Quand Facebook et Twitter s'enlisent dans les e-mails de Joe Biden

Le patron de Facebook Mark Zuckerberg a répété à plusieurs reprises que les réseaux ne devaient pas être des « arbitres de la vérité » (Photo, AFP)
Le patron de Facebook Mark Zuckerberg a répété à plusieurs reprises que les réseaux ne devaient pas être des « arbitres de la vérité » (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 15 octobre 2020

Quand Facebook et Twitter s'enlisent dans les e-mails de Joe Biden

  • « Parce qu'elle a partagé la vérité! Ils ont fermé son compte », « Ils essaient de protéger Biden »
  • Le New York Post, l'un des quotidiens les plus lus dans le pays, a de son côté dénoncé la « censure de Facebook pour aider la campagne de Joe Biden »

WASHINGTON : Les Républicains crient à la partialité, un quotidien proteste contre la censure et le patron de Twitter trouve la communication de sa propre plateforme « inacceptable » : la polémique autour d'un article controversé sur Joe Biden souligne la difficile position de Facebook et Twitter à trois semaines de la présidentielle américaine.

« Notre communication sur nos actions concernant l'article du New York Post n'a pas été super. Et bloquer le partage de l'adresse internet de l'article avec zéro contexte expliquant pourquoi: inacceptable », a déclaré Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, mercredi soir.

Le journal conservateur a publié des e-mails qui auraient été récupérés illégalement sur un ordinateur contenant des messages, photos et vidéos personnelles du fils de Joe Biden, Hunter Biden.

Ces messages relancent des accusations lancées contre le candidat démocrate à la Maison Blanche par le camp de Donald Trump, selon qui il aurait aidé le groupe gazier ukrainien Burisma à échapper à des enquêtes pour corruption. Hunter Biden a siégé de 2014 à 2019 au conseil de surveillance de la société. 

Twitter a bloqué le partage de l'article parce qu'il contient des documents qui enfreignent deux de ses règles : ne pas publier de données personnelles (e-mails, numéros de téléphone) et ne pas publier d'éléments piratés.

« Nous ne voulons pas encourager le piratage en autorisant la diffusion de documents obtenus illégalement », a expliqué l'entreprise via son compte dédié à la sécurité, rappelant que discuter de l'article n'était pas interdit, seulement le partage.

Censure

Mais les clarifications sont arrivées après une journée de critiques enflammées contre les réseaux.

« Affreux que Twitter et Facebook aient retiré l'article sur les courriels (...) liés à Joe Biden l'endormi et son fils, Hunter, dans le New York Post », s'est indigné Donald Trump sur son réseau favori.

Le milliardaire républicain a plus tard accusé la plateforme des gazouillis d'avoir bloqué le compte de sa porte-parole, Kayleigh McEnany, pour avoir partagé l'article. 

« Parce qu'elle a partagé la vérité! Ils ont fermé son compte », « Ils essaient de protéger Biden », a clamé le président américain lors d'un rassemblement dans l'Iowa.  

L'un des dirigeants de Facebook, Andy Stone, a mis en doute la véracité des e-mails et annoncé que les informations du quotidien allaient faire l'objet d'une vérification. En attendant les résultats, le groupe californien a décidé de réduire la visibilité de l'article.

Le sénateur républicain Josh Hawley a dénoncé la « partialité » de Facebook et un blocage « semble-t-il sélectif » d'un article sur « un acte potentiellement contraire à l'éthique d'un candidat à la présidence ».

Le New York Post, l'un des quotidiens les plus lus dans le pays, a de son côté dénoncé la « censure de Facebook pour aider la campagne de Joe Biden ».

Arbitrages

« Censurez d'abord, poser les questions après: c'est une attitude scandaleuse pour l'une des plateformes les plus puissantes aux Etats-Unis », poursuit un éditorial du journal, accusant Facebook d'être devenu « une machine de propagande ».

Le patron de Facebook Mark Zuckerberg a répété à plusieurs reprises que les réseaux ne devaient pas être des « arbitres de la vérité », notamment pour justifier son choix de très peu encadrer les propos des personnalités politiques, censé permettre aux utilisateurs de se faire leur propre opinion. 

Mais les plateformes sont accusées de censure par les conservateurs, et se voient reprocher, à gauche, de ne pas suffisamment lutter contre les fausses informations, les incitations à la haine et les tentatives de décourager les électeurs de voter, entre autres.

Après des mois de tensions croissantes, et d'une pandémie propice à la désinformation, elles ont largement durci leurs règles sur la modération des contenus, pour protéger les élections des ingérences et manipulations.

Or l'article du New York Post rappelle l'affaire concernant Hillary Clinton, la candidate démocrate en 2016, dont des e-mails piratés par des hackers russes avaient été diffusés sur internet par des sites anonymes et par WikiLeaks.

Facebook et Twitter ont promis d'être intransigeants vis-à-vis de ces tactiques de type « hack-and-leak », où des entités donnent des informations piratées aux médias et se servent des réseaux pour les propager.

Ukraine

Le New York Post affirme s'être procuré une copie du disque dur d'un ordinateur portable laissé pour réparation par Hunter Biden dans un magasin du Delaware en avril 2019. La copie serait arrivée entre les mains de l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, qui l'aurait ensuite fournie au journal.

L'article et les documents penchent dans le sens des accusations de Donald Trump et de ses partisans. 

Selon eux, Joe Biden, alors vice-président de Barack Obama, avait fait limoger le procureur général ukrainien Viktor Chokine en 2016 pour aider Burisma à échapper à des enquêtes anti-coruption qui auraient éclaboussé son fils.

Sans démentir l'existence de l'ordinateur ou des messages, un porte-parole de Joe Biden, Andrew Bates, a accusé M. Giuliani d'avoir déjà propagé des « théories du complot discréditées ».

Burisma a été au centre du procès historique en destitution visant Donald Trump, accusé d'avoir fait pression sur l'Ukraine pour que Kiev enquête sur Joe Biden et les activités commerciales de Hunter.

Le président américain a été acquitté en février.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.