Consultations tous azimuts en vue du «troisième tour» des législatives

La présidentielle à peine digérée, les tractations se sont intensifiées en coulisses mardi, à sept semaines des élections législatives en juin. (Photo, AFP)
La présidentielle à peine digérée, les tractations se sont intensifiées en coulisses mardi, à sept semaines des élections législatives en juin. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 avril 2022

Consultations tous azimuts en vue du «troisième tour» des législatives

  • Du côté de la majorité, il s'agit de surfer sur la nette victoire du président sortant dimanche
  • De son côté, Marine Le Pen entend bien mener la bataille des législatives

PARIS: La présidentielle à peine digérée, les tractations se sont intensifiées en coulisses mardi, à sept semaines des élections législatives en juin, sur fond du nouveau rapport de force créé par la réélection d'Emmanuel Macron. 

Du côté de la majorité, il s'agit de surfer sur la nette victoire du président sortant dimanche face à sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen. Traduction: reconduire une large majorité à l'Assemblée nationale et continuer à grignoter aussi bien à droite qu'à gauche de l'échiquier politique. 

Le président Macron, qui se cherche aussi un nouveau Premier ministre, consulte, selon son entourage. Resté invisible depuis la soirée électorale, il s'est rendu mardi en début de soirée au siège de campagne pour remercier les équipes. 

« Dans les semaines à venir, il va falloir gagner, inspirer, enthousiasmer et continuer à rassembler le pays sur le projet qui est le nôtre », a-t-il plaidé, d'après un participant. 

Jean Castex, donné bientôt sur le départ, a passé l'après-midi à l'Elysée, selon une source gouvernementale. 

Et les députés LREM se sont réunis comme chaque mardi. Pour les législatives des 12 et 19 juin, « notre volonté est claire: conforter nos forces et l'élargissement politique », a lancé leur patron Christophe Castaner. 

Lundi soir au bureau exécutif du parti présidentiel, son numéro un Stanislas Guerini avait souligné l'« urgence » à disposer d'une majorité parlementaire claire pour « agir » sur le pouvoir d'achat « dès cet été », ainsi que sur le climat dans le sillage du virage vert promis par Emmanuel Macron. 

Alors que les investitures des candidats doivent être finalisées, Horizons, le mouvement de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (ex-LR), a l'impression d'être mis de côté.  

« On a beau tendre la perche, il y a parfois des comportements un peu irrationnels vis-à-vis d'Edouard Philippe », déplore un membre du bureau politique d'Horizons, qui s'est réuni mardi. 

Source de crispation, les accords qui se profilent entre la majorité et certains LR: « Je ne suis jamais tenu par un deal que je n'ai pas passé », a prévenu Edouard Philippe, selon des participants. 

« Cour de recréation »  

De son côté, Marine Le Pen a pris quelques jours de repos mais elle entend bien mener la bataille des législatives, forte de ses 41,46% à la présidentielle, le plus haut score jamais réalisé pour un parti d'extrême droite.   

C'est néanmoins le président du parti, Jordan Bardella, qui lancera la campagne nationale jeudi à Fréjus, aux côtés du maire RN de la ville David Rachline.  

Dès dimanche soir, Marine Le Pen avait dit voir dans son score inédit « une éclatante victoire » et la manifestation du « souhait » des Français d'« un contre-pouvoir fort à Emmanuel Macron ». 

Son parti espère capitaliser lors des législatives, lui qui ne dispose que de six députés actuellement. Selon un sondage Harris Interactive-Toluna pour Challenges publié lundi, le RN recueillerait entre 75 à 105 sièges dans la nouvelle assemblée, ce qui serait un bond inédit. 

Mais ce sera a priori sans alliance avec Eric Zemmour et son mouvement Reconquête!. Les partisans de M. Zemmour, qui a réuni 7% des voix au premier tour de la présidentielle, ne cessent de frapper à la porte du RN qui répond par une fin de non-recevoir.  

Et les échanges acrimonieux se multiplient entre les deux camps. La nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, passée dans le camp Zemmour et qui hésite à se présenter à Carpentras (Vaucluse), a déploré mardi des débats « de cour de récréation ». 

Pendant ce temps à droite, les Républicains, fragilisés par leur cuisante défaite à la présidentielle, ont réaffirmé leur « indépendance » face à Emmanuel Macron que certains pourraient être tentés de rallier.  

« Il n'y a pas de double appartenance » et « on ne peut pas être Les Républicains et majorité présidentielle », a martelé le président du parti Christian Jacob à l'issue d'un conseil stratégique. 

Tandis qu'à gauche les négociations patinent entre La France insoumise, EELV et le PCF en vue d'un accord aux législatives. Le PS, lui, entre dans la danse via une rencontre avec les Insoumis mercredi. 

« C'est un peu compliqué », lâche Manuel Bompard, le chef des négociateurs pour LFI, pourtant en position de force après la 3e place de Jean-Luc Mélenchon au 1er tour de la présidentielle (21,95%). 

Gérard Larcher (LR), président du Sénat qui resté dominé par la droite, a adressé lundi une lettre de félicitations à Emmanuel Macron pour sa réélection, a fait savoir l'entourage du deuxième personnage de l'Etat. 


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.