Présidentielle: entre Macron et Le Pen ça devient personnel

Les deux finalistes à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, s'affrontent vendredi projet contre projet et sur un ton de plus en plus personnel. (Photo, AFP)
Les deux finalistes à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, s'affrontent vendredi projet contre projet et sur un ton de plus en plus personnel. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 15 avril 2022

Présidentielle: entre Macron et Le Pen ça devient personnel

Les deux finalistes à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, s'affrontent vendredi projet contre projet et sur un ton de plus en plus personnel. (Photo, AFP)
  • Pour le président sortant, le programme de sa rivale d'extrême droite n'est pas «la douceur incarnée»
  • «L'interdiction du voile est essentielle», a insisté la candidate qui propose de sanctionner d'une amende le port du voile dans l'espace public

PARIS: Ils se rendent coup sur coup. Les deux finalistes à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, s'affrontent vendredi projet contre projet et sur un ton de plus en plus personnel. 

Pour le président sortant, le programme de sa rivale d'extrême droite n'est pas « la douceur incarnée ». Sa présidence a été « affreusement autoritaire », lui répond Marine Le Pen. 

L'un appelle à faire barrage à l'extrême droite conscient du fait que cela ne suffit plus et qu'il doit d'abord convaincre. 

L'autre en appelle au « peuple » pour faire « barrage au retour d'Emmanuel Macron » qui gouverne pour « un petit nombre », mais doit rassurer qu'elle n'est pas dans la « radicalité ». 

Au lendemain de son premier grand meeting depuis le premier tour, à Avignon, la candidate RN a enchaîné vendredi matin par une visite d'un marché à Pertuis, dans le Vaucluse, où elle a été interpellée à plusieurs reprises par des femmes voilées. 

« L'interdiction du voile est essentielle », a insisté la candidate qui propose de sanctionner d'une amende le port du voile dans l'espace public qu'elle assimile à un « uniforme » islamiste.  

En ce Vendredi saint, Marine Le Pen s'est aussi rendue à l'église Notre-Dame de la Purification, à Lauris, pour « prendre quelques minutes d'arrêt dans une campagne folle ». Comme en écho au président Macron qui devait visiter dans l'après-midi l'avancement du chantier de Notre-Dame de Paris. 

Mme Le Pen cherche à lisser son image et dénonce la « brutalité » des attaques du camp adverse. « Ça me confirme dans l'idée que je peux gagner cette élection présidentielle car la brutalité qui est exprimée à mon égard est proportionnelle aux chances que j'ai de gagner cette élection », a-t-elle dit à Pertuis. 

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Infographie sur le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui seront opposés au second tour de l'élection présidentielle française le 24 avril. (Graphique, AFP)

Tout terrain 

A neuf jours du scrutin du 24 avril, le président sortant garde l'avantage dans les intentions de vote (de 53 à 55%) mais avec une marge moindre qu'il y a cinq ans (66/34%). Et avec toujours plusieurs inconnues, notamment le niveau de l'abstention et le report des 21,95% de voix qui se sont portées dimanche sur le candidat Insoumis Jean-Luc Mélenchon. 

Cette campagne d'entre-deux-tours ne ressemble en rien à celle du premier, qui s'était déroulée dans l'ombre de la guerre en Ukraine qui avait beaucoup mobilisé le président-candidat.  

Il n'avait fait qu'un seul meeting, peu de déplacements et s'était refusé à débattre avec les 11 autres prétendants à l’Élysée, déclenchant la colère de ses adversaires, qui l'avaient accusé de vouloir « enjamber » le scrutin. 

Depuis le début de la semaine, Emmanuel Macron a considérablement allégé son agenda diplomatique. Il multiplie les immersions en région dans le Nord, en Alsace et en Normandie avant un grand meeting samedi à Marseille, avec des rencontres et échanges parfois vifs à l'occasion de longs bains de foule.  

« Du terrain, du terrain, du terrain », explique un cadre de la majorité, avant le débat télévisé crucial de l'entre-deux tours mercredi prochain. 

« Faire peur »  

Changement de ton et de rythme aussi pour Marine Le Pen qui depuis plusieurs semaines menait une campagne à bas bruit, favorisant les déplacements dans de petites localités de la « France des oubliés » autour de la thématique du pouvoir d'achat.  

Et laissant les propos les plus radicaux sur l'immigration à son rival d'extrême droite Éric Zemmour, elle tentait ainsi de lisser son image tout en conservant un programme de rupture.  

Depuis lundi, elle va de média en média et a fait des conférences de presse sur la réforme des institutions et la diplomatie, deux sujets régaliens par excellence.  

Tout a en effet changé après le premier tour. « On est à fronts renversés: Emmanuel Macron va chercher dans cette campagne à rétablir une image de proximité qu'il n'a pas et Marine Le Pen va chercher à installer une image de crédibilité qu'elle a moins que Macron », analyse Bernard Sananès, président de l'institut de sondage Elabe.  

« Elle fait tout pour ne pas prendre le risque de réactiver cette image de candidate dangereuse », renchérit la directrice générale d'Odoxa, Céline Bracq, en précisant qu'elle « veut faire oublier ce qu'est le RN ». 

Interrogée vendredi sur BFMTV et RMC sur l'absence d'appels à voter pour elle, Mme Le Pen a répondu: « Je ne sais pas si c'est moi qui leur fais peur. La vraie question (...) c'est : est-ce que c'est moi qui leur fais peur ? Ou est-ce que c'est le pouvoir en place ? ». 


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.


Après la non-censure du PS, le gouvernement confiant pour le budget

Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou prononce un discours lors du débat précédant le vote de défiance à l'égard de son gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 16 janvier 2025. (AFP)
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  • Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget
  • "Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard

PARIS: Trêve hivernale pour François Bayrou ? Grâce aux concessions accordées aux socialistes sur des points-clés des textes financiers, le gouvernement estime désormais qu'il survivra à l'épreuve du budget. Mais le PS réfute tout accord et martèle que la censure reste sur la table.

"Grâce à la décision d'hier, nous aurons un budget", a estimé jeudi le ministre de l'Economie et des Finances Éric Lombard sur BFMTV-RMC, au lendemain du vote contre la censure du gouvernement d'une grande majorité du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.

Cette décision longuement mûrie par le PS "est basée sur des engagements que le Premier ministre a pris, qui calent les éléments les plus importants du budget", a analysé le ministre. "Donc sur le budget, je pense, mais c'est au Parti socialiste d'exprimer son point de vue, que nous avons un accord", a détaillé Éric Lombard.

Bercy trop confiant ? La réponse n'a pas tardé: "Non, il n'y a évidemment aucun accord avec les socialistes sur le budget", a martelé sur X le chef des députés PS Boris Vallaud.

"Notre décision d'hier est une mise à l'épreuve de la négociation et consolide nos premières avancées. Le chemin est encore long jusqu'au budget, la censure est toujours sur la table", a-t-il ajouté.

La veille, dans l'hémicycle, le patron du PS Olivier Faure, qui a pris un risque en assumant la mue réformiste d'un parti allié avec La France insoumise depuis 2022, avait déjà prévenu que son parti restait "dans l'opposition", prêt à dégainer une motion de censure si les engagements n'étaient pas tenus.

Dans une interview à Libération, le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a précisé la ligne: "Le chemin est encore long jusqu’au budget" et le gouvernement sera "à chaque instant sous surveillance".

- "Relancer l'économie" -

En plus de la non-suppression de 4.000 postes dans l'Éducation, et de l'abandon du passage à trois jours de carence pour les fonctionnaires, les socialistes ont obtenu une négociation des partenaires sociaux sur la très controversée réforme des retraites de 2023.

Dans un cadre financier restreint, ils ont même arraché à la dernière minute l'engagement que le Parlement ait le dernier mot, même si l'accord trouvé entre les partenaires sociaux n'était que "partiel".

"Le fait qu'il y ait un budget qui soit en plus un budget où il n'y a pas de nouveaux impôts, va rassurer les entrepreneurs, va rassurer les chefs d'entreprise, va rassurer les artisans", d'autant plus que la BCE prévoit de poursuivre la baisse des taux, a souligné Eric Lombard.

Issu des rangs de la gauche, ce haut fonctionnaire est un ami personnel d'Olivier Faure. Et s'il a rencontré l'ensemble des groupes de gauche, sauf les Insoumis qui ont refusé, c'est bien avec les socialistes qu'il a été en contact permanent depuis dix jours.

Mais "si la copie finale n’est pas à la hauteur de nos attentes, qu’elle ne consacre pas plus de justice sociale, fiscale et écologique, affaiblit nos services publics (...) alors nous voterons contre ce budget sans état d’âme", a prévenu Pierre Jouvet.

- Examen au Sénat -

Dans le camp du Premier ministre, on se frotte tout de même les mains.

"Ça va apporter énormément aux socialistes dans leurs circonscriptions parce qu'ils ont quand même obtenu des trucs pour la gauche", veut croire un proche de François Bayrou.

Ne pas voter la censure donne "un signal très clair", assure un ministre et évite de laisser le gouvernement "de facto en tête à tête avec le RN".

Reste à savoir si l'examen du budget au Parlement ne fera pas hésiter un peu plus le PS.

En effet, la reprise du projet de loi de finances au Sénat depuis mercredi a fait grincer plus d'une voix à gauche. Le gouvernement, en quête d'économies, multiplie les coupes budgétaires de dernière minute, comme sur le budget des Sports, de la Culture ou sur l'aide publique au développement. Autant de coups de rabot rejetés par les sénateurs socialistes...

Sans compter que le gouvernement envisage, après l'examen au Sénat, de convoquer une commission mixte paritaire réunissant des élus des deux chambres pour forger un texte de compromis. Donc, en omettant la case Assemblée.


Faux Brad Pitt: une enquête pour escroquerie ouverte en France

Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière. (AFP)
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  • A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien
  • Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION: Une enquête a été ouverte sur l'île de La Réunion pour tenter d'identifier les auteurs d'une escroquerie qui a permis de soutirer 830.000 euros à une Française convaincue d'aider financièrement l'acteur américain Brad Pitt, a-t-on appris vendredi de source policière.

A ce stade, aucun suspect n'est identifié et les policiers de la brigade financière, chargée de l'enquête, cherchent à localiser les comptes ayant reçu les virements de cette femme qui a porté plainte à La Réunion, département français de l'océan Indien.

Dans l'émission Sept à huit diffusée dimanche sur la chaîne privée TF1, une femme, prénommée Anne et âgée d'une cinquantaine d'années, a raconté avoir versé 830.000 euros à des escrocs se faisant passer pour la star américaine en lui envoyant de faux selfies, des documents d'identité falsifiés et en recourant à l'intelligence artificielle pour dissiper ses doutes.

Prétextant avoir besoin d'argent pour payer une opération pour un cancer du rein, le faux Brad Pitt a réussi à soutirer cette somme importante à cette femme, qui est aujourd'hui ruinée et a fait trois tentatives de suicide.

Depuis la diffusion de l'émission, elle fait l'objet de railleries de la part d'internautes moquant sa supposée crédulité. Le reportage a depuis été retiré de toutes les plateformes par TF1, après une "vague de harcèlement à l'encontre d'un témoin".

L'affaire est parvenue jusqu'à l'entourage de l'acteur, qui a mis en garde ses fans contre les escrocs utilisant son image.

"C'est terrible que des escrocs profitent de la forte connexion des fans avec des célébrités", a déclaré mardi un porte-parole de l'acteur au média Entertainment Weekly.

De escroqueries jouant sur les sentiments existent depuis le début des courriers électroniques, mais l'arrivée de l'intelligence artificielle a augmenté le risque de vol d'identité, canulars et fraude en ligne, selon les experts.