AMMAN: Un garçon jordanien de 16 ans a perdu ses deux mains et un œil dans une attaque censée punir son père, menée par un gang criminel dans la ville industrielle de Zarqa en Jordanie.
Une vidéo de la victime, devenue virale, a provoqué l'indignation de la population. Le roi Abdallah II s'est personnellement impliqué dans l'affaire et a demandé que le garçon soit soigné au centre médical du Roi Hussein. Il a également sommé la police de poursuivre les auteurs du crime.
La reine Rania a tweeté : «Comment pouvons-nous remplacer ce que les criminels ont emporté? Comment rétablir le cœur de votre mère et celui de votre famille? Comment protéger nos enfants de ceux qui attaquent sans pitié ? C'est un crime odieux. Nos cœurs sont avec vous. Je joins ma voix à celles qui réclament la punition la plus sévère pour les auteurs», a-t-elle déclaré.
Amer Sartawi, porte-parole de la police jordanienne, a déclaré à Arab News que l’agresseur et cinq membres de son gang ont été appréhendés, et qu’ils seraient jugés par le tribunal de la sécurité de l'État.
«Une unité spéciale a enquêté et réussi à arrêter l’agresseur principal et cinq de ses acolytes. Deux armes et des objets tranchants utilisés dans le crime ont été également confisqués. Une enquête plus approfondie permettra de déterminer s'il y a d'autres complices», explique-t-il.
Mahmmoud Zawahreh, directeur du centre communautaire Naya à Zarqa, a raconté à Arab News que le tournage et la distribution de la vidéo étaient aussi horribles que le crime lui-même. «Ce crime reflète une chute morale de l'humanité, et une indication de l'augmentation de la culture de la violence dans notre société ces dernières années.»
Pour lui, jeune militant, si les pertes financières peuvent être reconstituées, les pertes morales sont durables. «Nous souffrons d'une perte morale qui ne sera pas facilement remplacée. Nous devons mener une étude approfondie sur la manière de prévenir à l’avenir des crimes moralement répréhensibles de ce genre.»
Les forces de police jordaniennes ont également arrêté une personne accusée d’avoir filmé et distribué la vidéo des blessures de la victime. Elle est détenue en vertu de l'article 11 de la loi sur la cybercriminalité, qui interdit de violer la vie privée des enfants.
Taghrid Doghmi, directrice du Centre de formation aux droits de l'homme Wae’e, explique à Arab News que la sanction habituelle des tribunaux civils pour enlèvement et dommages permanents est une peine de dix ans de prison. Dans ce cas la colère du public, exprimée sur les réseaux sociaux, a conduit à des appels à la peine capitale ou à la réclusion à perpétuité pour les agresseurs.
Amer Sartawi affirme que le tribunal de la sécurité de l'Ètat jugera aussi les criminel pour avoir terrorisé le public. Il ajoute que, s'ils sont reconnus coupables, ils encourent la réclusion à perpétuité. L’auteur principal a 172 condamnations antérieures à son actif, a déclaré la police.
Mme Doghmi appuie l'arrestation de la personne qui a pris la vidéo, affirmant que la distribution de la séquence vidéo contrevient aux lois jordaniennes. «Même si la victime ou sa famille acceptent le tournage, il s'agirait quand même d'un crime en raison de l'âge de la victime.»
Muath Momani, directeur d'Avocats sans frontières, a déclaré à Arab News que l'ensemble du code pénal devait être révisé. «Nous devons réfléchir longuement et sérieusement à la manière de traiter des cas comme celui-ci, en prenant en compte une combinaison d'incarcération directe et de réinsertion sociale, afin de garantir que de tels crimes ne se reproduisent pas.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com