Guerre en Ukraine: les solutions de la FAO pour régler la question de la sécurité alimentaire

Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO. (Photo fournie)
Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO. (Photo fournie)
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Guerre en Ukraine: les solutions de la FAO pour régler la question de la sécurité alimentaire

  • Dans un article, Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, estime qu’avec la hausse des prix en 2022, 13 millions de personnes supplémentaires ne consommeront pas suffisamment de calories
  • Selon les estimations de la FAO, 1,5 milliard de dollars suffirait à fournir une assistance agricole immédiate qui sauverait la vie et les moyens de subsistance d’environ 50 millions de personnes

CASABLANCA: À l’heure où la guerre s’enlise en Ukraine et alors que les chaînes d’approvisionnements, notamment alimentaires, sont gravement perturbées, Rein Paulsen, directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) tente de proposer des solutions pour venir en aide aux pays les plus vulnérables.

Ainsi, dans une tribune intitulée «Comment nourrir plus de personnes avec moins d’argent? En les aidant à cultiver!», Rein Paulsen établit un constat: «Les pays du monde entier commencent à comprendre que notre économie mondialisée et nos filières d’approvisionnement alimentaire à l’échelle du globe sont plus fragiles que nous le pensions». Il estime que les pays qui dépendent des importations de denrées alimentaires sont inquiets, à juste titre», alors même que le monde se remet à peine de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Ceci étant, il rappelle que même avant la guerre en Ukraine, le nombre de personnes souffrant de l’insécurité alimentaire était déjà sidérant.

Le directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO explique également que «les contributions destinées à financer l’aide humanitaire qui servait de planche de salut aux personnes dans le besoin sont passées de 3,6 milliards il y a dix ans à près de 8,5 milliards l’an dernier» et que la faim aiguë n’a cessé de progresser ces dernières années. Pour étayer son propos, Paulsen donne un chiffre: en 2016, le nombre de personnes souffrant de la faim aiguë à un niveau de crise (niveau 3 de l’IPC) ou d’urgence (niveau 4) s’établissait à 108 millions. Il est maintenant passé à 160 millions.  Avec la hausse des prix en 2022, Rein Paulsen estime que 13 millions de personnes supplémentaires ne consommeront pas suffisamment de calories pour mener une vie normale.

Pour endiguer cette crise alimentaire, le directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO propose de «donner aux populations les moyens de créer des milliers de greniers, c’est-à-dire des filets de sécurité décentralisés pour empêcher la grande famille humaine de sombrer». Se basant sur l’expérience de la FAO en Afghanistan, dans le nord-est du Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud, en  Syrie et au Yémen, il explique que «s’ils en ont les moyens, les agriculteurs cultiveront de quoi nourrir leur famille et la collectivité». Ce qui ne nécessite pas de grands investissements: «Juste un sac de 20 kilos de semences de blé. Un tracteur loué pour une heure. Livré au bon moment», estime Paulsen. 

Assurant que le retour sur investissement est indéniable dans le secteur agricole, même dans les situations difficiles, Paulsen explique «qu’en Afghanistan, par exemple, les colis (semences de blé, outils et engrais) que la FAO a distribués à l’automne dernier, en pleine période de troubles politiques, ont permis d’ensemencer la terre et, plus tard dans l’année, cette initiative portera ses fruits, fournissant suffisamment de farine pour nourrir une famille moyenne de sept personnes pendant toute une année».
«Ce colis aura couté qu’un quart des 1 000 dollars (environ 919 euros) ou plus qu’il aurait fallu pour acheter la même quantité de céréales sur le marché local (au prix de novembre 2021) ou pour l’importer par l’intermédiaire des marchés mondiaux, désormais à la limite de leurs capacités», poursuit-il. 

«Selon les estimations de la FAO, 1,5 milliard de dollars (environ 1,38 milliard d’euros) suffirait à fournir une assistance agricole immédiate qui sauverait la vie et les moyens de subsistance d’environ 50 millions de personnes, en leur permettant de produire des aliments là où la nécessité se fait le plus sentir», conclut Rein Paulsen, qui appelle à ne pas perdre de temps pour se donner une chance de sauver des vies.
 


Dans l'est ukrainien pilonné par les drones, les routes se couvrent de filets

Depuis des mois, Moscou attaque les hommes et les véhicules avec de petits drones FPV ("First Person view", ou "vue subjective" en français). Dotés d'une caméra embarquée, ces engins permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord.  Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs. (AFP)
Depuis des mois, Moscou attaque les hommes et les véhicules avec de petits drones FPV ("First Person view", ou "vue subjective" en français). Dotés d'une caméra embarquée, ces engins permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord. Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs. (AFP)
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  • Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs
  • Si, après trois ans d'invasion meurtrière de l'Ukraine par la Russie, leur utilisation est devenue courante des deux côtés, leur nombre et leur portée ne cessent d'augmenter

DOBROPILLIA: Sur l'autoroute de Dobropillia, dans l'est ukrainien, une voiture gît, un trou béant en guise de moteur, les portières constellées d'éclats: elle vient d'être touchée par un drone russe, à plus de 25 km du front.

Depuis des mois, Moscou attaque les hommes et les véhicules avec de petits drones FPV ("First Person view", ou "vue subjective" en français). Dotés d'une caméra embarquée, ces engins permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord.

Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs.

Si, après trois ans d'invasion meurtrière de l'Ukraine par la Russie, leur utilisation est devenue courante des deux côtés, leur nombre et leur portée ne cessent d'augmenter.

Pour s'en prémunir, le commandant Denis et son équipe couvrent les routes du Donbass de kilomètres de filets verts, montés sur des poteaux de quatre mètres, donnant à l’ensemble des allures de courts de tennis géants qui s'étend à travers champs.

"Quand un drone heurte le filet, sa course est court-circuitée et il ne peut pas cibler les véhicules", explique, sous un soleil de plomb, le jeune commandant de brigade du génie de 27 ans.

Une protection efficace, selon les soldats ukrainiens, même si les pilotes russes arrivent à pénétrer les filets par des ouvertures et attendent, depuis l'intérieur, le passage de véhicules pour attaquer.

L'armée russe recouvre également ses axes routiers pour abriter les lignes d'approvisionnement proches du front, selon un rapport du ministère russe de la Défense datant d'avril.

Les yeux vers le ciel 

"C'est la guerre des drones", résume Denis. Son équipe et lui sont protégés par des soldats équipés de fusils à pompe chargés d'abattre les FPV, qui ont déjà grièvement blessé plusieurs de ses hommes. "Même les civils ont fini par s'habituer", lâche le commandant.

Sous les filets, une voiture soviétique fonce, un drapeau blanc accroché à l'antenne, dans l'espoir de ne pas être prise pour cible.

Serveuse dans un petit café-supérette à Dobropillia, Olga a fini par prendre d'étonnants réflexes : "Quand je conduis, j'ouvre les vitres pour éviter les éclats de verre si jamais le drone me touche", explique-t-elle à l'AFP avec un naturel déconcertant.

Olga, 45 ans, garde aussi son sac sur le siège à côté d'elle "pour pouvoir sauter rapidement" de la voiture en cas d'attaque.

Derrière son comptoir, la blonde aux yeux bleu électrique écoute les récits de ses clients, victimes des attaques quotidiennes.

"J'ai été poursuivi par un FPV sur 200 mètres", raconte l'un, "il est tombé devant moi", décrit l'autre en faisant des gestes vers le ciel.

Nouvelle tactique 

Le danger ne se limite pas aux routes. Depuis début juillet, l'armée russe a commencé à utiliser ses drones FPV pour frapper la ville de Dobropillia.

Selon les soldats ukrainiens, c'est la première fois qu'une ville aussi éloignée du front est massivement et quotidiennement touchée, révélant de nouvelles tactiques russes.

Pourtant, les rues semblent paisibles, des mères de famille font leurs courses avec leurs enfants. Mais, quand elles n'ont pas les yeux en l'air pour tenter d'apercevoir des drones, elles les gardent rivés au téléphone, pour s'informer sur la messagerie Telegram de la présence de FPV au-dessus de la ville.

Soudain, un sinistre zonzonnement de drone emplit l'atmosphère. Tout le monde se précipite dans les magasins et s'accroupit, les visages déformés par la peur.

La menace passée, une femme sort timidement de son abri, le nez vers le ciel, puis reprend ses sacs de courses laissés au sol et repart comme si de rien n'était. Un spectacle angoissant devenu quotidien.

L'échoppe voisine de celle d'Olga a récemment été touchée par un FPV, laissant sa propriétaire dans le coma. Une atmosphère "effrayante" s'est installé en ville, décrit-elle.

"Maintenant, on sursaute à chaque courant d'air", raconte Olga à l'AFP. "La journée passe, la nuit passe, et on est content de se réveiller, avec encore des bras et des jambes".

Tous en danger 

Malgré les attaques sur les routes, Olga reçoit ce dont elle a besoin pour faire tourner son petit café, les fournisseurs faisant un détour par des chemins plus éloignés du front.

Mais elle ne sait pas pour combien de temps: "tout est en suspens maintenant, nous vivons au jour le jour", dit-elle.

Chaque jour, les victimes  affluent dans le petit hôpital de la ville. Selon son directeur, Vadym Babkov, les FPV "n'épargnent ni les travailleurs médicaux ni les civils".

Comme les routes "ne sont pas encore couvertes à 100 %" par les filets, les ambulances doivent prendre des détours de plusieurs kilomètres, diminuant l'espoir de survie des patients, explique l'homme de 60 ans.

"Maintenant, nous sommes tous en danger", conclut Vadym, sombre.


Inde: les pilotes rejettent les premières conclusions sur l'accident du vol 171 d'Air India

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.  Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad. Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
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  • L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB
  • Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue

NEW DELHI: Deux associations de pilotes de ligne indiens ont vivement rejeté les résultats préliminaires de l'enquête sur l'accident du Boeing 787 d'Air India le 12 juin dans le nord-est de l'Inde, qui suggèrent la possibilité d'une erreur humaine.

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.

Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts.

Le document de l'AAIB ne tire pour l'heure aucune conclusion ni ne pointe aucune responsabilité .

L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB.

Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue.

"Nous avons le sentiment que l'enquête suit une piste qui présume la responsabilité des pilotes et nous nous y opposons fermement", a réagi l'Association des pilotes de ligne indiens (ALPA).

L'ALPA, qui revendique 800 membres, a regretté le "secret" qui entoure l'enquête et regretté de ne pas y être associée en tant qu'"observatrice".

Une autre organisation, l'Association des pilotes commerciaux indiens (ICPA), s'est pour sa part déclarée "très perturbée par ces spéculations (...) notamment celles qui insinuent de façon infondée l'idée du suicide d'un pilote".

"Une telle hypothèse n'a aucune base en l'état actuel de l'enquête", a poursuivi l'ICPA en réaction aux propos d'experts suggérant que la catastrophe pourrait être le fruit du suicide d'un pilote.

La catastrophe aérienne, la plus meurtrière depuis 2014 dans le monde, a causé la mort de 241 passagers et membres d'équipage du Boeing 787, ainsi que 19 autres personnes au sol.

Un passager a miraculeusement survécu.

 


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.