Le secteur touristique mondial subit les conséquences de la guerre en Ukraine

Les touristes russes ont été bloqués à l’étranger après l’imposition des sanctions (Photo, Getty Images).
Les touristes russes ont été bloqués à l’étranger après l’imposition des sanctions (Photo, Getty Images).
Une touriste ukrainienne pose pour une photo près de la mosquée Hagia Sophia à Sultanahmet à Istanbul, en Turquie, le 9 mai 2021 (Photo, AFP).
Une touriste ukrainienne pose pour une photo près de la mosquée Hagia Sophia à Sultanahmet à Istanbul, en Turquie, le 9 mai 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 avril 2022

Le secteur touristique mondial subit les conséquences de la guerre en Ukraine

  • La chute soudaine du nombre de Russes et d’Ukrainiens qui se rendent à l’étranger depuis le 24 février a nui à la reprise du secteur
  • La flambée des prix des carburants a causé un accroissement de la pression sur les destinations touristiques en difficulté

DUBAÏ: À partir de son bureau situé au centre de Moscou, Vladimir Inyakin, fondateur de l’agence de voyage locale All World, aide les personnes qui tentent de se procurer des billets pour quitter la Russie.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, qui a incité les pays occidentaux à interdire l’accès des avions de ligne russes à leur espace aérien, le modèle économique du secteur des voyages russe s’est rapidement transformé.
Alors qu’auparavant, M. Inyakin aidait ses clients à réserver des escapades de luxe aux quatre coins du monde, il les aide aujourd’hui à se rendre dans n’importe quel pays offrant un répit face à l’atmosphère de crise, de conflit et d’isolement international qui prévaut actuellement.
M. Inyakin, qui a créé son agence de voyage en 2008, raconte à Arab News qu’«au début, les Russes avaient peur, paniquaient, pleuraient et étaient prêts à payer une fortune pour quitter le pays». Mais aujourd’hui, près de deux mois après le début de la guerre en Ukraine, certains Russes envisagent de nouveau de voyager et M. Inyakin est là pour organiser leurs itinéraires.
Certes, les sanctions occidentales ont considérablement réduit la liste des pays où les Russes peuvent se rendre sans trop de tracas. Les Bermudes, qui ont suspendu la certification des avions russes qui y sont enregistrés, constituent un extrême. À l’autre extrême, on trouve des pays qui ont longtemps bénéficié du tourisme russe et qui restent ouverts aux visiteurs en provenance de Russie.
«De nombreux pays ont peur de perdre leurs clients russes», explique M. Inyakin. «Nous ne pouvons plus desservir que quinze pays, principalement des pays de l’ex-URSS, ainsi que l’Iran, Israël, la Turquie, le Vietnam, Zanzibar, le Qatar, les Émirats arabes unis (EAU) et la Thaïlande avec certaines compagnies aériennes russes.»
«Ils voyagent là où ils peuvent avec un billet aller simple et de l’argent liquide, comme en Ouzbékistan, en Géorgie, en Arménie et aux EAU», précise M. Inyakin. «Si vous vous rendez à l’étranger, vous devez prendre de l’argent liquide avec vous. Ceux qui peuvent se le permettre vont à Dubaï.»
Lorsque la valeur du rouble russe s’est effondrée au début de la guerre, les épargnants russes se sont précipités pour convertir leur argent dans d’autres monnaies plus stables ou pour le placer dans des comptes et des investissements sûrs à l’étranger.
Cependant, dans un surprenant retournement de situation, le rouble a progressivement rebondi, sa valeur ayant doublé par rapport à celle du 7 mars. Le 8 avril, le dollar a dépassé le seuil des 72 roubles, mais il a depuis perdu une partie de ses gains.
Selon un article de Reuters, l’affaiblissement du rouble s’explique par la possibilité que la Russie assouplisse davantage ses mesures de contrôle temporaires, en réduisant les exigences relatives aux ventes obligatoires de recettes en devises par les entreprises exportatrices.
Les prix du kérosène ont augmenté de façon spectaculaire depuis que les sanctions occidentales ont été imposées à l’économie russe basée sur les hydrocarbures, ce qui a entraîné une hausse générale des prix des billets d’avion. Les billets aller-retour sans escale de Moscou à Dubaï coûtent 609 dollars (1 dollar = 0,93 euro) sur Flydubai, 1359 dollars sur Emirates et 810 dollars sur Turkish Airlines, soit plusieurs centaines de dollars de plus qu’avant le 24 février.
Avant la guerre, indique M. Inyakin, «On pouvait faire un vol aller-retour de Moscou à Dubaï avec Aeroflot pour 300-350 dollars». Aeroflot n’a pas encore repris ses activités.
«Il y a actuellement une inflation et le taux de change dollar-rouble russe est extrêmement élevé», explique à Arab News un citoyen russe vivant dans le Golfe, sous couvert d’anonymat.
Lorsque le service de messagerie Swift, qui relie plus de 11 000 institutions financières dans le monde, a suspendu les services de sept banques russes à la fin du mois de février en raison de la guerre, le système financier du pays a été paralysé et sa capacité à faire du commerce à l’échelle mondiale a été réduite.
Concrètement, cette suspension a rendu presque impossible pour les Russes d’utiliser leurs cartes de crédit et leurs comptes bancaires à l’étranger.
«Aujourd’hui, le principal défi pour les Russes qui souhaitent voyager est que si vous êtes un citoyen russe vivant en Russie, vous ne pouvez pas facilement réserver des billets d’avion ou des hôtels puisque Visa et Mastercard ne sont plus valables en Russie», déplore le résident du Golfe. «Très peu de pays acceptent Mir, le système de paiement national russe.»

Les Russes jouent un rôle essentiel dans la reprise du secteur touristique (Photo, AFP).


La baisse du nombre de Russes qui voyagent à l’étranger a déjà un impact négatif sur au moins cinq pôles touristiques autrefois populaires auprès des Russes et Ukrainiens: la Thaïlande, le Vietnam, la Turquie, l’Égypte et Chypre.
Les secteurs des loisirs et de l’hôtellerie de ces pays ne peuvent guère se permettre de telles perturbations, surtout après les fermetures et les interdictions de voyager imposées pendant la pandémie de Covid-19 qui a décimé le tourisme mondial en 2020 et 2021.
Les sanctions et les boycotts imposés en réponse à la guerre nuisent également au secteur touristique russe. Les voyagistes russes qui misent sur la reprise post-pandémie seront cruellement déçus.

Pour des millions d’hommes encore en Ukraine, le voyage n’est tout simplement pas envisageable (Photo, AFP).


Avant la guerre, les Ukrainiens étaient eux aussi de grands voyageurs. Mais aujourd’hui, étant donné que des millions d’entre eux ont été déplacés à cause des combats, leurs dépenses, comme celles des Russes, ont disparu du marché touristique international.
«Nous, Ukrainiens, aimons généralement voyager», affirme Mariia, une Ukrainienne originaire d’Odessa qui vit désormais à Dubaï. «En ce moment, nous ne pensons même pas au tourisme.»
Pour des millions d’hommes encore en Ukraine, le voyage n’est tout simplement pas envisageable. Ceux âgés de 18 à 60 ans, comme le père et le frère de Mariia, ont l’âge de la conscription. «Ils peuvent être appelés à accomplir leur service militaire à tout moment», dit-elle.
Avec ses villes historiques, sa campagne verdoyante et son littoral pittoresque, l’Ukraine était une destination touristique populaire à part entière. Aujourd’hui, son espace aérien est fermé aux avions de ligne, tandis que ses villes et ses infrastructures sont en ruines.
«Je n’ai jamais pensé dans ma vie que j’entendrais les sirènes d’alerte aérienne par appel vidéo dans ma ville», lance Mariia. «Je ne savais même pas que nous en avions. C’était tellement bouleversant.»
La Turquie est peut-être le pays qui ressentira le plus la diminution du nombre de visiteurs russes et ukrainiens. Les hôtels de luxe, les marinas et les plages chatoyantes de Bodrum et d’Antalya ont longtemps été le terrain de jeu des touristes d’Europe de l’Est.
Avant la pandémie, le tourisme représentait 10% du produit intérieur brut (PIB) de la Turquie. En 2021, après la levée des restrictions de voyage liées à la Covid-19, environ 4,7 millions de Russes et 2,1 millions d’Ukrainiens ont visité le pays, soit un quart de ses 24,7 millions de touristes cette année-là.
L’Association des agences de voyages en Turquie s’attendait à ce que 7 millions de Russes et 2,5 millions d’Ukrainiens visitent le pays cette année et que le secteur enregistre des recettes de 35 milliards de dollars.

Une touriste ukrainienne pose pour une photo près de la mosquée Hagia Sophia à Sultanahmet à Istanbul, en Turquie, le 9 mai 2021 (Photo, AFP).


Bien que la Turquie n’ait pas sanctionné la Russie ni fermé son espace aérien aux compagnies aériennes russes, l’invasion de l’Ukraine a anéanti les espoirs d’une reprise post-pandémie.
Le Vietnam a également revu à la baisse ses estimations pour l’année à venir. La province de Khanh Hoa et l’île de Phu Quoc ont toujours été populaires auprès des touristes russes, tout comme la ville de Phan Thiet, affectueusement appelée «Petit Moscou».
Selon une enquête réalisée par l’Administration nationale du tourisme du Vietnam en 2019, les Russes dépensaient en moyenne 1600 dollars par séjour, contre environ 900 dollars pour le touriste moyen.
Plusieurs agences de voyage vietnamiennes proposant uniquement leurs services aux visiteurs russes ont vu le jour au fil des ans. Toutefois, le 23 mars de cette année, en réponse à la guerre, Vietnam Airlines a annoncé qu’elle suspendait ses vols à destination et en provenance de la Russie.
Les mêmes scénarios se déroulent en Thaïlande. Le 25 mars, le South China Morning Post a rapporté que plus de 7000 touristes russes étaient bloqués dans les destinations de vacances autrefois populaires du pays.

Une photo prise le 29 septembre 2021 montre des touristes russes dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, au bord de la mer Rouge (Photo, AFP).


Si l’on regarde le bon côté des choses, de nombreux Russes en détresse ont pu être rapatriés ces dernières semaines. L’agence de presse nationale TASS, citant l’Agence fédérale du tourisme de Russie, a précisé que plus de 85 000 touristes russes avaient été rapatriés en mars. L’article mentionne aussi que l’Égypte a accueilli le plus grand nombre de touristes à forfait, soit environ 4000.
Le processus de rapatriement a néanmoins été compliqué en raison des nouvelles sanctions occidentales visant les avions qui devraient être utilisés pour les vols spéciaux entre l’Égypte et la Russie. Les voyagistes doivent choisir des itinéraires différents pour faire passer les touristes russes bloqués par des pays tiers tels que les EAU, la Turquie, les Maldives et la Thaïlande.
«La guerre en Ukraine pose de nouveaux défis à l’environnement économique mondial et risque de freiner le rétablissement de la confiance dans les voyages internationaux», souligne l’Organisation mondiale du tourisme de l’ONU dans un communiqué le 31 mars.
«La fermeture des espaces aériens ukrainien et russe, ainsi que l’interdiction des compagnies aériennes russes par de nombreux pays européens, affectent les voyages intra-européens. Elle provoque également des détours dans les vols long-courriers entre l’Europe et l’Asie de l’Est, ce qui se traduit par des vols plus longs et des prix plus élevés.»
«La Russie et l’Ukraine représentaient ensemble 3% des dépenses mondiales en tourisme international en 2020 et au moins 14 milliards de dollars de recettes touristiques mondiales pourraient être perdus si le conflit se prolonge.»
En Italie, où les touristes commencent tout juste à revenir après deux ans de restrictions liées à la pandémie, l’absence de touristes ukrainiens et russes est palpable. Le pays a rejoint les autres membres de l’UE en imposant des sanctions à la Russie et a cessé de traiter avec les banques russes.
Selon un article publié dans le quotidien britannique The Guardian, si la Russie ne figure pas parmi les vingt premiers pays en termes de nombre de touristes en Italie, elle occupe la neuvième place en termes de temps passé dans le pays et la deuxième place en termes d’impact économique global, derrière l’Allemagne.
«Habituellement, le touriste russe moyen séjournait en Italie pendant cinq jours ou plus, contre deux ou trois pour la plupart des autres pays, et il dépensait environ 65% d’argent de plus que le touriste moyen par jour», explique M. Costabile. «Je vous assure que l’absence de visiteurs russes dans le secteur se fera sentir.»
Dubaï est un pays où les Russes sont toujours les bienvenus. Longtemps une destination touristique populaire pour les Russes et les Ukrainiens, la capitale commerciale des EAU est toujours aussi chaleureuse et accueillante pour ceux peuvent se permettre de la visiter.

Dubaï a toujours été une destination populaire pour les Russes et les Ukrainiens (Photo, Shutterstock).


«En raison de cette période difficile pour la Russie, aujourd’hui frappée par des sanctions, de plus en plus de Russes cherchent à s’installer à Dubaï», déclare à Arab News Anastasia, une consultante en art russe arrivée à Dubaï il y a deux mois.
D’autres, cependant, s’inquiètent de l’avenir, ne sachant pas où aller, s’il faut rester, ou comment subvenir à leurs besoins à court terme.
«Tout est encore tellement flou», dit à Arab News un expatrié russe qui vit dans le Golfe, sous couvert d’anonymat. «Personne ne sait combien de temps cette guerre va durer et combien de personnes seront touchées. On ne sait pas calculer les risques.»
L’ambassade d’Ukraine aux EAU a récemment annoncé que les touristes ukrainiens arrivés dans le pays du Golfe avant la guerre pouvaient demander un visa de résidence d’un an.
Quant aux plus de 1000 Ukrainiens qui se sont retrouvés bloqués à Dubaï lorsque l’invasion a commencé en février, les organisations humanitaires sont intervenues pour les héberger ou leur réserver des billets pour la Pologne, où sont réfugiés des millions d’Ukrainiens déplacés par la guerre.
«Ils ne pensent plus à voyager maintenant», confie un Ukrainien vivant à Dubaï à Arab News sous couvert d’anonymat, décrivant la situation de sa propre famille.
«Il n’y a pas de vols à destination ou en provenance de l’Ukraine. Les personnes qui ont réussi à fuir très tôt sont en grande partie celles qui pouvaient se le permettre et qui ont alors opté pour des pays comme Dubaï.»
Alors que les négociateurs russes et ukrainiens ne parviennent toujours pas à conclure un accord de paix et que les combats se déroulent désormais dans l’est contesté du pays, rien ne laisse présager un retour à la normale dans un avenir proche.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Inquiet sur les droits de douane, Trudeau rencontre Trump en Floride

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau rentre à son hôtel après avoir rencontré le président élu américain Donald Trump, à West Palm Beach, en Floride, le 29 novembre 2024. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est arrivé en Floride le 29 novembre pour un dîner avec Donald Trump dans la propriété Mar-a-Lago du président élu, alors que le nouveau dirigeant américain a promis des droits de douane sur les importations canadiennes. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau rentre à son hôtel après avoir rencontré le président élu américain Donald Trump, à West Palm Beach, en Floride, le 29 novembre 2024. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est arrivé en Floride le 29 novembre pour un dîner avec Donald Trump dans la propriété Mar-a-Lago du président élu, alors que le nouveau dirigeant américain a promis des droits de douane sur les importations canadiennes. (AFP)
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  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est déplacé en Floride vendredi pour rencontrer Donald Trump, qui a suscité l'inquiétude chez les voisins des Etats-Unis en les menaçant d'une hausse drastique des droits de douane
  • Lundi, le président élu a dit vouloir imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis

West Palm Beach, États-Unis: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est déplacé en Floride vendredi pour rencontrer Donald Trump, qui a suscité l'inquiétude chez les voisins des Etats-Unis en les menaçant d'une hausse drastique des droits de douane.

Lundi, le président élu a dit vouloir imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur l'ensemble des produits importés aux Etats-Unis, une annonce qui a secoué les deux pays et fait craindre une vaste guerre commerciale.

C'est probablement pour tenter d'éviter de telles hostilités économiques que Justin Trudeau a effectué vendredi un déplacement surprise à West Palm Beach pour rencontrer en personne le prochain président américain, qui retourne à la Maison Blanche le 20 janvier.

Une source gouvernementale canadienne a confirmé à l'AFP qu'il était venu dîner avec Donald Trump à Mar-a-Lago, la résidence du milliardaire.

Le dirigeant canadien n'a pas répondu aux journalistes en rentrant à son hôtel après la rencontre.

- Représailles? -

Face aux annonces de Donald Trump, le Canada n'a pas tardé à réagir. Ottawa examine dès à présent la possibilité d'imposer des droits de douane supplémentaires sur certains articles américains en représailles, selon une source gouvernementale.

Car plus des trois quarts des exportations canadiennes en valeur (592 milliards de dollars canadiens soit 400 milliards d'euros) sont allées vers les Etats-Unis en 2023. Et en termes d'emploi, près de 2 millions de personnes au Canada dépendent des exportations sur une population d'environ 41 millions d'habitants.

Vendredi, devant la presse, Justin Trudeau a laissé entendre qu'il n'avait pas de doute sur l'intention de Donald Trump de mettre en oeuvre cette hausse annoncée en arrivant au pouvoir.

"Lorsque Donald Trump fait de telles déclarations, il a l'intention de les mettre à exécution", a déclaré le Premier ministre libéral, devancé dans les sondages par son opposant conservateur à quelques mois des élections canadiennes.

Lors du premier mandat Trump, les Etats-Unis avaient imposé des tarifs douaniers de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, auxquels Ottawa avait répondu en ciblant certains produits.

Qu'importe l'accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (USMCA), Donald Trump avait fait durant sa campagne des droits de douane la colonne vertébrale de sa politique économique.

- Mexique -

Lundi, l'ancien et prochain président a promis qu'il maintiendra cette surtaxe "jusqu'à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays!".

Il s'est entretenu mercredi avec la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum, mais leur appel téléphonique a donné lieu à des interprétations divergentes.

L'Américain a assuré que son homologue avait accepté de "stopper l'immigration" clandestine en direction des Etats-Unis. Mais Mme Sheinbaum l'a contredit, en rappelant que la position du Mexique "n'est pas de fermer les frontières".

Elle a aussi menacé d'augmenter à son tour les tarifs douaniers mexicains sur les produits américains, déplorant que cette guerre commerciale menace la compétitivité, l'inflation et l'emploi en Amérique du Nord.

Sur le départ, Joe Biden a lui jugé les déclarations de Donald Trump "contre-productives". Ces pays voisins sont des "alliés", a déclaré jeudi le président américain, et "la dernière chose à faire est de commencer à gâcher ces relations".

Donald Trump a également annoncé lundi vouloir augmenter de 10% les droits de douane sur les produits en provenance de Chine.

Depuis qu'il a battu la démocrate Kamala Harris dans les urnes le 5 novembre et sans attendre d'être investi le 20 janvier à Washington, Donald Trump a reçu plusieurs responsables chez lui en Floride: le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, le patron de Meta Mark Zuckerberg ou encore le président argentin Javier Milei.


Iraniens et Européens se parlent à Genève, le nucléaire, la Russie et le Moyen-Orient au menu

Une vue générale prise le 24 novembre 2022 montre l'assemblée lors d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur la situation en Iran, aux Nations unies à Genève. (AFP)
Une vue générale prise le 24 novembre 2022 montre l'assemblée lors d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur la situation en Iran, aux Nations unies à Genève. (AFP)
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  • Des pourparlers se tiennent vendredi à Genève entre l'Iran, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni pour évoquer le dossier nucléaire iranien, la Russie et la situation au Moyen-Orient

GENEVE: Des pourparlers se tiennent vendredi à Genève entre l'Iran, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni pour évoquer le dossier nucléaire iranien, la Russie et la situation au Moyen-Orient, à moins de deux mois du retour à la Maison Blanche de Donald Trump.

Le numéro deux de la diplomatie européenne, Enrique Mora, a dit avoir eu jeudi une "discussion franche" à Genève avec Majid Takht-Ravanchi et Kazem Gharibabadi, deux adjoints du ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

Celle-ci a porté "sur le soutien de l'Iran à la Russie, qui doit cesser, sur la question nucléaire, qui doit trouver une solution diplomatique, sur les tensions régionales -- il est important que toutes les parties évitent l'escalade -- et les droits humains", a-t-il dit sur X.

M. Gharibabadi a pour sa part estimé que l'Europe n'avait "pas réussi à être un acteur sérieux" sur la question du nucléaire, après le retour depuis 2018 de sanctions américaines contre Téhéran auxquelles s'opposaient les Européens.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des questions juridiques a par ailleurs appelé vendredi sur X l'UE à abandonner un comportement jugé "irresponsable" par Téhéran sur une série de questions internationales, en particulier la guerre en Ukraine et Gaza.

La réunion de vendredi est entourée de la plus grande discrétion, ni le nom des participants ni l'endroit où les diplomates des quatre pays doivent se retrouver n'ayant été révélés.

Elle se déroule dans un contexte de fortes tensions au Proche-Orient, entre l'Iran, ses alliés et Israël, et avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, artisan d'une politique dite de "pression maximale" envers l'Iran durant son premier mandat.

- Arrondir les angles -

Pour Téhéran, le but des pourparlers est d'éviter une situation "doublement désastreuse" qui placerait l'Iran de nouveau face à cette politique américaine avec en plus, cette fois-ci, celle des Européens, explique à l'AFP le politologue iranien Mostafa Shirmohammadi.

Car à l'épineux dossier nucléaire viennent s'ajouter les accusations des Occidentaux selon lesquelles l'Iran fournit à l'armée russe des drones explosifs pour sa guerre en Ukraine, ce que nie Téhéran.

Dans ce contexte, "l'Iran n'a pas les Européens de son côté", souligne M. Shirmohammadi.

L'Iran espère arrondir les angles avec les Européens. Tout en faisant preuve de fermeté.

Dans un entretien au quotidien britannique The Guardian publié jeudi, M. Araghchi a ainsi expliqué que l'Iran pourrait se doter de l'arme nucléaire si les Européens réimposaient des sanctions.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, associés aux Etats-Unis, reprochent à l'Iran son manque de coopération sur le nucléaire.

En riposte, Téhéran a annoncé mettre en service de nouvelles centrifugeuses "avancées" pour enrichir l'uranium mais n'a pas donné de calendrier.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, a confirmé le projet de Téhéran d'installer quelque 6.000 nouvelles centrifugeuses pour enrichir de l'uranium à un faible niveau, selon un rapport confidentiel obtenu vendredi par l'AFP.

Les Iraniens défendent un droit au nucléaire à des fins civiles et nient vouloir se doter de l'arme atomique, ce dont les Occidentaux les soupçonnent fortement.

- "Pessimiste" -

Jeudi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont le pays est l'ennemi juré de l'Iran, a redit sa détermination d'empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 en Iran, a interdit dans un décret religieux tout recours à l'arme atomique.

"Il y a un débat en ce moment en Iran sur le fait que c'était peut-être une mauvaise politique", a déclaré Abbas Araghchi au Guardian.

Si les Européens réimposent des sanctions contre Téhéran, "ils auront alors convaincu tout le monde en Iran que, oui, cette doctrine est erronée", a-t-il insisté, se disant "pessimiste" sur l'issue des discussions de Genève.

En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis pour encadrer son programme nucléaire.

Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran.

Mais en 2018, Donald Trump a retiré unilatéralement son pays de l'accord - auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA - et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.

En représailles, Téhéran a considérablement augmenté ses réserves d'uranium enrichi et porté le degré d'enrichissement à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.

L'accord sur le nucléaire de 2015, que des négociations ont échoué à ranimer et qui arrivera à échéance en octobre 2025, plafonnait ce taux à 3,67%.


Au moins un million d'Ukrainiens dans le noir après une attaque «massive» russe

Des habitants s'abritent dans une station de métro lors d'une alerte aérienne à Kiev, le 28 novembre 2024, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Des habitants s'abritent dans une station de métro lors d'une alerte aérienne à Kiev, le 28 novembre 2024, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Alors que les températures avoisinent 0°C jeudi, "une fois de plus, le secteur de l'énergie est soumis à une attaque massive de l'ennemi", a déploré jeudi matin sur Facebook le ministère de l'Energie
  • Il y a des "coupures d'urgences dans tous le pays", a relevé sur Facebook le patron d'une des sociétés de fourniture d'électricité Yasno, Sergiï Kovalenko, qui a précisé que celles-ci pourraient durer au moins jusque dans la soirée

KIEV: Plus d'un million d'Ukrainiens sont privés d'électricité jeudi matin après une nouvelle attaque aérienne "massive" de la Russie contre les infrastructures énergétiques, en pleine escalade des menaces de Moscou contre l'Ukraine et l'Occident.

Cette vague d'attaques intervient à un moment où Moscou intensifie sa pression militaire sur l'Ukraine, en attendant, comme les Européens, l'arrivée à la Maison Blanche en janvier de l'imprévisible Donald Trump.

La Russie attaque depuis près de trois ans l'infrastructure énergétique ukrainienne, afin de saper le moral de la population et handicaper la logistique de l'armée ukrainienne, une tactique qui jusqu'ici s'est heurtée à la résilience des Ukrainiens et des équipes de maintenance qui réparent les dégâts causés par les bombardements.

Alors que les températures avoisinent 0°C jeudi, "une fois de plus, le secteur de l'énergie est soumis à une attaque massive de l'ennemi", a déploré jeudi matin sur Facebook le ministère de l'Energie, Guerman Gualouchtchenko.

Il y a des "coupures d'urgences dans tous le pays", a relevé sur Facebook le patron d'une des sociétés de fourniture d'électricité Yasno, Sergiï Kovalenko, qui a précisé que celles-ci pourraient durer au moins jusque dans la soirée.

Dans la région occidentale de Lviv, plus de 500.000 clients étaient plongés dans le noir, selon le gouverneur Maksym Kozytskiï, et 215.000 habitants dans celle voisine de Volyn.

Dans la région de Rivné, 280.000 personnes sont elles privées d'eau courante selon les autorités régionales.

La région de Kiev, les régions d'Ivano-Frankivsk et de Khmelnytsky connaissent elles aussi des coupures de courant, mais les autorités n'ont pas chiffré la population affectée.

Dans le sud, le maire de Mykolaïv, Oleksandre Senkevytch, a annoncé que les tramways et les trolleybus ne roulaient pas du fait des coupures, et que les écoles resteront fermées toute la journée.

«Faire la guerre aux civils»

Mardi, la Russie avait promis une "réponse" - sans en préciser les contours - à deux nouvelles frappes ukrainiennes avec des missiles américains ATACMS contre son territoire les jours précédents.

La semaine dernière, Vladimir Poutine avait lui mis en garde les Occidentaux, à la suite des toutes premières attaques ukrainiennes effectuées avec des missiles occidentaux contre le sol russe, que Moscou se réservait le droit d'attaquer directement les pays qui aident Kiev ou encore de tirer à nouveau son missile hypersonique de portée intermédiaire "Orechnik" contre l'Ukraine.

Pour le chef de cabinet du président Volodymyr Zelensky, Andriï Iermak, la Russie "poursuit ses tactiques de terreur" et veut "faire la guerre aux civils pendant (...) l'hiver".

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir détruit dans la nuit 25 drones ukrainiens au dessus de la région de Briansk, proche du Bélarus, de la Crimée et de la région de Rostov (sud).

Sur le front, Moscou engrange à une vitesse inédite depuis début 2022 des gains territoriaux face à une armée ukrainienne affaiblie, à moins de deux mois de la prise de fonction de Donald Trump aux Etats-Unis, qui pourrait constituer un tournant si le président élu venait à réduire, ou bien stopper complètement, l'aide américaine vitale à Kiev.

Mercredi, l'administration du président sortant Joe Biden a ainsi appelé Kiev à abaisser l'âge minimum pour la mobilisation militaire à 18 ans au lieu de 25 ans actuellement pour compenser le manque de soldats face à l'avancée des forces russes, notamment autour des villes de Pokrovsk, Kourakhové et Koupiansk.

Cet appel intervient alors que Donald Trump pourrait, lui, adopter une approche radicalement différente et pousser Kiev à négocier avec Moscou, une décision redoutée par les Européens, qui tentent de leur côté de faire front uni en attendant.

«Pas assez de soldats»

Dans ce contexte très incertain, un haut responsable de l'actuelle administration américaine a déclaré mercredi sous le couvert de l'anonymat que l'Ukraine faisait face à une crise "existentielle" dans le recrutement de nouveaux volontaires.

"La vérité c'est que l'Ukraine ne mobilise et n'entraîne actuellement pas assez de soldats", a-t-il lâché froidement.

Kiev a déjà abaissé cette année l'âge minimum pour la mobilisation de 27 à 25 ans, sans toutefois regarnir ses rangs.

Donald Trump, de son côté, a annoncé nommer l'ex-général Keith Kellogg, 80 ans, qui a appelé Kiev à plusieurs concessions, comme émissaire pour mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie.

Très critique des milliards de dollars débloqués par Washington pour Kiev, le président élu a promis de régler la guerre entre l'Ukraine et la Russie avant même de prêter serment le 20 janvier -- sans jamais expliquer comment.