LONDRES: Selon un groupe d’experts qui s’est réuni pour discuter de l’efficacité des sanctions contre Téhéran, l’Iran serait la plus grande menace au monde pour la sécurité internationale et devrait subir une pression maximale afin de forcer la «chute du régime».
L’événement, intitulé «An Effective Iran Policy: Sanctions or No Sanctions» («Une politique efficace pour l’Iran: sanctions ou non?») et auquel Arab News a assisté, était organisé par la branche américaine du Conseil national de la résistance iranienne.
Les invités ont échangé sur la nature du programme nucléaire de Téhéran, des échecs du Plan d’action global commun (PAGC) – également connu sous le nom d’Accord sur le nucléaire iranien – et de l’opposition nationale au régime.
Cette discussion a eu lieu à la suite des efforts américains pour réimposer les sanctions de l'ONU contre l'Iran et à la réapplication, au début de cette année, pour le pays, de l’embargo de l'ONU sur les armes.
La décision de Washington de se retirer du PAGC était basée sur ses nombreux échecs inhérents, affirme Robert Joseph, ancien envoyé spécial pour la non-prolifération nucléaire. Emprunter davantage de voies diplomatiques avec Téhéran serait futile, ajoute-t-il.
«Ce n’est pas un régime avec qui nous pouvons faire affaire. Il n’y a tout simplement aucune perspective de négociation de bonne foi avec lui», dit-il.
«Oui, vous pouvez négocier et même aboutir à un accord, mais le régime a violé tous les accords qu’il a conclus en relation avec son programme nucléaire», ajoute M. Joseph.
«La politique actuelle de pression maximale est la meilleure politique et le meilleur moyen de nier la capacité du régime à mener des actes terroristes, à lancer des agressions armées contre ses voisins et à opprimer son peuple. Nous devrions multiplier les sanctions débilitantes et les autres moyens d’endiguement».
M. Joseph critique fortement les pays européens pour avoir refusé de soutenir les demandes américaines au sujet de la prolongation de l’embargo sur les armes.
«En ce qui concerne la question de l’embargo sur les armes, nos amis européens diraient en privé: “C’est exactement ce qu’il faut faire, nous devons continuer l’embargo.” Mais au moment de voter, ils n’ont pas eu le courage de conserver une position de principe», lance-t-il.
Ce sentiment est partagé par le Dr. Jay Carafano, vice-président du Kathryn and Shelby Cullom Davis Institute for National Security and Foreign Policy du groupe de réflexion Heritage Foundation, qui souligne l’importance de la menace que représente l'Iran pour la région, et qui évoque les stratégies employées afin de la contrer.
«Dans le grand Moyen-Orient, les États-Unis considèrent que le régime iranien est la plus grande menace à la paix et à la stabilité», affirme-t-il.
«Il existe deux raisons à cela: la première est la question nucléaire. Si l’Iran possède des armes nucléaires, d’autres pays voudront faire de même. Cette prolifération est extrêmement dangereuse et déstabilisante. Les autres activités de l’Iran sont tout aussi préoccupantes: le parrainage du terrorisme par l’État, le soutien aux insurgés et aux auxiliaires dans la région et dans le monde et la déstabilisation d’autres pays», ajoute-t-il.
«Les sanctions contre l’Iran sont conçues pour faire face à ces deux problèmes. Les sanctions ne sont pas une stratégie, elles font partie d’une stratégie», souligne M. Carafano.
«Cette administration américaine aimerait pouvoir dire: “Nous sanctionnerons l’Iran aussi longtemps qu’il le faudra afin de l’empêcher de faire ce qui inquiète les États-Unis et d’autres pays.” Mais ajouté à cela, cette administration a pour stratégie de former une alliance de pays partageant les mêmes idées pour servir de coupe-feu.»
La nécessité d'appliquer un système au-delà des sanctions est soutenue par l’ancien sous-secrétaire américain à la politique de Défense. Eric Edelman.
«Les sanctions seules ne seront pas suffisantes pour obtenir les résultats attendus. Je pense que l’effort de sanction est important, mais il est tout aussi important de rester focalisés sur l’Iran, de laisser l’Iran isolé et d’empêcher les États-Unis d’être isolés», explique-t-il.
«Je crois que ce dont nous avons besoin, c’est d’une politique globale… et cela ne signifie pas uniquement appliquer des sanctions et des pressions sur la question nucléaire , mais aussi traiter le large éventail des sujets sur lesquels le comportement iranien est problématique.»
Pour M. Edelman, les efforts pour affaiblir le régime dépendraient au final de l'isolement de Téhéran de l'extérieur, mais également d'un soutien à l'opposition nationale.
«Il y a eu une explosion de contestations… Il est évident que la population est inquiète… Cela nécessite à la fois une aide secrète et ouverte à l'opposition intérieure», poursuit-il.
«Cela nécessite aussi des efforts constants du gouvernement américain pour mettre l’accent sur les violations des droits de l’homme par le régime et sur sa corruption, son talon d’Achille».
M. Carafano explique que les sanctions ne seraient pas nécessaires si l’Iran se préoccupait des besoins de son propre peuple plutôt que des ambitions de ses élites politiques.
«Si le régime voulait vraiment prendre soin de son peuple, il pourrait utiliser tout l’argent qu’il dépense pour ses auxiliaires, pour le parrainage du terrorisme et pour la mise en place d’un programme d’armes nucléaire secret», ajoute-t-il.
«Il y aurait amplement assez d’argent pour prendre soin du peuple iranien. S’ils faisaient cela, il ne serait pas nécessaire d’imposer des sanctions.»
Enfin, affirme M. Joseph, l’approche multidimensionnelle des sanctions, associée au soutien de l'opposition nationale et de l'isolement international, reste le meilleur moyen de forcer Téhéran à abandonner ses politiques d'agression.
«Nous devons nier au régime toute légitimité, simplement en révélant la vérité sur ses crimes horribles», ajoute-t-il.
«Plus encore, nous devons soutenir l’opposition démocratique, à l’extérieur et à l’intérieur de l’Iran. Il ne s’agit pas d’utiliser la force militaire pour envahir et occuper le pays; à mon avis, ce serait une erreur fondamentale. Nous savons que le changement de régime doit venir de l’intérieur… Nous savons que le changement de régime viendra de l’intérieur», dit-il.
«Nous ne devons pas tendre la perche au régime. Cela ne fera que prolonger son terrorisme, son agression régionale et le spectre d’une rupture nucléaire.»
«Nous ne devons pas revenir aux politiques d’apaisement qui ont échoué, une voie souvent qualifiée de voie entre la diplomatie et la guerre. C’était et cela reste un mauvais choix. Plus d'accords ne mèneront qu'à plus d'agression et plus de brutalité ».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com