Kirill, le fidèle patriarche orthodoxe de Poutine

Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009. (AFP).
Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009. (AFP).
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Publié le Mercredi 04 mai 2022

Kirill, le fidèle patriarche orthodoxe de Poutine

  • Depuis de longues années, le dirigeant religieux, âgé de 75 ans, n'hésite pas à s'afficher en bénissant armes et missiles, ni à justifier la répression de l'opposition et des médias indépendants
  • Le patriarche a multiplié les déclarations de soutien à l'offensive russe en Ukraine. Si bien que la Commission européenne veut le cibler avec des sanctions

MOSCOU: Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009, a mis son Eglise au service de Vladimir Poutine, le qualifiant de "miracle", partageant son ambition d'une Russie conservatrice dominatrice et soutenant l'offensive en Ukraine.


Depuis de longues années, le dirigeant religieux, âgé de 75 ans, n'hésite pas à s'afficher en bénissant armes et missiles, ni à justifier la répression de l'opposition et des médias indépendants.


Lui, comme M. Poutine, voit aussi l'Ukraine et le Bélarus comme des pays "frères" qui auraient dû rester sous la houlette de Moscou et non comme des nations distinctes. 


Le patriarche a multiplié les déclarations de soutien à l'offensive russe en Ukraine. Si bien que la Commission européenne veut le cibler avec des sanctions, comme c'est déjà le cas pour M. Poutine et une foule de responsables russes.


Le 27 février, trois jours après le début des hostilités, Kirill avait qualifié de "forces du mal" les détracteurs des ambitions russes chez le pays voisin. En avril, il appelait les Russes à "faire corps" pour combattre ses "ennemis extérieurs et intérieurs".


Le pape catholique François, qui s'était entretenu avec Kirill en mars, avait appelé le patriarche à "ne pas utiliser le langage de la politique, mais le langage de Jésus".


Le soutien de Kirill à Vladimir Poutine est tout sauf une surprise.


Succédant en 2009 au défunt patriarche Alexis qui avait reconstruit l'Eglise après la chute de l'URSS et de son système athée, Kirill a fait de l'orthodoxie russe une véritable machine politico-religieuse au service du Kremlin.

Poutine est un « miracle »

En 2012, il proclame que le règne de Vladimir Poutine est "un miracle de Dieu" après la crise post-soviétique des années 1990.


La même année, un événement symbolise toute la sévérité conservatrice de ce moine à la barbe grise.


Quatre jeunes femmes cagoulées, qui forment le groupe de punk Pussy Riot, pénètrent dans la cathédrale du Christ Sauveur, la principale de Moscou, et y chantent une prière anti-Poutine.


Trois d'entre elles sont arrêtées et condamnées à des peines de prison ferme. 


Kirill rejette les appels à la miséricorde et au contraire dénonce un "blasphème", proclamant que "le Diable riait". Depuis, il rappelle régulièrement que le fidèle orthodoxe ne doit pas protester. 


Pour lui, les grands rassemblements après l'arrestation en janvier 2021 de l'opposant Alexeï Navalny étaient la marque d'une "crise au sein de la jeune génération". 


Il est aussi un pourfendeur de l'homosexualité et se satisfait de la loi voulue par Vladimir Poutine interdisant "la propagande de l'homosexualité aux mineurs", texte vu par les ONG comme un outil homophobe légal.


Le parcours du patriarche n'est par ailleurs pas sans zone d'ombres.


Contrairement à son grand-père, un prêtre victime des répressions staliniennes, Kirill, de son nom séculier Vladimir Goundiaïev, trouve sa place dans l'appareil de l'Eglise de l’époque soviétique, soumise à l'URSS. 


En 1965, à 19 ans, il entre au séminaire de sa ville natale de Léningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg) et revêt l'habit monacal quatre ans plus tard. 


Il accède à son premier poste diplomatique dès 1971 et en 1989 prend la tête du département des relations extérieures, équivalent d'un ministère des Affaires étrangères.

KGB, tabac et luxe
Cette carrière nourrit le soupçon de liens étroits avec le KGB, les services secrets, qui s'appuyaient sur l'institution pour espionner les fidèles. 


Dans les années 1990, il est éclaboussé par un autre scandale, l'Eglise étant alors accusée de profiter de ses exemptions fiscales pour revendre à profit des cigarettes. Cette affaire lui vaudra le surnom de "métropolite (évêque, ndlr) du tabac".


Kirill a aussi été piégé par un certain goût du luxe. En 2012, une photo mal trafiquée sur son site révèle qu'il porte une montre d'une valeur de 30.000 dollars. Une dispute de voisinage révèlera aussi que le patriarche est propriétaire d'un appartement dans l'un des immeubles moscovites les plus en vue.


Rien de tout cela ne l'affecte durablement. 


2020 est une consécration avec l'inscription d'une référence à Dieu dans la Constitution de la Russie. Une réforme validée en même temps que celle autorisant Vladimir Poutine à rester au pouvoir jusqu'en 2036 et celle définissant le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme.


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com