A Paris, une dernière soirée en liberté avant l’entrée en vigueur du couvre-feu

Ce couvre-feu entre en vigueur alors que le rebond de l'épidémie se confirme chaque jour, spectaculaire (Photo, AFP).
Ce couvre-feu entre en vigueur alors que le rebond de l'épidémie se confirme chaque jour, spectaculaire (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 17 octobre 2020

A Paris, une dernière soirée en liberté avant l’entrée en vigueur du couvre-feu

  • Dans les rues de la capitale flottait, avant les douze coups de minuit, comme un air de réveillon, avant l’entrée en vigueur, à minuit, du couvre-feu
  • Ce sera donc « chacun chez soi de 21h00 à 6h00 » dans les zones concernées, a résumé le Premier ministre Jean Castex

PARIS: Paris, sa région et huit autres métropoles ont vécu vendredi leur dernière soirée de liberté avant l'entrée en vigueur des couvre-feux, à partir de minuit, alors que plus de 25.000 cas positifs au Covid-19 ont été détectés en 24 heures.

Dans les rues de la capitale flottait, avant les douze coups de minuit, comme un air de réveillon. Vers 22h00, les terrasses des brasseries et restaurants encore ouverts place de la République débordaient de tablées de jeunes, de bouteilles ouvertes et d'éclats de rire.

« On va profiter le plus possible, un resto, tournée des bars et une petite marche avec les copains sur les Champs-Elysées », répond au nom de ses quatre amis Kurtys Magdelon, un étudiant de 19 ans. Un dernier selfie de groupe, tous apprêtés et masqués au pied de la statue de la République, et le petit groupe s'éloigne dans la nuit.

Pour Lyon, Lille, Toulouse, Montpellier, Saint-Etienne, Aix-Marseille, Rouen, Grenoble et toute l'Ile-de-France, soit quelque 20 millions d'habitants, le gouvernement a décidé d'instaurer un couvre-feu à vendredi minuit pour quatre semaines au minimum et peut-être, si le Parlement l'approuve, jusqu'au 1er décembre, comme l'a évoqué Emmanuel Macron.

Ce sera donc « chacun chez soi de 21h00 à 6h00 » dans les zones concernées, a résumé le Premier ministre Jean Castex.

Seule une attestation – disponible sur le site internet du gouvernement – permettra d'y déroger pour aller ou revenir du travail, pour des raisons de santé, pour visiter un proche en situation de dépendance ou sortir son animal de compagnie.

Ce couvre-feu entre en vigueur alors que le rebond de l'épidémie se confirme chaque jour, spectaculaire.

Plus de 25.000 nouveaux cas ont été enregistrés vendredi, après le record de jeudi avec plus de 30.000 cas, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France (SpF). Plus inquiétant, le virus a fait 122 morts dans les dernières vingt-quatre heures.

Jamais vu

Pour certains, le spleen de cette dernière soirée de normalité a pris le pas sur l'envie de faire la fête. « Je suis là, avec ma déprime et ma bière », commente brièvement Jacob Köhler, 27 ans, un Suédois vivant à Paris, qui dit redouter plus que tout « le silence ».

Dans toutes les villes concernées, les soirées au restaurant vont devoir être écourtées, ce qui provoque l'ire de la profession.

« Je n'ai jamais vu ça en cinquante ans que je suis ici. On va fermer le soir, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? Il faut que nos employés soient dehors à 21h00 », s'insurge Stain Roman, gérante de La Mère Buonavista à Marseille.

Pas d'exception non plus pour les spectacles. « Les règles doivent être les mêmes pour tous », a tranché le Premier ministre Jean Castex en visite vendredi au CHU de Lille, en balayant la demande d'assouplissement, soutenue par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui aurait permis aux spectateurs de théâtre ou de cinéma de rentrer chez eux après 21h00.

A la veille des vacances de Toussaint, le gouvernement n'a pas interdit les déplacements dans le pays, mais certains territoires ont voulu anticiper un afflux de touristes, comme la station balnéaire huppée du Touquet-Paris-Plage, qui va instaurer à son tour un couvre-feu.

En Loire-Atlantique et Vendée, les préfectures ont pris des mesures pour élargir l'obligation de porter le masque.

Le gouvernement défend les couvre-feux comme la seule mesure qui permette d'éviter un reconfinement, au moment où les indicateurs en France se dégradent, et où l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) juge la situation "très préoccupante" dans le reste de l'Europe.

« C'est effrayant »

« Si on attend tout des pouvoirs publics, on n'y arrivera pas. Il faut rendre les Français acteurs, ils peuvent le faire pour leurs proches, pour vous aussi » les soignants, a lancé M. Castex à Lille.

Selon le gouvernement, les couvre-feux n'auront pas de premier impact sur la circulation du virus avant au moins deux à trois semaines.

Le bond actuel des nouveaux cas fait craindre une saturation des hôpitaux alors que la situation est déjà tendue dans certaines régions, comme l'Ile-de-France, où le taux d'occupation des lits en réanimation par des patients Covid-19 dépasse déjà 40%.

Le nombre des patients actuellement hospitalisés en réa est en nette hausse ces derniers jours et s'établit à 1.791, sur une capacité totale de 5.800 lits, selon le ministre de la Santé Olivier Véran.

Aux urgences de l'hôpital de Montreuil, « c'est effrayant. J'ai l'impression de revenir à mars », a confié à le chef du service Hocine Saal. « Toute la difficulté est de prendre en charge à la fois les patients Covid et non-Covid ».

En France, le bilan total du nombre de décès attribuables à la maladie depuis le début de l'épidémie s'élève désormais à 33.303.


Mandat d'arrêt contre Netanyahu: Barrot évoque des «questions d'immunité» pour «certains dirigeants»

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome. (AFP)
Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome. (AFP)
Short Url
  • "La France est très attachée à la justice internationale et appliquera le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI"
  • Tout en soulignant que le statut de la cour "traite des questions d'immunité sur certains dirigeants"

PARIS: Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome.

"La France est très attachée à la justice internationale et appliquera le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI", a déclaré M. Barrot sur franceinfoTV, tout en soulignant que le statut de la cour "traite des questions d'immunité sur certains dirigeants". "C'est en dernier ressort à l'autorité judiciaire qu'il appartiendra de se prononcer", a-t-il ajouté.


Macron empoche une victoire diplomatique avec le cessez-le-feu au Liban

Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient. (AFP)
Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient. (AFP)
Short Url
  • "Pour la France, c'est un succès", abonde Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en rappelant la douche froide de septembre où la même initiative avait été torpillée
  • Emmanuel Macron, qui s'était alors beaucoup impliqué au côté des Etats-Unis durant l'Assemblée générale des Nations unies, "avait vraiment pris ça comme une gifle", ajoute-t-elle

PARIS: Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient, à quelques jours d'une visite d'Etat en Arabie saoudite.

"C'est un retour inespéré de la diplomatie française. Le Liban réhabilite le rôle de la France au Proche-Orient", résume à l'AFP Hasni Abidi, directeur du Centre d'études sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

"Pour la France, c'est un succès", abonde Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en rappelant la douche froide de septembre où la même initiative avait été torpillée au dernier moment par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Emmanuel Macron, qui s'était alors beaucoup impliqué au côté des Etats-Unis durant l'Assemblée générale des Nations unies, "avait vraiment pris ça comme une gifle", ajoute-t-elle.

Les Français sont restés depuis activement engagés dans les négociations, de concert avec les Américains, même si les Israéliens ont "voulu les en faire sortir", souligne une source française proche du dossier.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont les relations avec le président français sont notoirement tendues, a d'ailleurs, mardi soir, avant tout remercié l'américain Joe Biden "pour son implication" dans la trêve.

Le locataire sortant de la Maison Blanche a en revanche salué son homologue français pour "son partenariat" dans la négociation, entre Israël et le Hezbollah.

"Besoin de nous" 

Selon plusieurs sources sollicitées par l'AFP, Américains et Libanais ont insisté pour que la France reste dans le jeu en raison notamment de ses contacts avec le mouvement chiite libanais et l'Iran, qui le soutient.

"Les Américains avaient besoin de nous pour le Hezbollah", affirme un diplomate français. "Ils ont essayé de jouer (tout seuls) mais ça n'a pas marché donc les Français ont apporté leur plus-value traditionnelle", dit-il.

La France, en perte de vitesse ces dernières années au Moyen-Orient, retrouve ainsi sa "place traditionnelle" entre les différents acteurs de la région, relève-t-il. "De ce point de vue là, c'est une victoire".

Selon Hasni Abidi, les Libanais ont de leur côté "insisté sur la présence de la France car ils ne font pas confiance aux Américains, qui ont montré leur alignement total sur la position israélienne".

L'annonce tombe en tout cas à pic pour Emmanuel Macron, en mauvaise posture en France depuis la dissolution ratée de l'Assemblée nationale en juin et qui espère retrouver du souffle sur la scène internationale.

Le chef de l'Etat a jusqu'ici rarement été récompensé de ses efforts diplomatiques, de la Libye à l'Ukraine, où il a même essuyé de vives critiques pour avoir continué à dialoguer avec Vladimir Poutine après le début de l'offensive russe en février 2022.

Sans oublier le Liban, ancien protectorat français, où Emmanuel Macron a tenté en vain depuis 2020 de résoudre la crise institutionnelle qui paralyse le pays en mettant la pression sur ses responsables politiques.

"Mission délicate" 

Une telle annonce à quelques jours de sa visite d'Etat en Arabie saoudite, du 2 au 4 décembre, constitue aussi un atout potentiel pour le président français.

Il peut "essayer d'embarquer les Saoudiens" en faveur d'une stabilisation du Liban, notamment financière, même si le prince héritier Mohammed ben Salmane n'a peut-être "pas (forcément) cet objectif", esquisse Agnès Levallois.

Au-delà de l'annonce, le chemin s'annonce encore long pour la mise en œuvre effective du cessez-le-feu sur le terrain même si Paris et Washington vont "veiller" à ce que ce soit le cas.

Benjamin Netanyahu a d'ores et déjà annoncé qu'Israël conserverait une "totale liberté d'action militaire" au Liban, "en accord" avec les Etats-Unis, et "répondra" si le Hezbollah viole la trêve.

"Concrètement, comment les choses vont-elle se passer s'il y a un problème ?", s'interroge Agnès Levallois en notant que l'armée libanaise n'aura "pas beaucoup de moyens" pour faire tampon entre le mouvement chiite et l'armée israélienne.

Face à tous ces enjeux, "la France est face à une mission délicate: conserver son indépendance et sa ligne d'influence tout en gardant la confiance de tous les acteurs", avertit Hasni Abidi.


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Short Url
  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.