue d’accomplir les quatre améliorations – de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie – en ne laissant personne de côté.
Cet appel à la transformation de nos systèmes agroalimentaires a trouvé écho dans le monde entier.
Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, qui s’est tenu en septembre 2021, a constitué une étape décisive sur la voie de cette transformation, en encourageant tous les pays à innover pour assurer la résilience face à la crise climatique, aux catastrophes naturelles et aux conflits.
Toujours en 2021, les Membres de la FAO ont adopté le Cadre stratégique de la FAO pour 2022-2031, qui articule la vision de l’Organisation en faveur d’un monde durable où règne la sécurité alimentaire pour tous dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD).
Ce document stratégique est devenu plus important encore au début de l’année 2022, lorsque la sécurité alimentaire mondiale a subi les effets d’une nouvelle crise.
Chaque jour qui passe, la guerre en Ukraine affaiblit la sécurité alimentaire mondiale. L’Ukraine et la Fédération de Russie sont des piliers majeurs des marchés mondiaux. Les deux pays sont d’importants fournisseurs de produits agricoles (blé, maïs, orge et tournesol) et d’autres intrants agricoles indispensables, dont les engrais. Ensemble, ils représentent environ 30 pour cent des exportations mondiales de blé et 20 pour cent des exportations de maïs.
Les pénuries sont appelées à se prolonger l’année prochaine. Selon les estimations de la FAO, au moins 20 pour cent des cultures d’hiver – notamment le blé – risquent de ne pas être récoltées en Ukraine, et les agriculteurs du pays manqueront probablement la saison des semis de mai. Cela réduira d’autant les disponibilités alimentaires mondiales, avec de graves conséquences dans la région Europe et Asie centrale et au-delà. Près de 50 pays à faible revenu et à déficit vivrier en Afrique et au Proche-Orient sont fortement tributaires des approvisionnements céréaliers ukrainiens et russes.

Les prix des denrées alimentaires étaient déjà en hausse en raison de préoccupations relatives à l’état des cultures, à la disponibilité des produits destinés à l’exportation et à l’inflation dans les secteurs de l’énergie, des engrais et de l’alimentation pour animaux. La guerre en Ukraine ayant causé des ondes de choc sur les marchés des céréales de base et des huiles végétales, les prix des denrées alimentaires ont encore augmenté, atteignant un pic historique en mars.
Des interventions immédiates et des mesures de fond coordonnées, mais surtout conjointes, sont nécessaires pour amortir les impacts des problèmes de sécurité alimentaire actuels, et la FAO a un rôle essentiel à jouer à cet égard.
Il est capital que le flux des produits alimentaires et des engrais ne connaisse pas d’interruption. La production et le commerce agricoles doivent continuer d’approvisionner les marchés nationaux et mondiaux, et les chaînes d’approvisionnement doivent contribuer à protéger les cultures sur pied, le bétail, les infrastructures de transformation des aliments et les systèmes logistiques.
La FAO recommande vivement de renforcer le Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) dans son rôle de plateforme au service de la transparence des marchés alimentaires et de l’action publique coordonnée en période d’incertitude des marchés.
En outre, les pays d’Europe et d’Asie centrale, et du monde entier, doivent gérer les ressources naturelles de manière plus efficiente et productive, non seulement dans le but d’abaisser les coûts de production agricole, mais aussi pour donner à l’innovation les moyens de se déployer. Cet aspect revêt une importance toute particulière s’agissant des biens exportés.
L’amélioration de la gestion des ressources naturelles est une pierre angulaire du développement durable. À cette fin, la concrétisation des ODD, qui est abordée dans les stratégies de l’Organisation relatives au changement climatique et à la science et l’innovation, se situe au cœur du Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO. À l’appui de la réalisation de ces objectifs et en réponse à l’interdépendance des défis, la FAO a lancé la Plateforme technique régionale consacrée à l’agriculture verte, qui constitue un portail numérique convivial pour l’échange d’informations sur l’intégration des enjeux prioritaires dans ce domaine. Toutes ces questions figureront à l’ordre du jour d’une conférence internationale qui se tiendra le 6 mai à Bakou (Azerbaïdjan).
Enfin, nous devons accroître la résilience des moyens de subsistance. Les franges les plus vulnérables de la population vivent de l’agriculture et des ressources naturelles, et ce sont elles qui sont généralement les plus durement éprouvées par les chocs et les catastrophes.
À travers sa collaboration avec les gouvernements, les partenaires et les communautés, que ce soit avant, pendant ou après les catastrophes, la FAO est particulièrement bien placée pour aider les Membres à construire un avenir propice à une plus grande résilience et à une sécurité alimentaire renforcée en associant la prévention, la préparation et le redressement au service du développement durable, et en aidant les agriculteurs et les économies rurales à gagner en souplesse, en efficacité et en innovation. Sans perdre de vue ses objectifs stratégiques, la FAO intervient activement dans les situations d’urgence pour amortir les effets des conflits sur les vies humaines et les moyens de subsistance.

Le monde n’a jamais été aussi interconnecté. Les conflits qui sévissent dans une région ont des répercussions aux quatre coins du globe, et leurs ramifications ont de graves conséquences pour la sécurité alimentaire et pour toutes les autres aspirations qui sont les nôtres en matière de développement.»

 


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »