Élections aux Philippines: Marcos Jr se dirige vers une victoire écrasante

Imelda Marcos (2e à gauche), la mère du candidat présidentiel philippin Ferdinand Marcos Jr, traverse un bureau de vote lors de l'élection présidentielle à l'école primaire Mariano Marcos Memorial à Batac, Ilocos Norte, le 9 mai 2022. (Jam Sta Rosa/AFP)
Imelda Marcos (2e à gauche), la mère du candidat présidentiel philippin Ferdinand Marcos Jr, traverse un bureau de vote lors de l'élection présidentielle à l'école primaire Mariano Marcos Memorial à Batac, Ilocos Norte, le 9 mai 2022. (Jam Sta Rosa/AFP)
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Publié le Lundi 09 mai 2022

Élections aux Philippines: Marcos Jr se dirige vers une victoire écrasante

  • Trois agents de sécurité ont été tués lundi peu après le début du scrutin dans la municipalité de Buluan, sur l'île de Mindanao - où sévissent de multiples groupes armés
  • Ferdinand Marcos Jr, largement en tête dans les sondages, semble en passe d'accomplir le retour au pouvoir de la dynastie déchue près de 40 ans après son exil

MANILLE, Philippines : Les Philippins ont commencé lundi à voter pour désigner leur prochain président, un scrutin à fort enjeu pour lequel Ferdinand Marcos Junior, fils du défunt dictateur Ferdinand Marcos, est promis par les sondages à une victoire écrasante.

Environ 67 millions de Philippins sont appelés à voter pour ces élections générales, lors desquelles sont également désignés le vice-président ainsi que les députés, la moitié des sénateurs, les 81 gouverneurs de province et d'autres élus locaux. Les analystes prédisent une forte participation.

Trois agents de sécurité ont été tués lundi peu après le début du scrutin dans la municipalité de Buluan, sur l'île de Mindanao - où sévissent de multiples groupes armés, des insurgés communistes aux militants islamistes - quand des hommes armés ont ouvert le feu dans un bureau de vote, selon la police.

Dimanche soir, une explosion devant un bureau de vote avait fait neuf blessés dans la municipalité de Datu Unsay, aussi sur Mindanao.

Les élections sont une période traditionnellement instable aux Philippines, dont la législation sur les armes à feu est laxiste et où la culture politique violente.

Dix candidats sont en lice pour succéder au président Rodrigo Duterte, et Ferdinand Marcos Jr, largement en tête dans les sondages, semble en passe d'accomplir le retour au pouvoir de la dynastie déchue près de 40 ans après son exil.

Dans une école de Batac, bastion de la famille Marcos, les électeurs faisaient la queue lundi matin, ventilateur portatif à la main pour tromper la chaleur tropicale. Après le passage de chiens renifleurs, ils ont vu arriver Marcos Jr, venu avec sa soeur Irene pour voter, suivis par leur mère, Imelda, veuve du dictateur et matriarche de 92 ans du clan Marcos.

Après six ans de gouvernement autoritaire de Duterte, les militants des droits de l'homme, les dirigeants de l'Église catholique et les analystes politiques craignent de voir Marcos Jr enhardi par une large victoire et diriger le pays avec une poigne encore plus lourde.

«Nous pensons que cela va aggraver la crise des droits de l'homme dans le pays», a déclaré Cristina Palabay, secrétaire générale de l'alliance pour les droits humains Karapatan.

Une vaste campagne de désinformation pour réhabiliter le régime dictatorial, le système clientéliste et le désenchantement des électeurs à l'égard des récents gouvernements ont alimenté le retour en grâce des Marcos.

Les sondages prédisent une victoire du candidat de 64 ans, surnommé «BongBong», avec largement plus que la moitié des suffrages. Pour gagner ce scrutin à un seul tour, il lui suffirait d'être celui qui obtient le plus de voix.

Les partisans de sa principale rivale, l'actuelle vice-présidente Leni Robredo, espèrent une surprise de dernière minute.

- Corruption et dynasties familiales -

Depuis que Mme Robredo a annoncé sa candidature à la fonction suprême en octobre, des groupes de bénévoles se sont multipliés dans le vaste archipel pour convaincre les électeurs.

L'avocate et économiste de 57 ans avait battu de justesse Marcos Jr dans la course à la vice-présidence en 2016 (aux Philippines, le président et le vice-président sont élus séparément). Elle a promis de débarrasser la démocratie philippine de la corruption, dans un archipel où une poignée de familles ont la mainmise sur le pays.

Marcos Jr et son alliée candidate à la vice-présidence Sara Duterte, fille du président sortant, se disent les mieux qualifiés pour «unifier» le pays.

- Risque pour la démocratie -

Si les pronostics des sondages se confirment, Marcos Jr deviendrait le premier candidat à la présidence à être élu avec une majorité absolue depuis le renversement de son père.

Selon l'analyste politique Richard Heydarian, une telle victoire pourrait lui permettre de faire réviser la Constitution pour asseoir son pouvoir et affaiblir la démocratie.

«Duterte n'a jamais eu la discipline et les moyens d'aller au bout de son programme autoritaire», a déclaré M. Heydarian. «Cette opportunité historique pourrait échoir aux Marcos».

Parmi les autres candidats à la présidence figurent la légende de la boxe Manny Pacquiao et l'ancien éboueur devenu acteur Francisco Domagoso. Mais seuls Marcos Jr et Robredo sont considérés comme ayant une chance de gagner.

La personnalité, plutôt que la politique, influence généralement le choix du candidat, et l'achat de voix et l'intimidation sont également des problèmes récurrents dans les élections philippines.

Quel que soit le résultat du scrutin, les adversaires de Marcos Jr ont déjà promis de poursuivre les efforts visant à le faire disqualifier en raison d'une condamnation antérieure pour infraction fiscale, et à lui faire payer les milliards de dollars dus en droits de succession.

«C'est un autre carrefour pour nous», a déclaré Judy Taguiwalo, 72 ans, une militante anti-Marcos qui a été arrêtée deux fois et torturée pendant la loi martiale. «Nous devons continuer à nous lever et à lutter».

Trois agents de sécurité tués dans l'attaque d'un bureau de vote

Trois agents de sécurité ont été tués lundi dans le sud des Philippines quand des hommes armés ont ouvert le feu dans un bureau de vote, a indiqué la police, au moment où des millions de personnes se rendaient aux urnes pour les élections générales.

La fusillade s'est produite peu après le début du scrutin dans la municipalité de Buluan, sur l'île de Mindanao, où sévissent de multiples groupes armés, des insurgés communistes aux militants islamistes.

L'ancien maire Ibrahim Mangudadatu a dit que les personnes à l'intérieur de l'école - utilisée comme bureau de vote - se sont précipitées pour se mettre à l'abri lorsque la fusillade a commencé.

Un quatrième garde a été blessé dans l'attaque, a déclaré le porte-parole de la police provinciale de Maguindanao, Roldan Kuntong. 

Cette attaque a eu lieu après une autre explosion survenue dimanche en fin de journée à l'extérieur d'un bureau de vote dans la municipalité de Datu Unsay, aussi sur l'île de Mindanao, faisant neuf blessés.

Environ 67 millions de Philippins sont appelés à voter jusqu'à 19H00 (11H00 GMT) pour ces élections générales, lors desquelles sont désignés le président, le vice-président ainsi que les députés, la moitié des sénateurs, les 81 gouverneurs de province et d'autres élus locaux. 

Marcos Junior hérite de l'affaire familiale

La porte latérale de la camionnette blanche s'ouvre, un siège motorisé pivote et l'ancienne première dame des Philippines, Imelda Marcos, est descendue jusqu'au sol telle une diva de la politique.

À 92 ans, son aura s'est un peu ternie. Sa coiffure bouffante est moins volumineuse, ses chaussures plates moins ostentatoires et son confortable tailleur-pantalon, quoique très chic, est plus celui d'une arrière-grand-mère que d'une reine de beauté.

Mais Imelda n'a rien perdu de ses dons pour la mise en scène.

Sa rare apparition publique a lieu à l'école élémentaire Mariano Marcos de Batac, la ville de feu son mari le dictateur Ferdinand Marcos, dans le Nord de l'archipel.

Dans la pratique, elle vient voter à l'élection présidentielle. Mais le symbole n'échappe à personne: c'est bien de la transmission de l'affaire familiale dont il s'agit.

L'héritier est son fils âgé de 64 ans, Ferdinand "Bongbong" Marcos Junior, auquel tous les sondages prédisent une large victoire à la présidentielle de lundi, trente-six ans après le renversement de son père par une révolte populaire.

Lorsqu'Imelda arrive, "Bongbong" a quitté le bureau de vote quelques instants plus tôt. Même si nous sommes ici dans le fief des Marcos, la rapide apparition du candidat n'a déclenché que de maigres applaudissements.

Il faut dire que les talents d'acteur de Marcos Junior sont moins développés que ceux de sa mère. Et que son apparence physique est assez banale, si l'on exclut sa chevelure noire à la Beatles. Une ironie quand on sait que les mythiques "Fab Four" s'étaient brouillés avec Imelda lors d'une tournée dans le pays et avaient juré de ne plus jamais remettre les pieds aux Philippines.

- Cour pléthorique -

Refusant de prendre place dans le fauteuil roulant mis à sa disposition, Imelda entre dans l'école guidée par ses proches, tandis qu'une foule de curieux en nage se masse derrière les grilles, dans une chaleur étouffante.

Avec l'aide de sa fille Irene et de son petit-fils Sandro, elle inspecte méticuleusement un bulletin de vote d'une taille gigantesque et d'une complexité diabolique (les Philippins votent non seulement pour élire leur président, mais aussi leur vice-président, leurs députés, une partie de leurs sénateurs et une myriade de responsables locaux).

Elle fait ensuite signe à un assistant, qui fait signe à un autre assistant, qui fait signe à un troisième assistant qui lui fournit un paquet de mouchoirs en papier pour tamponner son front.

La cour itinérante d'Imelda Marcos est certes moins pléthorique que lorsque son mari était au pouvoir, mais elle reste plus impressionnante que celles de bien des patrons de multinationales.

Malgré les efforts déployés depuis des décennies aux Philippines pour récupérer une partie des milliards "mal acquis" des Marcos, des signes évidents de cette fabuleuse fortune subsistent: une broche Chanel, un épais bracelet de perles et un régiment de gardes du corps, d'assistants et de journalistes qui la suivent à la trace.

L'endroit le plus dangereux sur Terre se trouve peut-être entre Imelda Marcos et une caméra: tout spectateur s'y retrouvant par mégarde est rapidement bouté hors du champ.

Dans le couloir, un vieillard pousse un cri de surprise en voyant Imelda. Il doit avoir à peu près le même âge, mais les années ont été moins clémentes pour lui: il est maigre et n'a plus de dents, son T-shirt usé est trempé de sueur et ses tongs partent en lambeaux.

Le Covid-19 a durement frappé les Philippines, fait de nombreux morts, encore plus de chômeurs, tout en réduisant à néant les maigres économies d'une grande partie de la population.

Imelda aussi a souffert de la pandémie, affirme Sandro, un des derniers rejetons du clan Marcos. "C'est un animal très social", dit-il, laissant entendre que le virus a fait des fêtes somptueuses une chose du passé.

Sandro, 28 ans, est un jeune homme à la coupe nette, au look K-Pop, et qui s'exprime aussi bien que n'importe qui ayant fait des études à la London School of Economics. Il est, après Bongbong, le prochain grand espoir de la dynastie Marcos.

Il est également candidat aux élections cette année, et brigue un siège au Congrès local.

A Batac, personne ne serait surpris, dans cinquante ans, de le voir arriver à l'école pour voter pour le dernier membre de la tribu Marcos cherchant à emménager dans le palais présidentiel de Malacanang.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, "tentative de "manipulation" répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

- "accroître la pression sur la Russie"-

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

- Conditions maximalistes de Poutine -

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.