Naufrage au large du Liban: les recherches de survivants se poursuivent

Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge, 48 personnes ont été secourues et 15 sont portées encore portées disparues (Photo, AFP).
Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge, 48 personnes ont été secourues et 15 sont portées encore portées disparues (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 avril 2022

Naufrage au large du Liban: les recherches de survivants se poursuivent

  • Le corps d'une femme a été retrouvé lundi matin, portant à sept le nombre de victimes de ce drame survenu samedi soir
  • Les départs de bateaux transportant illégalement des migrants, syriens, libanais ou autres se sont multipliés depuis le Liban, pays plongé dans une crise économique sans précédent

BEYROUTH: Une fillette de 18 mois n'a pas survécu à la noyade. Une embarcation qui transportait, selon l'Agence nationale de l'Information (ANI) plus de 70 migrants, a chaviré dans la nuit de samedi à dimanche, au large de Tripoli, la deuxième grande ville du Liban.

Selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), au moins 84 personnes se trouvaient à bord de l'embarcation partie samedi de la région de Qalamoun, au sud de Tripoli, avant de faire naufrage à trois miles nautiques (environ 5,5 km) des côtes libanaises. 

Dimanche matin, la défense civile ratissait, plus au Nord, le littoral du Akkar en quête d'éventuels rescapés. Les traversées meurtrières se sont multipliées dans ce pays en raison d'une crise économique sans précédent. 

Des personnes tentent de pénétrer par effraction dans la morgue d'un hôpital de Tripoli, où sont conservés les cadavres de personnes décédées lorsque leur bateau a chaviré le samedi 23 avril au large des côtes de la ville du nord du Liban (Photo, AFP).
Des personnes tentent de pénétrer par effraction dans la morgue d'un hôpital de Tripoli, où sont conservés les cadavres de personnes décédées lorsque leur bateau a chaviré le samedi 23 avril au large des côtes de la ville du nord du Liban (Photo, AFP). 

"Le corps d'une femme de la famille Al-Nimr a été retrouvé aujourd'hui sur une plage de Tripoli", a déclaré à l'AFP le directeur général du port de cette grande ville du nord du Liban, Ahmed Tamer, ajoutant que les opérations de secours se poursuivaient.


Jusqu'ici, 48 personnes ont été secourues, selon l'armée libanaise. La plupart des migrants sont des Libanais, mais le bateau transportait également des réfugiés syriens et palestiniens, selon la même source.


Les circonstances du naufrage restent encore floues: des survivants accusent la marine libanaise d'avoir intentionnellement percuté leur bateau avec leurs navires, alors que les autorités affirment que le capitaine de l'embarcation a lui-même heurté les patrouilles pour tenter de s'échapper. 

"Quarante-huit personnes ont été secourues et le corps d'un enfant" a été récupéré sur le bateau qui a coulé près de la côte de la ville de Tripoli, dans le nord du pays, a déclaré le ministre des Travaux publics et des Transports, Ali Hamie, à une radio locale. 

Le chef de la marine libanaise, Haissam Dannaoui, a déclaré lors d'une conférence de presse que le bateau était seulement long de 10 mètres et large de 3 et "il n'y avait aucun gilet de sauvetage à bord (...)".

La Croix-Rouge libanaise a déclaré avoir envoyé 10 ambulances à Tripoli. L'armée avait fermé le port, ne laissant entrer que les ambulances qui faisaient des allers-retours. 

Des médecins attendent sur le quai alors que des soldats recherchent des survivants au large de la ville de Tripoli, au nord du Liban, le 24 avril 2022 (Photo, AFP).
Des médecins attendent sur le quai alors que des soldats recherchent des survivants au large de la ville de Tripoli, au nord du Liban, le 24 avril 2022 (Photo, AFP).

Les familles de certains passagers se sont rassemblées pour prendre des nouvelles, mais l'accès leur a été refusé. 

En réponse au drame, le président de la République a déclaré dimanche matin qu'il enquête sur la situation et avait demandé que les investigations soient déclenchées. Le Premier ministre avait aussi contacté la direction de l'armée pour s'enquérir des causes du naufrage. Le président a ensuite proclamé dimanche que le lundi serait désigné comme jour de deuil officiel en souvenir des décès.

Les familles de certains passagers se sont rassemblées pour prendre des nouvelles, mais l'accès leur a été refusé (Photo, AFP).
Les familles de certains passagers se sont rassemblées pour prendre des nouvelles, mais l'accès leur a été refusé (Photo, AFP).

Coups de feu

Au petit matin, d'intenses coups de feu dans le quartier de Bab Tebbaneh, l'un des plus pauvres de la ville. La tension palpable dans ce secteur sensible a poussé l'armée à renforcer ses effectifs sur les lieux. 

Présent sur place jusqu'à l'aube pour soutenir les opérations de secours, le ministre des Transports déclarait: "C'est une catastrophe majeure qui touche le Liban tout entier", affirmant ne pas avoir de mots pour décrire la scène. "Les recherches se poursuivent", a-t-il indiqué.

Selon des données préliminaires, l'embarcation affrétée par des passeurs et chargée de migrants clandestins, surchargée, a été exposée à une mer agitée et mise en danger par de hautes vagues qui ont contribué à provoquer son naufrage. 

Des unités de l'armée navale libanaise, soutenues par des hélicoptères et des avions Cessna de l'armée de l'air, ont réussi à remorqué le bateau et secourir la plupart des passagers dont certains ont reçu les premiers secours sur place et d'autres ont été dirigés vers les hôpitaux de la région. Le passeur présumé a été arrêté.

«Crise sans précédent»

"C'est arrivé à cause des politiciens qui ont forcé les Libanais sans emploi à quitter le pays", a déclaré un homme qui attendait des nouvelles d'un proche à l'extérieur du port. Le Liban, un pays d'environ six millions d'habitants, est aux prises avec une crise financière sans précédent et selon la Banque mondiale, d'une ampleur habituellement associée aux guerres. 

Les départs de bateaux transportant illégalement des migrants, syriens, libanais ou autres se sont multipliés depuis le Liban, pays plongé dans une crise économique sans précédent. Mais les naufrages meurtriers sont rares.

La monnaie a perdu plus de 90% de son pouvoir d'achat et la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. 

Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, au moins 1.570 personnes, dont 186 Libanais, ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer entre janvier et novembre 2021. 

La plupart espéraient rejoindre l'île de Chypre, membre de l'Union européenne, à 175 kilomètres. 

Ce chiffre est en hausse par rapport aux 270 passagers, dont 40 Libanais, en 2019.

La plupart de ceux qui tentent de quitter le Liban par la mer sont des réfugiés syriens, mais les Libanais sont de plus en plus nombreux à rejoindre leurs rangs.

«Sales politiciens»

Inchangée depuis des décennies, cette classe politique est accusée surtout de corruption et d'incompétence dans un pays où la monnaie a perdu plus de 90% de sa valeur et où la majorité de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

Des élections législatives sont en principe prévues le 15 mai au Liban où le mouvement armé pro-iranien du Hezbollah exerce une grande influence.
"La crise économique au Liban a entraîné l'une des vagues de migrations les plus massives dans l'histoire du pays", a déclaré dimanche soir Mathieu Luciano, directeur du bureau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Liban, dans un communiqué.

Selon l'ONU, au moins 1 570 personnes, dont 186 Libanais, ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer entre janvier et novembre 2021, la plupart espérant rejoindre l'île de Chypre, membre de l'Union européenne et située à quelque 175 kilomètres. Un chiffre en hausse par rapport aux 270 passagers, dont 40 Libanais, en 2019.

La plupart des migrants sont des réfugiés syriens ayant fui leur pays en guerre, mais les Libanais sont de plus en plus nombreux à tenter la traversée. 

(Avec AFP)


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.