BAGDAD : Plusieurs centaines de partisans du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran désormais intégrée à l'Etat irakien, ont incendié samedi le siège du parti au pouvoir au Kurdistan après des critiques formulées par l'un de ses cadres, a constaté un photographe.
La foule a saccagé l'imposant bâtiment du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, du leader kurde Massoud Barzani) dans le centre de Bagdad, avant de l'incendier en dépit d'un déploiement policier important.
Au milieu d'imposantes colonnes de fumée noire, les manifestants brandissaient des drapeaux du Hachd ainsi que des portraits du général iranien Qassem Soleimani et de l'ancien commandant du Hachd Abou Mehdi al-Mouhandis, tous deux assassinés par Washington au début de l'année. Ils ont brûlé le drapeau kurde ainsi que des portraits de Massoud Barzani.
Le président du Kurdistan autonome, Netchirvan Barzani, a dénoncé « un groupe de hors-la-loi » ayant « hissé le drapeau du Hachd » au-dessus du QG du PDK. « Nous condamnons cette attaque qui relève d'actes de sabotage », a-t-il ajouté, appelant Bagdad à enquêter et juger les responsables.
De son côté, Massoud Barzani, président du PDK, a dénoncé « une insulte au drapeau sacré du Kurdistan » et exhorté les autorités centrales à "prendre les mesures nécessaires".
En soirée, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a réuni en urgence le Conseil de la sécurité nationale, dénoncé l'attaque et annoncé « 15 arrestations » et l'ouverture d'une « enquête », notamment pour déterminer dans quelle mesure les forces de l'ordre avaient failli à leur mission de protection du QG du PDK.
Hoshyar Zebari, ancien ministre irakien des Affaires étrangères et haut cadre du PDK, avait estimé il y a deux semaines que « la mission première du nouveau gouvernement est de nettoyer la Zone Verte (où siègent les autorités irakiennes et l'ambassade américaine, NDLR) de la présence milicienne du Hachd ».
Il a ensuite qualifié le Hachd de « force hors-la-loi », alors que ce dernier ne cesse de souligner qu'il a été intégré aux forces régulières après avoir combattu aux côtés de l'Etat et de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI).
La cheffe du groupe parlementaire du PDK à Bagdad, Vian Sabry, a accusé « des groupes indisciplinés d'être derrière » l'attaque, se refusant à nommer des auteurs.
Le 1er octobre, le service du contre-terrorisme du Kurdistan avait, pour la première fois, accusé nommément le Hachd d'avoir tiré des roquettes ayant visé l'aéroport d'Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, où sont stationnés des soldats américains.
Fin août, une foule avait pris d'assaut et incendié une chaîne de télévision appartenant à un politicien sunnite pour avoir diffusé un programme festif le jour du deuil chiite d'Achoura.