BEYROUTH : Soixante-quatre militants égyptiens ont appelé lundi le gouvernement à mettre en oeuvre des mesures significatives pour "instaurer la confiance" avec l'opposition, alors que le président Abdel Fattah al-Sissi a appelé à l'ouverture d'un "dialogue politique".
"Il y a de la place pour nous tous dans la nation", avait déclaré fin avril M. Sissi lors d'un rassemblement public, appelant toutes les forces politiques à s'impliquer dans un dialogue définissant les "priorités de l'action nationale".
Un peu plus tôt, il avait ordonné la libération de 41 prisonniers politiques en détention provisoire pour certains depuis des années.
Mais pour le militant égypto-palestinien Ramy Shaath, qui a passé deux ans et demi en détention avant de renoncer à sa citoyenneté égyptienne et d'être libéré, c'est loin d'être suffisant.
"Libérer une quarantaine de militants, ce n'est rien quand le pays compte toujours 60 000 détenus politiques et que de nouveaux sont arrêtés chaque jour", a déclaré à l'AFP M. Shaath, figure de la révolution égyptienne de 2011, réfugié en France depuis janvier.
Depuis son arrivée au pouvoir en Egypte en 2014 après avoir évincé l'année précédente le défunt président islamiste, Mohammed Morsi, M. Sissi a mené une répression visant d'abord les islamistes avant de s'élargir aux voix dissidentes.
Dans la déclaration lundi des 64 militants incluant M. Shaath et des défenseurs égyptiens des droits humains, les signataires établissent une liste d'actions et de mesures nécessaires "pour instaurer la confiance en amont de ce dialogue", explique M. Shaath.
"Nous voulons un dialogue entre partenaires, pas une conversation entre des prisonniers et leurs geôliers", ajoute le militant.
Parmi les conditions énumérées par M. Shaath et ses cosignataires figurent "l'arrêt immédiat de toutes les formes de détentions arbitraires", la libération de tous les détenus politiques et de ceux qui sont attachés à la liberté de la presse, et la libération de tous ceux qui sont en détention provisoire depuis plus de six mois.
Les militants exigent également une enquête indépendante sur les allégations de "torture" en prison, ainsi que des mesures concrètes pour améliorer les conditions de détention.
Les défenseurs des droits humains dénoncent régulièrement le bilan "exécrable" de l'Egypte en matière de droits de l'homme depuis l'arrivée au pouvoir de M. Sissi.