NATIONS UNIES, États-Unis : Un document classé «très secret», obtenu par l'écrivain-journaliste français Maurin Picard, révèle que l'Organisation Armée Secrète (OAS), mouvement clandestin opposé à l'indépendance algérienne, avait émis une condamnation à mort du secrétaire général de l'ONU Dag Hammarskjöld, tué en 1961 dans le crash de son avion en Afrique dans des conditions toujours non éclaircies.
Erreur de pilotage? Détournement raté? Avion abattu? Une soixantaine d'années après, le mystère perdure alors qu'un rapport d'enquête final de l'ONU est attendu en septembre et que cette affaire est déjà émaillée de multiples pistes impliquant des espions, des mercenaires et des industriels.
Auteur du livre «Ils ont tué Monsieur H» (2019, éditions Seuil), Maurin Picard a récemment découvert le document de l'OAS, un fac-similé d'une lettre, dans les dossiers de l’ex-secrétaire aux affaires africaines et malgaches à l’Élysée Jacques Foccart, qui sont conservés aux Archives nationales françaises.
La reproduction de la lettre adressée au Suédois Hammarskjöld, dotée d'un «H» bleu cerclé et d’un tampon rouge «très secret», dénonce vertement plusieurs aspects de sa politique menée sur fond de décolonisation générale.
Écrite à Paris, elle indique que le chef de l'ONU de l'époque «est condamné à mort» pour ses agissements par «le comité directeur de l'OAS» après le constat «qu’il est urgent de mettre un terme à son intrusion néfaste» dans les affaires mondiales. «Cette sentence conforme à la justice et l’équité sera exécutée dès que possible», précise la missive datée de fin juillet 1961.
La destruction de l'avion dans lequel a péri Dag Hammarskjöld, à l'âge de 56 ans, avec 15 personnes, est survenue le 18 septembre 1961 dans ce qui était alors la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie), alors qu'il devait négocier un cessez-le-feu au Katanga, riche en minerais.
Cette province avait fait sécession en juillet 1960 après l'indépendance de l'ancien Congo belge. Avec son voyage, le deuxième secrétaire général de l'histoire de l'Organisation des Nations unies essayait aussi de sortir une unité de Casques bleus d'une situation périlleuse.
L'enquête de l'ONU sur les circonstances du crash a été relancée en 2015-2016 après la découverte de nouveaux éléments, les Nations unies décidant de retenir l'hypothèse d'une attaque aérienne. En 2019, les enquêteurs avaient déploré l'absence de collaboration des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Afrique du Sud pour faire la lumière sur cette affaire.