PARIS: La cinéaste tunisienne Kaouther ben Hania poursuit sa carrière internationale. Elle a décroché deux nouveaux prix pour son dernier film L’Homme qui a vendu sa peau au Festival du film méditerranéen de Bastia (Arte Mare), qui s’est tenu du 3 au 10 octobre 2020.
Kaouther ben Hania est reconnue dans le milieu du septième art en Europe. Lors de la 77e édition du Festival international du film de Venise (Mostra de Venise), la cinéaste a remporté le prix Edipo Re pour l’inclusion et le prix Orizzonti du meilleur acteur a été remis à Yahya Mahayni. Son film La Belle et la Meute (2017), sélectionné dans la catégorie Un certain regard du Festival de Cannes, est désormais visible sur la plate-forme de streaming Netflix.
L’Homme qui a vendu sa peau, en compétition officielle dans la section des longs-métrages méditerranéens, avec la star internationale Monica Bellucci comme tête d’affiche, vient de décrocher deux prix lors de la 38e édition du festival Arte Mare de Bastia: le prix du jury jeune et le prix du public.
Sept films – six fictions et un documentaire – ont été présentés en avant-première, parmi lesquels 143, rue du Désert de l’Algérien Hassen Ferhani, qui a décroché le grand prix du jury. Arte Mare, qui comprend trois compétitions dédiées aux longs-métrages méditerranéens, aux films corses et aux écoles de cinéma en Méditerranée, a été créé en 1981. Cet événement met en avant la création cinématographique en Méditerranée.
L’amour de l’art et de la liberté
«Je fais des films sur les choses que j’aime, qui me passionnent. Sur des sujets que je connais. J’ai travaillé plus de trois ans sur ce film. L’art contemporain m’intéresse et c’est surtout l’idée d’une rencontre entre cette discipline et un réfugié qui me passionnait», souligne Kaouther ben Hania dans un entretien accordé à un journal corse. La cinéaste explique qu’elle a été inspirée par Wim Delvoye, un artiste plasticien «qui repousse les limites et défie le marché de l’art».
«C’est le thème de la liberté qui est au cœur de mon film. C’est un des maîtres-mots dans l’art et c’est aussi ce qui caractérise ce réfugié syrien: il porte en lui un désir de liberté.»
Le film relate l’histoire de Sam Ali, un réfugié syrien, incarné par l’acteur Yahya Mahayni. Le personnage principal du film est sensible et impulsif fuyant la guerre qui fait rage dans son pays, le Liban. Pour pouvoir rejoindre l’amour de sa vie en Europe, il accepte un compromis: se faire tatouer le dos par l’artiste contemporain le plus sulfureux du monde. Son corps devient une prestigieuse œuvre d’art. Mais cela lui permettra-t-il de satisfaire sa quête de liberté et d’amour?
«Le casting a été très long, je voulais vraiment trouver la perle rare. J’ai rencontré beaucoup d’acteurs syriens. Il y a une grande tradition et de vraies formations d’acteurs en Syrie, surtout pour le théâtre et la télévision», explique Kaouther ben Hania. Le personnage central du film, Sam Ali, a «une motivation affective qui n’a rien de rationnel», ajoute-t-elle.
Ce film franco-tunisien sortira en salles en France le 16 décembre prochain. Il fera aussi l’ouverture du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier (CineMed), le 16 octobre, au Corum Opéra Berlioz.
L’Homme qui a vendu sa peau est également sélectionné pour le Festival international du film de Tokyo, au Japon, ainsi que pour la compétition des longs-métrages de fiction El Gouna (GFF), du 23 au 31 octobre prochain.