ISLAMABAD: Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a nommé mardi un gouvernement conforme aux attentes, distribuant les gros portefeuilles entre les deux principaux partis membres de la coalition qui a renversé son prédécesseur Imran Khan.
La plupart des postes échoient au parti de M. Sharif, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), et au Parti du peuple pakistanais (PPP). Ces deux formations, longtemps rivales, ont dominé la vie politique nationale pendant des décennies, avant de s'associer avec d'autres petits partis pour faire chuter M. Khan le 10 avril grâce à une motion de censure.
La durée de vie de ce gouvernement pourrait toutefois être bien courte. Les députés du parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), ont démissionné de l’Assemblée nationale et l'ancienne gloire du cricket a promis de porter dans la rue le combat pour des élections anticipées.
« Les faire tous tirer dans la même direction sera une tâche ardue pour le Premier ministre, car certains partis ont des intérêts locaux et régionaux et d'autres des intérêts nationaux », estime l'analyste Hasan Askari. « S'ils traitent les problèmes économiques, le reste se règlera. Mais si la situation s'aggrave, tout le monde tiendra la PML-N pour responsable, prédit-il.
Shehbaz Sharif, frère cadet de Nawaz Sharif, qui fut trois fois Premier ministre, n'a pas annoncé mardi le nom de son ministre des Affaires étrangères. Mais l'héritier de la dynastie régnant sur le PPP, Bilawal Zardari Bhutto, est fortement pressenti pour ce poste.
Le fils de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007, et de l'ancien président Asif Ali Zardari, deviendrait ainsi à 33 ans un des plus jeunes ministres des Affaires étrangères au monde.
Il aurait notamment à réparer la relation avec l'Occident, endommagée sous le mandat de M. Khan, qui a accusé les Etats-Unis d'avoir conspiré avec l'opposition pour le renverser.
Le portefeuille clé des Finances est revenu à Miftah Ismail, qui l'avait déjà brièvement occupé en 2018, après avoir servi comme conseiller économique de Nawaz Sharif lors de son dernier mandat de Premier ministre, entre 2013 et 2017. Il hérite d'une économie en plein marasme, avec une forte inflation, une roupie faible et une dette qui se creuse.
Avant sa nomination, M. Ismail avait dit vouloir améliorer les relations avec le Fonds monétaire international (FMI), afin d'obtenir le versement de la seconde moitié d’un prêt échelonné de 6 milliards de dollars accordé en 2019.
Le nouveau ministre de l'Intérieur, Rana Sanaullah, sera pour sa part confronté à la dégradation de la sécurité, avec la multiplication des attaques menées par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, et au risque de violences découlant des gigantesques meetings électoraux que M. Khan a promis d'organiser.
M. Sanaullah avait été arrêté en juillet 2019 pour trafic de drogue. La justice ne s’est pas encore prononcée sur ce dossier.
Au moins trois autres ministres sont sous le coup d’une procédure judiciaire ou d’une enquête policière. Shehbaz Sharif est lui-même toujours en attente de son procès après avoir été emprisonné en septembre 2020 pour blanchiment d’argent, puis libéré sous caution près de six mois plus tard.
Le nouveau gouvernement de 37 membres comprend seulement cinq femmes, dont l’ancienne ministre de l’Information, Mariyum Aurangzeb, qui retrouve le même poste.