Israël veut remplir le lac de Tibériade avec de l'eau dessalée

Des gens nagent dans la mer de Galilée (lac de Tibériade), l'une des principales sources d'eau d'Israël, près du nord du kibboutz Ein Gev, le 21 juillet 2021. (Menahem Kahana / AFP
Des gens nagent dans la mer de Galilée (lac de Tibériade), l'une des principales sources d'eau d'Israël, près du nord du kibboutz Ein Gev, le 21 juillet 2021. (Menahem Kahana / AFP
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Publié le Vendredi 15 avril 2022

Israël veut remplir le lac de Tibériade avec de l'eau dessalée

  • Des pluies irrégulières, des chaleurs d'été accablantes et des détournements abusifs des eaux ont surexploité ce lac d'eau douce, situé à 200 mètres sous le niveau de la mer
  • «En l'espace de 15 ans, Israël est passé d'un pays déficitaire en eau à un pays en état d'abondance, ce qui est phénoménal», note David Muhlgay, le PDG de la société Omis Water qui exploite l'usine de désalinisation de Hadera

RAVID, Israël : Champion de la désalinisation, Israël s'attèle à un nouveau défi quasi biblique: pomper ses surplus d'eau de mer dessalée pour remplir le célèbre lac de Tibériade asséché par le changement climatique et sa surexploitation.

Des pluies irrégulières, des chaleurs d'été accablantes et des détournements abusifs des eaux ont surexploité ce lac d'eau douce, situé à 200 mètres sous le niveau de la mer, où Jésus aurait marché sur l'eau et multiplié les pains, et qui a servi pendant des décennies de réservoir à l'État hébreu.

Aujourd'hui, Israël veut inverser la tendance en abreuvant ce lac mythique via un réseau complexe de canalisations, de tunnels et de stations de pompage mis sur pied dans les années 60.

Selon Noam Halfon, chercheur aux services météorologiques israéliens, la température a gagné deux degrés Celsius au cours des deux dernières décennies, avec de surcroît des épisodes de sécheresse entre 2014 et 2018, ce qui a contribué à l'assèchement du lac de Tibériade, appelé aussi mer de Galilée.

«Et certains modèles prédisent que nous allons avoir moins de précipitations en général, une baisse de 10% à 15% à partir de la seconde moitié du XXIe siècle», note M. Halfon.

Le boom démographique accroît par ailleurs la pression sur cet aquifère stratégique. «La population double tous les trente ans. Sans ce projet (de remplir le lac), la situation serait terrible», dit-il.

A travers des collines verdoyantes dans le nord d'Israël, des ouvriers creusent des tranchées pour y enfouir des kilomètres de canalisations qui feront le lien entre de gigantesques usines de désalinisation et le lac.

«Dès que l'eau circulera dans la canalisation, en apportant le surplus d'eau des usines de dessalement dans le centre (du pays), nous pourrons élever le niveau du lac de Tibériade, qui deviendra un réservoir opérationnel», s'extasie Ziv Cohen, ingénieur de la compagnie israélienne des eaux Mekorot qui supervise une partie des travaux.

Ce projet chiffré à un milliard de shekels (290 millions d'euros) permettra d'ici la fin de l'année d'inverser la tendance et de refaire revivre en quelque sorte le réservoir autrefois naturel.

- Contradictions -

Mais pour arriver à ce résultat, l'État hébreu a dû investir massivement ces dernières années dans des technologies de désalinisation, une expertise d'ailleurs mise en avant lorsqu'il est question de normaliser ses relations avec des pays arabes de la région confrontés au même problème d'accès à l'eau potable.

«En l'espace de 15 ans, Israël est passé d'un pays déficitaire en eau à un pays en état d'abondance, ce qui est phénoménal», note David Muhlgay, le PDG de la société Omis Water qui exploite l'usine de désalinisation de Hadera.

Ce mastodonte transforme aujourd'hui 137 millions de mètres cubes d'eau salée en eau potable par an, soit 16% de l'eau potable de l'ensemble du pays, et l'usine peut produire jusqu'à 160 millions de m3 par an, souligne M. Muhlgay.

Mais pour dessaler l'eau de mer, son usine construite sur les rives de la Méditerranée a besoin d'une quantité colossale d'énergie. Et comme la production hydroélectrique et nucléaire d'Israël ne suffit pas à alimenter la demande, le pays compte sur des centrales à charbon et à gaz, comme celles situées à deux pas de son usine de désalinisation.

«A l'heure actuelle, je ne peux pas m'approvisionner en énergie renouvelable», dit-il, conscient des contradictions de l'adaptation à la crise climatique par un dessalement à forte intensité énergétique.

- La paix par l'eau? -

Néanmoins, l'expertise israélienne en matière de désalinisation suscite bien des convoitises et favorise des rapprochements comme la normalisation depuis 2020 des relations avec les Emirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc.

L'usine de David Muhlgay a reçu la visite d'une délégation du Maroc, et la maison-mère de la société qui exploite son usine, IDE, a envoyé son vice-président aux Emirats arabes unis. «Tout le monde est confronté à une pénurie d'eau, alors favoriser l'accès à l'eau peut permettre de résoudre quelques problèmes», dit-il. 

Mais l'innovation israélienne n'a jusqu'ici pas réussi à atténuer le conflit israélo-palestinien qui se joue aussi sur le partage des sources d'eau, insiste Ayman Rabi, directeur exécutif du Palestinian Hydrology Group, une ONG qui traite cette question.

Israël contrôle les principaux aquifères de la Cisjordanie occupée, territoire palestinien situé au pied du Lac de Tibériade.

Conformément aux accords de paix d'Oslo signés dans les années 90, Israël revend l'eau aux Palestiniens, mais la distribution n'a pas suivi le rythme de la croissance démographique.

Pour faire face à cette situation, les Palestiniens ont commencé à planter des cultures moins gourmandes en eau et font des efforts pour récupérer l'eau de pluie.

«Alors, oui, bien sûr, ils (les Israéliens) se présentent comme des exportateurs d'eau, mais je ne pense pas que cela aura un impact sur les Palestiniens», dit-il.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".