PARIS: La France n'aurait pas à affronter de « difficulté majeure » dans le cadre d'un embargo européen progressif sur le pétrole russe mais les prix risquent cependant d'augmenter, a indiqué mercredi le représentant des industriels français du secteur.
« Il n'y a pas de difficulté majeure d'approvisionnement identifiée, pour peu qu'on nous laisse quelques mois pour réorganiser les flux logistiques », aussi bien pour le pétrole brut que le gazole, a déclaré Olivier Gantois, président de l'Ufip Énergies et Mobilités, ex-Union française des industries pétrolières.
La Commission européenne a proposé mercredi un embargo progressif de l'UE sur le pétrole et les produits pétroliers russes, dans le cadre d'un nouveau paquet de sanctions contre Moscou. La Hongrie a toutefois rejeté la proposition « dans sa forme actuelle ».
La Russie, plus gros exportateur au monde de pétrole, produit quelque 11 millions de barils par jour de brut, dont un peu plus de 5 millions sont exportés. Mais le pays exporte aussi 1,5 million de barils par jour de gazole, dont l'Europe et notamment la France - qui n'en produisent pas assez - sont très friandes.
La Russie représente ainsi 10 à 12% des importations françaises de pétrole brut et 20 à 25% des importations de gazole en France, selon l'Ufip.
L'Hexagone peut toutefois très bien se fournir ailleurs. « Il existe déjà en temps normal des alternatives qui sont essentiellement pour le pétrole brut le Moyen-Orient et l'Amérique du nord », a expliqué Olivier Gantois. Pour le gazole, s'ajoute à ces deux régions « l'Inde, qui est un gros producteur ».
Le président de l'Ufip prédit « un jeu de vases communicants dans lequel le pétrole russe exporté va être détourné vers des pays qui n'ont pas décidé d'embargo, notamment la Chine, l'Inde, la plupart des pays africains, les pays d'Amérique du sud... ce qui libérera des barils non russes achetés normalement par ces pays ».
Toutefois, cela aura un prix. « Le schéma d’approvisionnement actuel est un schéma optimisé, dans lequel on fait venir en France les barils qui sont les plus intéressants économiquement. Dès lors qu'on s'écarte de ce schéma, on peut partir sur le principe que ça va coûter plus cher », a mis en garde Olivier Gantois.
Sur le marché, les acheteurs doivent en outre payer une « prime » pour le pétrole non russe. La décision d'un embargo risque en outre de rendre les marchés « nerveux » et donc augmenter les cours, prévient-il.