La pandémie de Covid-19 nous a certes énormément affectés, mais elle nous a également appris que la vie est précieuse et qu’il faut savoir profiter de chaque seconde, que l’homme n’est pas aussi fragile qu’il pense l’être, que nous sommes capables de survivre à l'adversité et de canaliser notre intelligence pour surmonter tous les obstacles et relever tous les défis.
C'est d’ailleurs ce qu’ont fait les leaders du Royaume à l’époque où la crise sanitaire battait son plein, et nous sommes à présent heureux et fiers de dire que l’ère post-Covid a commencé. C’est le résultat des efforts collectifs déployés par les dirigeants, les responsables gouvernementaux, les personnel médical, les professeurs universitaires, les acteurs économiques, les policiers et, surtout, les citoyens qui ont su se conformer aux conseils médicaux qui leur ont été fournis. Félicitations à chacun d'entre eux !
Alors que de nombreux défis nous attendent dans cette nouvelle ère, ce qui m’amuse particulièrement en ce moment, c’est le fait que les médias américains ont fait toute une scène à cause d’un sketch humoristique diffusé par une chaîne saoudienne qui a tourné le président Joe Biden en dérision. Les analystes et les experts s’en sont offusqués et ont considéré que le sketch était insultant, qu’il donnait l’impression que le Royaume et les États-Unis n’étaient pas amis, que le prince héritier Mohammed ben Salmane se vengeait de Biden pour avoir refusé de le rencontrer et pour avoir publié le document de la CIA sur le meurtre de Khashoggi, que c'était une offense au peuple américain... Il faut dire que ce sketch a suscité une réaction assez étonnante !
Cela montre que les médias américains sont vraiment «à fleur de peau», bien qu’ils se soient permis, à maintes reprises, d’insulter nos leaders, notre peuple et notre religion. D’ailleurs, la représentation des Arabes et des musulmans dans les comédies, les drames, les films d’aventures et les films de science-fiction va bien au-delà des insultes et du dénigrement. Par exemple, les caricatures rappellent la façon dont les Juifs sont représentés par les documents antisémites, un personnage arabo-musulman suscite généralement la dérision et le dégoût: il a un rictus diabolique au visage, un poignard autour de la taille, une robe blanche froissée, une barbe hirsute et des yeux perçants entourés d'une ombre noire.
On retrouve souvent un puits de pétrole à ses côtés, des filles de harem à ses pieds et un chameau ou deux derrière lui. Je me souviens encore d'un épisode d'une série télévisée américaine populaire que j’ai regardé depuis quelques années et dans lequel une secrétaire d'État américaine intimide le supposé ministre des Affaires étrangères saoudien pour qu'il accepte son opinion au sujet d’une violation saoudienne des droits de l'homme. Ce «ministre saoudien» n’était qu’une caricature, présente dans tous les films hollywoodiens des années 1920 à ce jour. Les références désobligeantes au Royaume et à ses leaders dans les comédies américaines sont innombrables, que ce soit à travers des émissions comme celle de Saturday Night Live ou à travers des comédiens tels que Stephen Colbert.
«Les politiciens américains, toutes tendances confondues, décochent des flèches au Royaume pour le critiquer et le rabaisser. »
Le prince Turki al-Faisal
En ce qui concerne la question de la production pétrolière, de nombreux observateurs américains prétendent que le refus du Royaume d'augmenter sa production n’est qu’un moyen d’exercer la pression sur les États-Unis au moment où Biden se trouve face à une impasse devant l'inflation. Ces observateurs oublient cependant qu’il y a d’autres facteurs qui ont contribué à la hausse des prix du pétrole, notamment la guerre en Ukraine, les sanctions occidentales contre la Russie et la stratégie énergétique même de Biden.
D'autres prétendus experts américains ont également fait de récents commentaires péjoratifs qui ont eu pour cible le Royaume ainsi que notre prince héritier. L’un d’entre eux a même comparé le prince à Icare, un personnage de la mythologie grecque qui a péri après s’être trop rapproché du soleil en volant avec des ailes de plumes et de cire. Si seulement cet «expert» avait eu un regard objectif sur ce que le prince héritier avait réellement dit et fait, il n'aurait certainement pas choisi une comparaison aussi fallacieuse. Par ailleurs, les propos du prince héritier ont été déformés dans l’un des articles du magazine Atlantic. Heureusement que la publication de la transcription intégrale de l'entrevue a permis de mettre les choses au clair.
Les politiciens américains, toutes tendances confondues, décochent des flèches sur le Royaume pour le critiquer et le rabaisser, et vont même jusqu'à appeler à l’utilisation de l’approche de la carotte et du bâton pour traiter avec l'Arabie saoudite. Nous ne sommes pourtant pas des écoliers qui acceptent d’être châtiés ou récompensés.
Notre amitié avec les États-Unis s’explique par l’intérêt commun à instaurer la paix au Moyen-Orient, à lutter contre le terrorisme et à lutter contre l'agression de l'Iran ainsi que les atrocités qu’il a commises envers nos deux nations, et ce en dépit de l'acharnement de Biden à vouloir conclure un accord nucléaire. Un tel traité, non content de ne freiner que temporairement les ambitions nucléaires de l'Iran, renforcera également la subversion iranienne des pays arabes et le lancement de missiles et de drones armés iraniens vers le Royaume.
Nos intérêts mutuels consistent également en des échanges commerciaux et des projets de développement dans le Royaume, issus des liens qui se sont tissés au fil des années et qui continueront de se développer dans les années à venir. Nos relations communes émanent de la présence constante d'une communauté américaine dans le Royaume, forte de milliers de personnes, et de la présence de milliers d'étudiants saoudiens dans les universités américaines.
En conclusion, voici mon message aux médias américains et aux autres soi-disant experts: riez de l'humour. Nous avons longtemps résisté aux moqueries des médias et des politiciens américains; il ne serait donc que juste que vous résistiez, à votre tour, aux nôtres.
Le prince Turki al-Faisal a été président de la Direction générale du renseignement, le principal service de renseignement étranger d'Arabie saoudite, de 1977 à 2001. Il a été ambassadeur saoudien au Royaume-Uni de 2002 à juillet 2005, puis ambassadeur aux États-Unis jusqu'en 2007. Il est le fondateur et membre du conseil d'administration de la Fondation du Roi Faisal et président du Centre du Roi Faisal pour la recherche et les études islamiques.
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com