Shehbaz Sharif nomme un gouvernement dominé par les deux principaux partis pakistanais

Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a nommé mardi un gouvernement conforme aux attentes, distribuant les gros portefeuilles entre les deux principaux partis membres de la coalition qui a renversé son prédécesseur Imran Khan. (Photo, AFP)
Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a nommé mardi un gouvernement conforme aux attentes, distribuant les gros portefeuilles entre les deux principaux partis membres de la coalition qui a renversé son prédécesseur Imran Khan. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 19 avril 2022

Shehbaz Sharif nomme un gouvernement dominé par les deux principaux partis pakistanais

Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a nommé mardi un gouvernement conforme aux attentes, distribuant les gros portefeuilles entre les deux principaux partis membres de la coalition qui a renversé son prédécesseur Imran Khan. (Photo, AFP)
  • Shehbaz Sharif, frère cadet de Nawaz Sharif, qui fut trois fois Premier ministre, n'a pas annoncé mardi le nom de son ministre des Affaires étrangères
  • Le portefeuille clé des Finances est revenu à Miftah Ismail, qui l'avait déjà brièvement occupé en 2018, après avoir servi comme conseiller économique de Nawaz Sharif lors de son dernier mandat de Premier ministre, entre 2013 et 2017

ISLAMABAD: Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a nommé mardi un gouvernement conforme aux attentes, distribuant les gros portefeuilles entre les deux principaux partis membres de la coalition qui a renversé son prédécesseur Imran Khan. 

La plupart des postes échoient au parti de M. Sharif, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), et au Parti du peuple pakistanais (PPP). Ces deux formations, longtemps rivales, ont dominé la vie politique nationale pendant des décennies, avant de s'associer avec d'autres petits partis pour faire chuter M. Khan le 10 avril grâce à une motion de censure. 

La durée de vie de ce gouvernement pourrait toutefois être bien courte. Les députés du parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), ont démissionné de l’Assemblée nationale et l'ancienne gloire du cricket a promis de porter dans la rue le combat pour des élections anticipées. 

« Les faire tous tirer dans la même direction sera une tâche ardue pour le Premier ministre, car certains partis ont des intérêts locaux et régionaux et d'autres des intérêts nationaux », estime l'analyste Hasan Askari. « S'ils traitent les problèmes économiques, le reste se règlera. Mais si la situation s'aggrave, tout le monde tiendra la PML-N pour responsable, prédit-il. 

Shehbaz Sharif, frère cadet de Nawaz Sharif, qui fut trois fois Premier ministre, n'a pas annoncé mardi le nom de son ministre des Affaires étrangères. Mais l'héritier de la dynastie régnant sur le PPP, Bilawal Zardari Bhutto, est fortement pressenti pour ce poste. 

Le fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, et de l'ancien président Asif Ali Zardari, deviendrait ainsi à 33 ans un des plus jeunes ministres des Affaires étrangères au monde.  

Il aurait notamment à réparer la relation avec l'Occident, endommagée sous le mandat de M. Khan, qui a accusé les Etats-Unis d'avoir conspiré avec l'opposition pour le renverser. 

Le portefeuille clé des Finances est revenu à Miftah Ismail, qui l'avait déjà brièvement occupé en 2018, après avoir servi comme conseiller économique de Nawaz Sharif lors de son dernier mandat de Premier ministre, entre 2013 et 2017. Il hérite d'une économie en plein marasme, avec une forte inflation, une roupie faible et une dette qui se creuse. 

Avant sa nomination, M. Ismail avait dit vouloir améliorer les relations avec le Fonds monétaire international (FMI), afin d'obtenir le versement de la seconde moitié d’un prêt échelonné de 6 milliards de dollars accordé en 2019. 

Le nouveau ministre de l'Intérieur, Rana Sanaullah, sera pour sa part confronté à la dégradation de la sécurité, avec la multiplication des attaques menées par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, et au risque de violences découlant des gigantesques meetings électoraux que M. Khan a promis d'organiser. 

M. Sanaullah avait été arrêté en juillet 2019 pour trafic de drogue. La justice ne s’est pas encore prononcée sur ce dossier. 

Au moins trois autres ministres sont sous le coup d’une procédure judiciaire ou d’une enquête policière. Shehbaz Sharif est lui-même toujours en attente de son procès après avoir été emprisonné en septembre 2020 pour blanchiment d’argent, puis libéré sous caution près de six mois plus tard. 

Le nouveau gouvernement de 37 membres comprend seulement cinq femmes, dont l’ancienne ministre de l’Information, Mariyum Aurangzeb, qui retrouve le même poste. 


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.

 


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et interpellations sur les campus américains

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  • A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.
  • Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables

LOS ANGELES: La police a été déployée mercredi sur plusieurs campus américains, où de nouvelles arrestations ont eu lieu, après être intervenue à Los Angeles et New York, théâtres d'une mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza qui secoue les Etats-Unis.

A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.

Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables.

Et environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, a dit mercredi la police de la ville lors d'une conférence de presse.

Au cours de la nuit de mardi à mercredi, les forces de l'ordre ont délogé manu militari des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université Columbia à Manhattan, d'où est partie la mobilisation estudiantine de soutien à Gaza.

"La police s'est montrée brutale et agressive avec eux", a assuré à l'AFP Meghnad Bose, un étudiant de Columbia ayant assisté à la scène.

"Ils ont arrêté des gens au hasard (...) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu'ils ont dû être hospitalisés", a dénoncé une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Columbia dans une publication Instagram.

"Je regrette que nous en soyons arrivés là", a réagi mercredi Minouche Shafik, la présidente de l'université.

Les manifestants se battent "pour une cause importante", mais les récents "actes de destruction" menés par des "étudiants et militants extérieurs" l'ont conduite à recourir aux forces de l'ordre, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs "des propos antisémites" proférés lors de ces rassemblements.

D'autres campements avaient également été démantelés tôt mercredi sur les campus de l'Université de l'Arizona à Tucson, et à l'Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon des médias locaux.


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.