RIYAD: La législation anti-Opep en cours d’examen au Congrès américain pourrait nuire aux efforts du président Joe Biden pour stabiliser les marchés pétroliers, a averti la Maison Blanche.
Un porte-parole de l’administration a fait part d’inquiétudes quant aux «conséquences involontaires» de cette mesure qui donnerait aux procureurs américains le pouvoir de poursuivre des organisations pour des actions jugées anticoncurrentielles sur les marchés pétroliers.
Lorsque le Congrès a adopté une version du projet de loi en 2007, celle-ci a échoué sous la menace de veto du président George W. Bush, qui avait déclaré qu’elle pourrait entraîner des perturbations de l’approvisionnement en pétrole et des «mesures de représailles contre les intérêts américains».
Le Comité judiciaire du Sénat américain a approuvé par 17 voix contre 4 le projet de loi sur l’interdiction des cartels de production et d’exportation de pétrole (Nopec), signe de la tension croissante entre les États-Unis et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+).
L’organisation résiste aux appels des États-Unis à autoriser une hausse spectaculaire de la production dans un contexte de flambée des prix de l’énergie. Jeudi, l’Opep+ a décidé de s’en tenir à ses plans d’augmentation progressive de la production de pétrole, à hauteur de 432 000 barils par jour en juin.
La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, aurait affirmé, selon Bloomberg, que si M. Biden ne s’opposait pas catégoriquement au projet de loi, «les implications potentielles et les conséquences involontaires de cette législation nécessitaient une étude plus approfondie et une délibération». «Nous l’examinons attentivement et sommes certainement préoccupés par les implications potentielles», a-t-elle ajouté.
Mike Sommers, président de l’American Petroleum Institute, a également fait part de ses préoccupations sur le projet de loi, dont certaines versions existent depuis une vingtaine d’années. Il a reconnu que ce projet de loi pourrait avoir des «conséquences graves et involontaires», notamment en donnant aux membres de l’Opep le feu vert pour prendre de telles mesures à l’encontre des entreprises américaines.
La tension croissante entre les États-Unis et l’Opep+ a incité le prince Turki al-Faisal, ancien chef de la Direction générale du renseignement saoudien, à déclarer que ce sont les politiques de la Maison Blanche qui sont responsables de la hausse des prix de l’énergie dans le pays.
Dans une interview avec Katie Jensen, lors de l’émission Frankly Speaking d’Arab News, le prince s’est exprimé sur la question pétrolière. «Quand on dit que l’Arabie saoudite n’a pas réagi aux problèmes pétroliers auxquels les États-Unis sont confrontés, en fait, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui sont responsables de l’état dans lequel ils se trouvent en raison de leur politique énergétique», a-t-il déclaré.
Ce point de vue est partagé par le sénateur républicain Ted Cruz, qui s’est exprimé lors d’un débat sur la législation. «Il est important que le peuple américain comprenne que la cause des prix élevés de l’essence en ce moment n’est pas l’Opep», a-t-il souligné, affirmant que les démocrates «essayent désespérément de trouver un responsable» pour la hausse des prix du pétrole.
Selon un autre sénateur républicain, John Kennedy, M. Biden «ne veut pas que les États-Unis produisent leur pétrole et leur gaz», ce qui donne un plus grand pouvoir de marché à l’Opep. La décision de l’Opep+ d’approuver une modeste augmentation de la production est intervenue un jour après que l’Union européenne a proposé un embargo progressif sur le pétrole à l’encontre de la Russie, mesures les plus sévères jamais prises pour punir Moscou d’avoir lancé sa guerre en Ukraine.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com