SAINT-PIERRE-EN-AUGE, FRANCE: "C'est vous qui me donnez la puissance et la force". Suivie par une foule compacte, Marine Le Pen a goûté à la ferveur de ses partisans lundi sur le marché de Saint-Pierre-en-Auge, dans le Calvados, où s'étaient frayés quelques soutiens de son adversaire Emmanuel Macron.
"Lâchez rien Marine, on compte sur vous (...) tenez bon s'il vous plaît", lance à la candidate à la présidentielle une grand-mère qui lui tend sa petite fille vêtue d'un blouson parsemé de coeurs.
Marine Le Pen lui prend la main: "non, je ne lâche rien, c'est vous qui me donnez la puissance et la force, (...) c'est pour vous que je me bats".
Dans les sondages, la candidate RN est derrière Emmanuel Macron qui est donné vainqueur dimanche prochain au second tour avec entre 53 et 55,5% des voix.
Marine Le Pen s'offre, sous un beau soleil, un dernier bain de foule avant le débat opposant mercredi soir les deux prétendants à l'Elysée. Elle est en terrain conquis sur le marché d'une ville de 7 500 habitants qui a voté pour elle à 35% (28,2% pour Macron) au premier tour.
"Je viens chercher la force du peuple, oui je vais gagner", assure la candidate d'extrême droite, suivie par des habitants et des militants enthousiastes, qui réclamaient des selfies ou se confiaient sur leur difficulté à boucler les fins de mois.
La grand-mère est en larmes après cette rencontre. "Je veux qu'elle gagne parce qu'il y en a marre", dit-elle.
"Système pourri"
Quelques partisans d'Emmanuel Macron sont venus eux aussi tracter sur le marché.
"Macron président", s'essaient-ils à une fenêtre, aussitôt hués par la foule, où on entend aussi "retournez chez les riches".
"Y a qu'elle qui peut sauver la France", lance Carine, femme au foyer venue de Mezidon avec son compagnon Franck, cariste, et leur fils Diego, 12 ans.
Elle s'approche pour un selfie. "Bon courage à vous, on compte sur vous", dit-elle à Marine Le Pen, qu'elle embrasse sur les deux joues.
"Le système il est pourri, il faut tout refaire à zéro", estime Patrick, un ancien routier en invalidité, 60 ans, qui vote RN depuis des années.
"L'immigration on peut en accueillir encore" et des musulmans "j'en connais plein" mais "Macron c'est zéro, le président des riches". Il pense que Marine Le Pen peut être élue "s'ils magouillent pas", parce que "Macron, il a plein de casseroles, Benalla, les Gilets jaunes", dont il a fait partie, et "McKinsey".
Les "petits" -
Ludovic Le Bas, 52 ans, ancien déménageur, votera pour elle parce qu'il veut du "changement" et que "tout augmente".
Caroline Delalande, employée de maison, vient de Saint-Sylvain avec sa soeur Evelyne, fonctionnaire. Agée de 60 ans, Caroline a demandé à la candidate ce qu'elle comptait faire pour sa retraite, alors que Marine Le Pen veut réserver la retraite à 60 ans à ceux qui ont travaillé tôt. "Elle a de bons projets", estime Caroline.
Evelyne attend "beaucoup" du débat mercredi. "Elle est mieux maintenant qu'il y a 5 ans" quand "elle s’énervait un peu".
Un homme s'approche de la candidate: "on n'a pas de Français qui veulent travailler aux abattoirs, c'est des Brésiliens avec la carte brésilienne (...) ce n'est pas normal". "Bah non, ce n'est pas normal, mais il faut augmenter les salaires aussi", lui répond la candidate anti-immigration.
A la fin du marché, Marine Le Pen échange brièvement avec Jérémy, responsable local du comité de soutien à Emmanuel Macron.
"Comment allez-vous financer vos réformes sociales?" lui demande-t-il, sans obtenir de réponse.