Non, la race d'un chien ne permet pas de prédire son caractère

Selon une nouvelle étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science, ces stéréotypes liés aux races canines sont largement infondés (Photo, AFP).
Selon une nouvelle étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science, ces stéréotypes liés aux races canines sont largement infondés (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

Non, la race d'un chien ne permet pas de prédire son caractère

  • De nombreux traits comportementaux peuvent bien être hérités
  • Mais la race ne permet de prédire que partiellement la plupart des comportements -- voire pas du tout pour certains traits de caractère, comme l'affection ou la propension à s'énerver

WASHINGTON: Tout le monde le sait, les pitbulls et les rottweilers sont agressifs, tandis que les labradors sont affectueux. 

Sauf que non.

Selon une nouvelle étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science, ces stéréotypes liés aux races canines sont largement infondés.

De nombreux traits comportementaux peuvent bien être hérités. Mais la race ne permet de prédire que partiellement la plupart des comportements -- voire pas du tout pour certains traits de caractère, comme l'affection ou la propension à s'énerver.

"La génétique joue un rôle dans la personnalité de tout chien individuellement, mais la race ne permet pas de prédire ces traits efficacement", a expliqué Elinor Karlsson, l'une des auteures de ces travaux, qui ont impliqué plus de 2 000 chiens et plus de 200 000 réponses de la part de propriétaires.

"Ce que nous avons démontré, c'est que les critères définissant un golden retriever sont ses caractéristiques physiques -- la forme de ses oreilles, la couleur et la qualité de son pelage, sa taille. Mais pas s'il est affectueux", a-t-elle ajouté.

De tels stéréotypes se retrouvent pourtant parfois dans la loi, comme pour l'interdiction des pitbulls au Royaume-Uni et dans de nombreuses villes américaines.

«Aucun effet»

Les chercheurs ont séquencé l'ADN de 2 155 chiens de race ou croisés, afin de trouver des variations génétiques communes qui pourraient permettre de prédire leur comportement. Ils ont combiné ces résultats avec les réponses à des questions de la part de 18 385 propriétaires de chien.

Le site utilisé s'appelle Darwin's Ark, et représente une base de données en accès libre réunissant les informations livrées par des propriétaires sur les comportements de leur animal.

Les chercheurs ont pris en compte dans leurs analyses les stéréotypes affectant possiblement les réponses.

Ils ont établi des définitions fixes pour certains comportements, comme l'obéissance, la sociabilité, ou encore l'intérêt pour les jouets. Les traits physiques ont également été étudiés.

Les scientifiques ont finalement trouvé 11 endroits du génome associés à des différences comportementales, dont l'obéissance, la capacité à rapporter un objet, ou encore les hurlements.

Dans ces cas-là, la race jouait bien un certain rôle: les beagles et les limiers ont tendance à davantage hurler, les border collies sont obéissants, bien davantage que les shiba inus.

Mais l'étude a malgré tout montré qu'il existait à chaque fois des exceptions.

Ainsi, même si les labradors étaient ceux ayant le moins tendance à hurler, 8% d'entre eux le faisaient quand même. Et si 90% des lévriers n'enterraient pas leur jouet, 3% le faisaient fréquemment.

De plus, en observant les réponses à plusieurs questions portant sur les possibles réactions agressives des chiens, "nous n'avons vu aucun effet de la race", a expliqué Elinor Karlsson.

Au total, la race n'expliquait que 9% des variations comportementales. L'âge permettait ainsi de mieux prédire certains traits, comme le fait de s'amuser avec un jouet. 

Les traits physiques pouvaient eux être cinq fois mieux prédits par la race que le comportement.

Idéaux physiques

Avant les années 1800, les chiens étaient d'abord sélectionnés pour leurs rôles dans la chasse, pour garder la maison ou les troupeaux.

Mais le concept "de race canine moderne, mettant l'accent sur des idéaux physiques et la pureté de la lignée, est une invention victorienne", souligne l'étude.

Les chiens au sein d'une race peuvent avoir des comportements différents, certains ayant hérité des variations génétiques de leurs ancêtres, et d'autres non.

Fait intéressant: la sociabilité envers les humains est très héréditaire chez les chiens, quoique ne dépendant pas de la race.

Les chercheurs ont localisé un endroit de l'ADN canin qui pourrait expliquer 4% des différences de sociabilité entre les individus. Et cet endroit correspond à celui, dans le génome humain, responsable de la formation de la mémoire longue.

"Il se pourrait que comprendre la sociabilité envers les humains chez les chiens aide à comprendre comment le cerveau se développe et apprend", a avancé Kathleen Morrill, auteure principale de l'étude, lors d'une conférence de presse.

La prochaine étape, selon elle, serait de se pencher sur les troubles comportementaux chez les chiens, et leurs possibles liens avec ceux des humains.

"On ne peut pas demander à un chien quels sont ses problèmes, ses pensées, ses angoisses, mais on sait qu'ils vivent des vies émotionnelles riches et sont atteints de troubles qui se manifestent dans leur comportement", a expliqué la chercheuse.

Comprendre les liens entre la race et le comportement pourrait ainsi aider à déterminer quels gènes sont responsables de certains troubles psychiatriques chez les humains, comme les troubles obsessionnels compulsifs.


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).