BRUXELLES: Une nouvelle mouture du projet d'embargo européen sur le pétrole russe avec des modifications demandées par plusieurs Etats membres est discutée vendredi à Bruxelles, mais la Hongrie bloque la proposition, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques.
"Si aucun accord n'est trouvé ce week-end, je devrais convoquer une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE la semaine prochaine, après la journée de l'Europe", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Les négociations menées au niveau des ambassadeurs des Etats membres vont être "compliquées", a confié un diplomate. L'unanimité des 27 est requise pour l'adoption des sanctions.
La Hongrie freine le projet européen d'embargo sur le pétrole russe
La Hongrie bloque le projet d'embargo européen sur le pétrole russe et de difficiles négociations se poursuivront entre les 27 pays membres de l'UE pour trouver un accord pendant le week-end, ont indiqué vendredi plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a durci le ton vendredi matin, estimant que la proposition de la Commission européenne d'interdire les achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie d'ici à la fin de l'année portait "atteinte" à l'unité de l'UE.
"Depuis le début, nous avons clairement signifié qu'il y avait une ligne rouge, à savoir l'embargo sur l'énergie. Ils ont franchi cette ligne", a-t-il dénoncé lors d'un entretien à la radio.
"La Hongrie a un problème et (les ambassadeurs) doivent le résoudre. Des clarifications techniques sont nécessaires, et cela prendra un certain temps. Cela va se poursuivre pendant le week-end pour le travail technique, pas politique", a confirmé un diplomate.
"L’approche des Hongrois dans la salle est très différente de ce que vous entendez de la part de Orban à Budapest", a-t-il souligné.
"Le problème avec les sanctions est que l'accord doit repasser par les capitales", a expliqué un autre diplomate.
La proposition soumise mercredi aux Etats membres prévoit un arrêt des importations de brut dans les six mois et des produits raffinés d'ici à fin 2022. Elle accorde une dérogation d'une année jusqu'à la fin 2023 à la Hongrie et à la Slovaquie, deux pays enclavés et dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba.
La durée de cette dérogation a été jugée insuffisante par la Hongrie et la Slovaquie. Et la République tchèque a demandé à en bénéficier.
Cette durée a été portée jusqu'à fin 2024 dans la nouvelle mouture du projet discuté vendredi et la République tchèque se voit également accorder cette possibilité, a-t-on indiqué.
En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE. Les trois pays qui demandent une dérogation représentent "un faible pourcentage" des achats, a souligné la Commission.
L'inscription du chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien affiché à l'offensive russe, au nombre des nouvelles personnalités figurant sur la liste noire de l'UE est également contestée, a-t-on indiqué.
L'objectif est une entrée en vigueur du sixième train de sanctions européennes pour la célébration de la 72e journée de l'Europe le 9 mai. Cette date est également célébrée en Russie comme le "jour de la Victoire" sur l'Allemagne nazie.
Le nouveau journal indépendant russe Novaïa Gazeta.Europe paraît dans les kiosques en Lettonie
Le journal Novaïa Gazeta, dirigé par le prix Nobel de la Paix Dmitri Mouratov, a annoncé fin mars suspendre ses publications en ligne et au format papier en Russie jusqu'à la fin de l'intervention en Ukraine, en plein durcissement du Kremlin contre les voix dissonantes.
Le nouveau journal, Novaïa Gazeta.Europe, "est une publication créée par des journalistes russes libres qui se sont retrouvés en émigration forcée. Il s'agit de leur point de vue indépendant sur les événements de la guerre en Ukraine et les développements en Russie", a indiqué la maison d'édition Rigas Viļņi, le 2e plus grand groupe de presse écrite de Lettonie qui est son éditeur.
Le sixième paquet de sanctions contre la Russie vise aussi le secteur financier avec l'exclusion de la plus importante banque russe, la Sberkank (37% du marché russe), et de deux autres établissements bancaires du système financier international Swift. Et trois canaux télévisés russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seraient interdits de diffusion dans l'UE, selon le document consulté par l'AFP.
"Le temps presse", a souligné un diplomate. "Je pense qu'un accord peut être trouvé d'ici à dimanche", a déclaré un de ses homologues.
"Les pays qui hésitent aujourd'hui ne sont pas encore prêts", a reconnu vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
"Ils n'ont pas d'accès à la mer et nous discutons avec eux pour trouver des solutions (...) afin qu'ils aient la garantie d'avoir une sécurité pour leurs approvisionnements avec suffisamment de pétrole livré", a-t-elle expliqué dans une intervention en visioconférence pour un congrès organisé par le quotidien allemand FAZ.
"Je suis convaincue que nous adopterons ce paquet. Si cela prend un jour de plus, cela prendra un jour de plus", a-t-elle dit.