BRUXELLES: "Il a paniqué et pris une très mauvaise décision": l'avocate d'Abid Aberkane, un cousin de Salah Abdeslam jugé pour avoir hébergé à Bruxelles en mars 2016 le seul membre encore en vie des commandos du 13 novembre, a plaidé lundi la clémence pour son client.
Me Virginie Taelman entamait la séquence des plaidoiries de la défense au procès, dans la capitale belge, de 14 complices présumés des auteurs des attentats parisiens du 13 novembre 2015 (130 morts).
Ce 15 mars 2016, alors que Salah Abdeslam --en cavale depuis quatre mois-- vient d'échapper de peu à un raid policier dans une planque bruxelloise, Abid Aberkane est contacté par un dénommé "Amine" qui lui demande de le rejoindre là où il se trouve à Molenbeek.
Sous un faux nom, avec "un numéro privé" (non identifiable), a raconté Me Taelman, Abdeslam trompe la vigilance de ce cousin, qui se retrouve acculé, "sous pression", pour répondre à sa demande de l'héberger avec un complice également en fuite.
Aberkane accède à la requête, leur ouvre la cave du domicile de sa mère, où il les fournit pendant trois jours en nourriture, jusqu'à l'arrestation du 18 mars 2016.
"C'est son cousin, il est sous pression, doit décider en une fraction de seconde et il va prendre la mauvaise décision", a assuré Me Taelman.
A ce procès devant le tribunal correctionnel de Bruxelles où sont jugées des "petites mains" accusées d'avoir aidé, transporté ou hébergé des membres de la cellule jihadiste du 13 novembre, Abid Aberkane, 40 ans, compte parmi les prévenus les plus sévèrement pointés du doigt par l'accusation.
Il y a dix jours, une peine de quatre ans de prison, avec sursis probatoire possible, a été requise contre lui pour des faits qualifiés d'"extrêmement graves" par le parquet fédéral.
Dans l'enquête, l'accusation a fait état de la découverte, en mars 2016 dans le téléphone portable d'Aberkane, de quelque 200 images "à caractère jihadiste, à la gloire du groupe Etat islamique" (EI).
Selon Me Taelman, son client était certes intéressé par la propagande de l'EI, mais n'a pas pour autant soutenu les actes de la cellule du 13 novembre, également à l'origine des attaques de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).
"Il a reconnu l'hébergement (d'Abdeslam), il n'a pas minimisé. Il vous a dit que c'était une décision du cœur, pas rationnelle... Il a craqué", a poursuivi l'avocate.
Abid Aberkane a effectué quinze mois de détention provisoire et une condamnation risquerait de faire tomber une peine avec sursis prononcée dans un autre dossier, a-t-elle aussi fait valoir.
Après la fin des plaidoiries, la semaine prochaine, le tribunal mettra son jugement en délibéré. Il devrait être prononcé au plus tard le 30 juin.