L'île divisée de Chypre, un terrain fertile pour le trafic d'êtres humains

Eleni Michael, chef de l'unité anti-traite de la police chypriote, pose pour une photo à son bureau de Nicosie, la capitale chypriote, le 16 février 2022, devant des affiches de sensibilisation contre le trafic d’êtres humains. (Christina Assi/AFP)
Eleni Michael, chef de l'unité anti-traite de la police chypriote, pose pour une photo à son bureau de Nicosie, la capitale chypriote, le 16 février 2022, devant des affiches de sensibilisation contre le trafic d’êtres humains. (Christina Assi/AFP)
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

L'île divisée de Chypre, un terrain fertile pour le trafic d'êtres humains

  • Dans le Nord, certaines jeunes africaines sont amenées avec un visa étudiant, avec la promesse d'études ou de travail, mais une fois arrivées, «elles sont enfermées dans des appartements et forcées à avoir des relations sexuelles (monnayées)»
  • La partie sud de l'île a recensé 21 victimes de la traite en 2021, selon la cheffe de l'unité de lutte contre la traite au sein la police, Eleni Michael

NICOSIE, Chypre : La division de Chypre offre un terrain fertile aux trafiquants d'êtres humains: le nombre de cas est «alarmant» dans la partie sud de l'île méditerranéenne, alors que la situation dans le Nord, occupé par la Turquie, est considérée comme aussi mauvaise qu'en Afghanistan.

«Je l'aime, mais en même temps, elle me rappelle mon passé», confie une victime camerounaise en parlant de sa petite fille.

«J'ai tellement été maltraitée pendant des mois», a raconté cette femme --secourue par un client-- à une ONG aidant des victimes de trafic d'êtres humains qui a demandé à ce que son nom ne soit pas révélé.

L'année dernière, le département d'État américain a rétrogradé Chypre dans son rapport annuel sur la traite des êtres humains, soulignant la lenteur des procédures judiciaires et le manque de condamnations.

Ce rapport ne comprend pas officiellement la République turque de Chypre du Nord (RTCN, uniquement reconnue par Ankara), tiers nord de l'île sous occupation turque. Il indique cependant que, si tel était le cas, ce territoire serait classé parmi les pires contrevenants, aux côtés de l'Afghanistan.

Membre de l'Union européenne qui compte environ un million d'habitants, Chypre est divisée depuis son invasion en 1974 par la Turquie en réponse à un coup d'État parrainé par la Grèce.

Cette division, et les efforts vains pour y mettre fin, font que les forces de l'ordre des deux côtés ne collaborent pas, déplore Nasia Hadjigeorgiou, enseignante à l'université Central Lancashire de Chypre. Le problème du trafic d'êtres humains n'est donc «pas traité», dit-elle.

- Impunité -

Dans le Nord, certaines jeunes africaines y sont amenées avec un visa étudiant, avec la promesse d'études ou de travail, mais une fois arrivées, «elles sont enfermées dans des appartements et forcées à avoir des relations sexuelles (monnayées)», rapporte Fezile Osum, de la Plateforme des droits de l'Homme.

Cette organisation, qui gère une ligne d'assistance téléphonique, a identifié 12 victimes, toutes de la traite sexuelle, depuis fin 2021.

S'ajoutent les cas de traite dans les boîtes de nuit, où les femmes munies de visas de «serveuse» ou d'«hôtesse» doivent se soumettre à des contrôles réguliers de MST, bien que la prostitution organisée soit illégale sur le territoire, poursuit Mme Osum.

D'après une femme ayant travaillé dans des boîtes de nuit, ces dernières ont parfois recours au chantage ou à la drogue pour exercer un contrôle sur ces victimes.

La RTCN a criminalisé la traite des êtres humains en 2020 mais aucune condamnation n'a encore été enregistrée, affirme Mme Osum.

Elle note, comme Mme Hadjigeorgiou, qu'un des obstacles à la poursuite des auteurs de ces crimes réside dans le manque de collaboration entre les deux parties de l'île. Une victime ayant signalé son calvaire à la police dans le Sud s'est vu répondre: «cela s'est passé dans le Nord (...) comment pouvons-nous recueillir les preuves ?», explique-t-elle.

Pour Dogus Derya, une femme politique chypriote-turque, le statut non reconnu de la RTCN implique qu'elle ne peut pas coopérer avec les organismes internationaux: ainsi, le Nord «peut être considéré comme une zone d'impunité pour les trafiquants».

- Manque de coopération -

Selon un rapport de la Commission européenne de 2020, Chypre arrive en tête dans l'UE du nombre de victimes identifiées ou présumées de la traite d'êtres humains par rapport à sa population, avec 168 par million d'habitants.

«Lorsqu'elles arrivent ici, elles n'ont plus d'espoir», raconte Paraskevi Tzeou, membre du conseil d'administration de Cyprus Stop Trafficking, à propos des femmes accueillies dans un centre de cette organisation, dans le sud de l'île.

Roumanie, Russie, Ukraine, Ethiopie, Cameroun, Inde, Népal... Elles viennent de «presque partout», indique un employé du refuge.

La partie sud de l'île a recensé 21 victimes de la traite en 2021, selon la cheffe de l'unité de lutte contre la traite au sein la police, Eleni Michael.

Mais 169 autres personnes ont été classées comme «victimes possibles», seules des allégations vérifiées pouvant conduire au statut «officiel» de victime.

«Si elles nous disent qu'elles ont été exploitées en dehors (...) de Chypre (en RTCN, NDLR), c'est un peu difficile à vérifier», indique Mme Michael.

Si Chypre a connu récemment plusieurs condamnations pour des cas de traites, le tribunal de Limassol (sud) a noté le mois dernier que ce type de délits avait atteint des «proportions alarmantes».

Par ailleurs, des affaires ont été classées sans suite, comme celle de quatre policiers de l'immigration arrêtés en 2018 et soupçonnés d'avoir aidé un réseau de trafiquants.

«Les témoins clés, les victimes (...), n'ont pas pu être retrouvés pour témoigner», a indiqué à l'AFP le bureau du procureur général.

Faible lueur d'espoir: une commission technique sur les questions pénales réunit depuis 2008 des représentants des deux parties de l'île.

Cet organe peut être utile «si la volonté politique est là», estime son coprésident chypriote-grec Andreas Kapardis.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.